Le député-maire de Diekirch et président du LSAP, Claude Haagen, estime que le budget de l’État, dont il est le rapporteur, traduit la volonté gouvernementale de moderniser le pays.
Finances publiques, rumeurs de scission au sein du LSAP, traité de libre-échange CETA, cumul des mandats de député et de maire, communales de 2017 et législatives de 2018: Claude Haagen abordent tous les sujets brûlants de l’actualité et du futur proche.
Vous succédez à Henri Kox en tant que rapporteur du budget. Cette nomination a-t-elle une signification particulière pour vous? Comptez-vous donner une orientation socialiste à ce budget 2017?
Claude Haagen : Le budget est le projet de loi le plus important d’une période politique. Je suis fier d’avoir été désigné rapporteur et outre l’honneur que cela représente pour moi, il s’agit également d’une opportunité : pouvoir analyser les tendances politiques, les domaines dans lesquels le capital-argent sera investi, les critiques et les propositions qui peuvent être faites par rapport à ce budget 2017.
D’autre part, si j’estime que chaque rapporteur du budget de l’État doit procéder à un décryptage objectif, il faut être honnête et reconnaître que chaque rapporteur fait des commentaires en fonction de ses propres tendances politiques.
C’est-à-dire?
Pour ma part, je compte analyser ce budget à travers l’aspect de la politique de croissance, qui intervient dans tous les domaines. Il s’agira pour moi de déterminer si cette croissance n’est pas répartie de façon uniforme, mais bien, au contraire, m’assurer que tous les secteurs et que toute la population en bénéficient. Il sera également question de voir comment cette croissance sera associée aux défis démographiques du pays. L’objectif sera, donc, de pouvoir agencer tous les domaines soumis à la croissance, de l’écologie au social, en passant par la troisième révolution industrielle qui va de pair avec la numérisation et qui impactera forcément la société de demain.
Concrètement, comment jugez-vous ce budget 2017?
Je constate que l’objectif du gouvernement est de maintenir des investissements énormes et exceptionnels, en vue de moderniser notre Grand-Duché. Je constate également que, même avec l’impact financier de la réforme fiscale, le Luxembourg maintient son triple A.
Par ailleurs, je constate que les critères européens sont respectés : aussi bien en voyant un solde structurel positif qu’une dette publique qui est largement en dessous des 30 %. Bref, je constate que le gouvernement a atteint les objectifs qu’il s’était fixés.
La principale critique de l’opposition est de pointer du doigt le déficit de près d’un milliard d’euros. Que répondez-vous à cela?
Ce déficit concerne uniquement l’administration centrale et non l’administration publique. En tenant compte des pertes des recettes liées à la TVA sur le commerce électronique, qui atteignent près d’un milliard d’euros et en prenant en compte les mesures d’économies du paquet d’avenir, j’estime que le gouvernement est parvenu à bien gérer les finances publiques. De plus, la réforme fiscale permettra d’augmenter le pouvoir d’achat de la population, un plus indéniable au niveau de la consommation intérieure.
Pour être direct, ce budget constitue-t-il un genre d' »opération séduction » vis-à-vis des électeurs en vue des législatives de 2018, ces derniers ayant été quelque peu refroidis par les mesures d’économies du paquet d’avenir?
Non. Si d’aucuns considèrent la réforme fiscale comme étant un cadeau, pour moi il s’agit d’une adaptation par rapport au niveau de vie des personnes les plus démunies.
Personnellement, je ne vois pas de cadeaux dans ce budget. Les investissements annoncés profiteront à tout le monde et ce budget a été élaboré en fonction d’un prix du pétrole qui est actuellement avantageux. Point. Par ailleurs, le solde structurel positif actuel nous donne une marge de manœuvre, puisque l’on peut descendre jusqu’à -0,5 % du PIB et donc amortir d’éventuels impacts économiques négatifs.
Quelle est maintenant la suite?
Les travaux relatifs au rapport ont débuté ce matin (lire jeudi matin) en commission parlementaire. Au total, il y aura une quinzaine de réunions dans cette même commission des Finances et du Budget. En ma qualité de rapporteur, j’aurai, pour ma part, une trentaine de réunions, dans lesquelles je rencontrerai une multitude d’acteurs, dont des représentants des chambres professionnelles. Le texte sera ensuite envoyé au Conseil d’État qui rendra son avis, tandis que le vote de la loi est prévu pour le mois de décembre.
Entretien réalisé par Claude Damiani
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