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Claude Wiseler : «On est obligés de regagner la confiance des citoyens»


Claude Wiseler voit la Chambre des députés comme garante du «bon fonctionnement de la démocratie». 

Le président de la Chambre, Claude Wiseler, veut rendre plus audible le lourd travail politique qui attend les députés en 2024. L’élu du CSV appelle ses pairs à se montrer exemplaires, humbles et engagés.

«J’espère que vous avez réussi à vous ressourcer un peu pendant des vacances de Noël méritées. Car, désormais, c’est reparti !», lance sans tarder Claude Wiseler, hier matin, à l’occasion de la réception de nouvel an de la Chambre des députés. Le travail parlementaire reprend après une super-année électorale qui est venue largement rebattre les cartes.

«Les élections communales et législatives ont donné lieu à d’importants changements. L’année 2023 fut celle des promesses. Cette année 2024 doit devenir celle de la mise en œuvre de ce que l’on a promis. Cela ne s’annonce pas simple, mais c’est la conséquence de que l’on a clamé l’année dernière», souligne le nouveau président de la «Maison de la démocratie», venu succéder à la mi-novembre à Fernand Etgen (DP), après un intérim de son collègue de parti Michel Wolter.

Le CSV est donc de retour au gouvernement avec comme partenaire de coalition le DP, seul survivant de la coalition tricolore en place sur la décennie écoulée. Encore avant le scrutin national du 8 octobre dernier, la Chambre s’est vue dotée de plus de pouvoirs.

Perte de confiance

La Constitution révisée renforce, en effet, son rôle de premier pouvoir du pays. Claude Wiseler compte pleinement profiter des nouveaux moyens qui sont désormais entre les mains des 60 députés pour garantir un travail législatif de qualité et assurer un contrôle des actions du nouvel exécutif conservateur-libéral.

Le principal enjeu de cette nouvelle année 2024 se situerait cependant à un autre niveau. Claude Wiseler s’est montré «inquiet», hier, de la perte de confiance que la population place dans les institutions démocratiques. La Chambre est qualifiée de fiable par 55,8 % des citoyens, contre 58 % pour le gouvernement (sources : étude Polindex et Statec).

Alors que la démocratie est «de plus en plus mise sous pression», à travers le monde, mais «aussi autour de chez nous», ces chiffres démontreraient que «tout n’est également pas rose au Luxembourg».

En tant que député et président de la Chambre, Claude Wiseler voit «l’urgence et l’obligation» d’inverser la vapeur. «On est obligés de regagner la confiance des citoyens dans la démocratie et une action politique respectant l’État de droit», souligne-t-il. Pour convaincre, les députés devraient, en premier lieu, «faire preuve d’exemplarité, d’humilité et de compétence».

«Je suis convaincu que la confiance placée dans l’institution qu’est la Chambre constitue la base pour le bon fonctionnement de la démocratie. On se trouve donc dans l’obligation de se mettre dans les meilleures conditions possibles pour être entendus par les citoyens», enchaîne Claude Wiseler.

«Ne pas être un Parlement « Twitter »»

L’avalanche de projets de lois et de débats qui s’annonce – après une législature 2018-2023 ayant déjà battu tous les records – nécessiterait notamment une préparation détaillée de la part des 60 députés, en recourant à la fois aux expertises interne et externe qui sont désormais à leur disposition. Le piège à éviter serait de vouloir trop simplifier les choses, alors que la Chambre sera amenée à «débattre de sujets complexes».

«On ne peut pas se contenter de tout voir en noir et blanc. Je sais que la communication est de nos jours plus pointue, que la tentation est grande de résumer un enjeu complexe en une simple phrase. Mais un Parlement se doit de débattre de toutes les nuances sans cacher la complexité des sujets discutés. Il nous faut dresser une image d’ensemble et avoir à l’œil les conséquences qu’auront nos décisions», développe Claude Wiseler.

Le bon équilibre sera, ainsi, à trouver. Car le président de la Chambre est formel : «Nous ne pouvons pas être un Parlement « Twitter » ou « Facebook », où il faut se limiter à 140 signes ou quelques petites phrases. Toute la complexité doit être débattue et rendue audible. On le doit aux électeurs et au pays.»

Pas encore de date pour le premier grand oral de Frieden

Présent hier matin à la réception de nouvel an de la Chambre, le Premier ministre, Luc Frieden, a confié, à notre demande, qu’il n’avait pas encore décidé du moment pour son premier discours sur l’état de la Nation. «J’ai déjà mené une réflexion, mais je compte encore m’échanger avec les chefs de fraction et de groupe avant de trancher», explique le chef du gouvernement.

Son prédécesseur Xavier Bettel avait choisi ces dernières années de passer son grand oral à la mi-octobre, au moment de la rentrée parlementaire. Auparavant, et pendant de très longues années, la déclaration sur l’état de la Nation a toujours eu lieu au printemps.

Au moins, pour cette première année de règne du nouveau gouvernement conservateur-libéral, il semble peu probable que le Premier ministre opte pour un créneau avant les vacances d’été. Rendez-vous, donc, en octobre prochain?