Deux jours après la manifestation nationale de samedi ayant mobilisé jusqu’à 25 000 personnes, l’Union des syndicats OGBL-LCGB signale dans une lettre adressée au Premier ministre sa volonté de revenir à la table des négociations. Des conditions concernant l’ordre du jour sont toutefois posées.
«Ils doivent commencer à nous parler et négocier avec nous. C’est le principal message que nous voulions exprimer aujourd’hui (lire samedi). Le modèle social repose sur un dialogue qui est mené d’égal à égal et qui permet de trouver des compromis dans lesquels chacun peut se retrouver. C’est ce qui nous manque depuis 18 mois», lançait, samedi, la présidente de l’OGBL, Nora Back.
Le président du LCGB, Patrick Dury, avait plaidé pour «revenir aux bases du dialogue social» : «On est prêt à négocier sur chaque point et, d’autant que je sache, nous sommes toujours parvenus, dans ce pays, à trouver partout des compromis. Jamais encore un camp n’a tout dicté à l’autre, ni les syndicats, ni le gouvernement, ni le patronat».
Samedi soir, le Premier ministre, Luc Frieden, avait finalement laissé transparaître sa volonté de «négocier des compromis» avec les syndicats et le patronat, en «approfondissant le dialogue social».
Une lettre et des revendications
OGBL et LCGB se disent prêts, ce lundi après-midi, à saisir la main tendue par le chef du gouvernement. Leur accord de principe est cependant lié à certaines conditions que l’Union des syndicats résume dans une lettre envoyée à Luc Frieden, dont Le Quotidien a obtenu une copie.
La première revendication est que «toutes les parties concernées s’accordent sur un retour vers le modèle social tripartite».
La deuxième est de revoir l’ordre du jour de la réunion de concertation, fixée au 9 juillet. OGBL et LCGB ne veulent pas se contenter de discuter de la réforme des pensions – comme le proposait le Premier ministre -, mais souhaitent aussi discuter des autres dossiers qui opposent les syndicats au gouvernement et au patronat : conventions collectives et libéralisation des heures d’ouverture dans le commerce.
Négociation en profondeur sur les pensions
Samedi soir, Luc Frieden avait affirmé vouloir discuter avec les partenaires sociaux de toutes les pistes de réforme mises sur la table. Sa proposition initiale d’augmenter le nombre d’années de cotisation avant de pouvoir partir à la retraite resterait matière à discussion.
OGBL et LCGB veulent désormais un engagement formel et réclament «une négociation à trois sur l’ensemble des pistes contenues dans notre note syndicale commune intitulée Renforcer la pension légale pour tous : Analyses et revendications syndicales quant à la pérennisation du régime général d’assurance pension».
Commerce : priorité aux conventions collectives
En ce qui concerne les heures de travail dans le commerce, l’Union des syndicats revendique que l’extension du travail dominical puisse uniquement être négociée dans le cadre d’une convention collective ou d’un accord interprofessionnel, et non pas être généralisée par une simple loi.
Les syndicats réclament aussi des amendements sur le projet de loi devant ouvrir la voie à la libéralisation des heures d’ouverture. Ils veulent maintenir le cadre existant et limiter les extensions, qui devraient également être négociées dans le cadre d’une convention collective ou d’accords interprofessionnels.
Un veto aux accords d’entreprises individuels
Dans cet ordre d’idées, OGBL et LCGB insistent sur le fait d’obtenir un engagement formel par écrit de la part du gouvernement qui confirme la prérogative exclusive des syndicats à négocier et signer des conventions collectives. En parallèle, les plans qui prévoient d’offrir une plus grande liberté d’action aux délégués du personnel pour négocier des accords d’entreprise sans le concours des syndicats devraient être «abandonnés».
Quelles réponses du gouvernement et du patronat ?
«Suite à la participation de plus de 25 000 personnes à notre manifestation commune du 28 juin 2025 et compte tenu des 125 000 membres représentés par l’Union des syndicats OGBL-LCGB, nous demandons que notre engagement et notre travail quotidien au service des salariés et pensionnés de ce pays soient pris au sérieux et reçoivent le respect qu’ils méritent», concluent les présidents Nora Back et Patrick Dury.
Les revendications du camp syndical vont loin. Laisseront-elles une marge suffisante pour trouver des compromis, à la fois avec le gouvernement et avec le patronat ? On devrait en savoir plus le 9 juillet au plus tard.