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Clash social : Spautz se profile comme allié de l’OGBL


Nora Back, la présidente de l’OGBL, a remercié par Marc Spautz pour avoir trouvé des «mots forts et courageux».

Invité à s’exprimer au congrès de l’OGBL, le chef de file du CSV à la Chambre, Marc Spautz, a annoncé son plein soutien pour défendre les droits syndicaux et le dialogue social. Il maintient ses critiques concernant le fond et la forme de la modernisation du droit du travail, initiée par le gouvernement, dont fait partie son propre parti.

Même Taina Bofferding, la cheffe de file du LSAP à la Chambre, est d’avis que Marc Spautz serait un «meilleur» ministre du Travail que Georges Mischo. L’ancien commissaire européen Nicolas Schmit partage cet avis. Tous les trois ont figuré parmi les orateurs venus lancer, ce vendredi matin, le congrès de l’OGBL.

Nora Back, la présidente de l’OGBL, a remercié le député chrétien-social pour avoir trouvé des «mots forts et courageux». «Je suis un peu étonnée, mais je suis contente que tu sois là. Chapeau pour toutes tes positions et ta ligne claire», a-t-elle ajouté.

600 délégués de l’OGBL réunis à Luxexpo

De telles louanges émises par l’OGBL, mais aussi le LSAP, envers un politicien chrétien-social sont un nouveau moment inédit depuis que le camp syndical est entré en conflit avec le gouvernement, formé par le CSV et le DP. Le bras de fer engagé sur les conventions collectives et les heures de travail dans le commerce avait déjà mené à la constitution d’un front syndical entre l’OGBL et le LCGB.

Ce vendredi, Marc Spautz, a lui-même admis «n’avoir jamais imaginé parler devant un congrès de l’OGBL». L’ancien syndicaliste du LCGB a pourtant reçu de longs applaudissements de la part des quelque 600 délégués réunis dans un hall d’exposition de Luxexpo. «Je sais d’où je viens. En politique, il doit être possible d’améliorer des choses. Mais, je vais continuer à respecter mes principes», a clamé le président de la fraction du CSV

«Je ne suis pas étonné par la réaction des syndicats» 

«Contrairement à beaucoup de personnes, je ne suis pas étonné de la réaction des syndicats après tout ce qui s’est passé ces dernières semaines et ces derniers mois. Même si on n’est pas toujours du même avis, il faut défendre les droits des syndicats et des salariés», souligne d’emblée Marc Spautz. L’élu chrétien social estime qu’il est «normal» que l’OGBL et le LCGB forment un front commun si l’on touche à deux piliers du modèle social – les conventions collectives et la loi sur les délégations du personnel – «sans consulter les syndicats». «La survie des syndicats et du modèle sociale est en jeu», renchérit-il.

Marc Spautz rejoint ici la position du camp syndical, qui fustige la façon d’agir du ministre du Travail, Georges Mischo, pour réformer le cadre légal sur les conventions collectives, sans vraiment impliquer l’OGBL et le LCGB. Le droit exclusif des syndicats à négocier des conventions est fragilisé par la modernisation du cadre légal envisagée par le gouvernement. Certains éléments pourraient être sortis des conventions pour les négocier entre patrons et délégués, sans implication d’un syndicat. Le patronat estime que cela doit notamment concerner les heures de travail.

«Le gouvernement écarte les syndicats»

«Les acquis sociaux des salariés et retraités sont attaqués. Le gouvernement est en train d’écarter les syndicats. Les libertés syndicales sont menacés, tout comme certains droits fondamentaux. Voilà le vent qui souffle sur le Luxembourg et contre lequel on doit se défendre», a martelé Nora Back en tout début de congrès.

Pour Marc Spautz, qui entre les lignes ne manque pas de critiquer son collègue Georges Mischo, il serait désormais temps de «trouver un chemin pour aller de l’avant ensemble». «On reproche aux syndicats d’avoir claqué la porte au Comité permanent du travail et de l’emploi. Par le passé, le patronat en a fait de même. Et même un ministre a déjà quitté la table des négociations», retrace Marc Spautz.

«Je peux comprendre la colère de l’un ou de l’autre. Or, il faut cesser de se faire des reproches mutuelles. Il doit toujours être possible de renouer le dialogue dans l’intérêt des employés et de l’économie», reprend-il.

«Rétablir la confiance»

Le Premier ministre, Luc Frieden, aurait bien l’intention de repartir sur des bases plus saines. «La table ronde sociale à venir ne doit pas forcément mener à un accord. Mais, elle doit permettre de rétablir la confiance qui s’est rompue», avance Marc Spautz.

«Si nous ne réussissons pas à le faire, cela aura des répercussions négatives, non seulement pour les syndicats, mais aussi pour l’économie. C’est pourquoi je crois qu’il sera possible de maintenir notre modèle social, nécessaire pour garantir le bien-être du Luxembourg», termine le ténor du CSV, tout en soulignant que ce fut «un plaisir» d’être reçu par l’OGBL.