Le décès à Poitiers d’une jeune femme victime de la rougeole, confirme, pour les autorités sanitaires, qu’il était nécessaire d’inscrire le vaccin contre cette maladie dans les onze rendus obligatoires pour les enfants dès 2018.
Cinq choses à savoir sur la vaccination en France:
Quels vaccins sont obligatoires?
Seuls trois vaccins infantiles étaient pour l’instant obligatoires en France: contre la diphtérie (depuis 1938), le tétanos (depuis 1940) et la poliomyélite (depuis 1964). On parle du « DTP », qui fait l’objet de trois injections groupées avant l’âge de 18 mois.
Huit autres étaient « recommandés »: rougeole, coqueluche, oreillons, rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque, méningocoque C.
Ce sont ceux-là qui sont rendus obligatoires pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2018 en plus du DTP, soit au total onze vaccins obligatoires.
Les parents qui refusent les vaccins obligatoires pour leur enfant s’exposent en théorie à une peine de 6 mois de prison et 3.750 € d’amende. Mais les condamnations sont rares et la ministre de la Santé a indiqué envisager une clause d’exemption.
Quels vaccins « recommandés »?
A la liste des 11 vaccins qui seront obligatoires à partir de 2018, s’ajoute un vaccin « recommandé » pour toutes les jeunes filles: celui contre le papillomavirus (HPV), virus sexuellement transmissible responsable du cancer du col de l’utérus. Il est recommandé pour toute jeune fille entre 11 et 14 ans.
A noter que le vaccin BCG contre la tuberculose n’est plus obligatoire depuis 2007 et est actuellement « recommandé » pour les enfants « exposés à un risque élevé de tuberculose dans leur entourage ou dans leur environnement ».
Ce sont par exemple les enfants « résidant en Île-de-France, en Guyane ou à Mayotte » (calendrier vaccinal 2017).
Qu’est-ce qu’un vaccin combiné?
Il s’agit de vaccins polyvalents administrés en une seule injection aux enfants qui combinent les trois vaccins obligatoires historiques DTP avec d’autres: coqueluche, bactérie Haemophilus influenzae, hépatite B.
On parle alors de vaccins « tétravalents » qui intègrent quatre vaccinations (DTP+coqueluche), « pentavalents » (5) ou « hexavalents » (6).
Les vaccins combinés ont l’avantage de réduire le nombre d’injections pour les enfants. Mais ils suscitaient les critiques des antivaccins qui cherchaient à ne s’en tenir qu’aux seuls trois vaccins obligatoires historiques. Le passage à 11 vaccins obligatoires éliminera de fait ce problème.
A noter que des difficultés d’approvisionnement touchent depuis des mois voire des années plusieurs combinaisons de vaccins ainsi que le vaccin antituberculeux.
Quelle confiance face aux vaccins?
Les Français montrent un scepticisme grandissant face aux vaccins: d’après une enquête publiée en octobre 2016, seules 69% des personnes interrogées disent faire confiance à la vaccination. C’est le plus bas niveau depuis 2012, année de création du baromètre.
A peine la moitié des sondés (52%) considèrent que les vaccins présentent plus de bénéfices que de risques, selon ce sondage réalisé par Ipsos pour le Leem (association des entreprises pharmaceutiques).
Pourquoi des réticences?
Des mouvements de rejet de la vaccination sont observés dans des pays très différents. Au Pakistan, les campagnes antipoliomyélite sont attaquées par des islamistes au prétexte que les vaccins contiendraient des substances interdites aux musulmans.
Aux États-Unis et en Angleterre, des parents refusent de vacciner leurs enfants, en particulier sur la foi d’une fausse étude publiée en 1998 par la revue médicale The Lancet suggérant un lien entre vaccination ROR (rougeole-oreillons-rubéole) et autisme.
L’étude n’était qu’un « trucage élaboré » et a fait l’objet de démentis officiels et répétés. Mais la défiance perdure.
En France, les sels d’aluminium utilisés depuis les années 1920 dans les vaccins pour déclencher une meilleure réponse immunitaire, sont accusés, en particulier par l’association E3M, de provoquer des maladies chez certains.
La défiance croissante des parents entraîne une baisse de la couverture vaccinale (à savoir le pourcentage des vaccinés dans la population générale) et permet à certaines maladies de réapparaître, comme la rougeole.
Le Quotidien/ AFP