La mini-entreprise de quatre lycéens de Bonnevoie vend des boîtes contenant des bons de réduction pour inviter à découvrir des activités méconnues, à commencer par eux, offertes par le pays.
Les jeunes Luxembourgeois aiment leur pays. À l’instar de Joyce, David, Sandra et Vasco, quatre élèves de la classe de 2e générale commerce-gestion au lycée technique de Bonnevoie, à Luxembourg. Dans le cadre du programme Mini-Entreprises mené chaque année par l’ASBL Jonk Entrepreneuren au Luxembourg, les quatre lycéens ont fondé Meng Regional Këscht (Ma boîte régionale). Le principe : commercialiser cinq boîtes correspondant à chacune des régions du Grand-Duché en y insérant des bons de réduction pour des activités de tourisme et de divertissement ou pour se restaurer.
«On a réalisé qu’au Luxembourg, il y a beaucoup de gens qui ne savent pas quoi faire comme activités, donc on s’est dit pourquoi ne pas faire une petite boîte où on leur montre ce qu’il y a à faire», raconte Joyce, qui, avec ses camarades, pensait notamment aux frontaliers ou aux étrangers de passage. Mais pas seulement. «Même entre nous, les jeunes Luxembourgeois, on se dit qu’il n’y a rien à faire, que c’est ennuyeux», ajoute Sandra. Afin d’y remédier, le quatuor a donc imaginé ces boîtes afin de promouvoir leur pays à travers ses cinq régions : le Nord, le Sud, l’Est, l’Ouest et le Centre.
Guider les frontaliers et les étrangers
Comme tout bon entrepreneur, les lycéens ont été contraints d’ajuster leur projet. Initialement, leur mini-entreprise ne devait pas proposer des boîtes pour le tourisme, mais plutôt des produits d’hygiène luxembourgeois, toujours afin de promouvoir leur pays en proposant des produits locaux. «On voulait faire une boîte avec des produits comme un stick à lèvres, des crèmes, des gommages, mais notre professeur nous a dit que cela serait trop de travail», explique Sandra. Étant en contact avec des élèves étrangers, comme ceux du lycée Vauban, nos entrepreneurs en herbe décident de se tourner vers le tourisme et la culture : «Les étrangers sont nombreux, et comme ils grandissent ici, c’est bien qu’ils connaissent le pays et la culture du Luxembourg.»
Afin de faciliter la découverte du Grand-Duché, le concept de boîtes est conservé. Vendues 15 euros, elles contiennent des bons de réduction offerts par des entreprises ou des lieux démarchés par les mini-entrepreneurs, tels que les musées, piscines, campings, etc., en échange d’une visibilité.
Dans leurs recherches, les adolescents ont été surpris par les richesses d’un territoire qu’ils ignoraient. «On a découvert des choses, des endroits qui sont beaux, qui sont cools. Et pourtant, c’est mis de côté, on n’en parle pas.» Parmi leurs belles découvertes se trouvent le Park Sënnesräich à Lullange, qui emploie des salariés en situation de handicap, le concept Simpleviu, qui propose des nuits dans des endroits insolites, ou encore la Brasserie nationale, non loin de chez David pourtant. «J’ai découvert un camping au Nord et pour l’été j’irais bien avec mes potes là-bas», annonce par exemple Joyce.
«Cela nous responsabilise»
Avant d’imaginer participer à la finale du concours des mini-entreprises en mai, les lycéens doivent encore terminer la boîte du Nord, bien qu’ils aient déjà vendu 49 boîtes à ce jour. Les chiffres de ventes restent secondaires à leurs yeux : «Nous n’avons pas un objectif de ventes, nous voulons juste faire le mieux possible.» Leur investissement est aussi motivé par la note à la clé, puisque le projet leur permet de valider leur année.
Pour certains lycéens, le programme Mini-Entreprise est une option, ce qui n’est pas le cas pour la 2e générale commerce-gestion. «Peut-être que j’aurais été moins stressée si cela avait été vraiment mon choix», confie Sandra. Pour Joyce aussi, l’obligation pèse : «Nous sommes un peu forcés à prendre nos responsabilités, puisque nous pouvons aller au rattrapage à cause de cela.»
Le stress était surtout présent lors des premières semaines : «On a lancé le projet sans savoir si cela allait fonctionner. On faisait les demandes, mais on ne savait pas encore le contenu», se rappelle David. «Maintenant, cela va mieux, on n’a plus de stress et j’aime parler aux entreprises», sourit Sandra.
Après la fin de l’année scolaire, Joyce, David, Sandra et Vasco auront la possibilité de faire perdurer Meng Regional Këscht. «Cela dépend des fournisseurs», «si on travaille toujours avec les mêmes, je ne sais pas si je voudrais continuer» confient David et Joyce. Toujours est-il que l’expérience leur a unanimement plu. Les échanges avec les fournisseurs, les contacts avec la presse, la réflexion : «Cela nous responsabilise et nous fait grandir.» «Quand on s’acharne pour avoir quelque chose, alors on l’a. C’est une certaine éducation», conclut Sandra.
Une finale en Italie au bout
Organisé chaque année au Luxembourg par l’asbl Jonk Entrepreneuren, le programme Mini-Entreprises offre aux élèves âgés de 16 à 19 ans la possibilité d’apprendre à faire passer «une idée d’entreprise du concept à la réalité». À raison d’un créneau de 2 heures par semaine depuis la rentrée scolaire, les lycéens travaillent afin de présenter leur mini-entreprise et son produit devant un jury de professeurs au mois de mai.
Étendu dans tous les établissements du Grand-Duché, le programme dispose d’un concours où les meilleures réalisations sont primées lors d’une présentation au centre commercial Kirchberg, suivie d’un pitch devant un jury au Kinepolis Kirchberg. L’asbl Jonk Entrepreneure étant la branche luxembourgeoise du réseau international Junior Achievement (JA), qui offre des programmes d’éducation entrepreneuriale, les gagnants luxembourgeois iront représenter leur pays lors d’une finale européenne des mini-entrepreneurs organisée par Junior Achievement à Catane, en Italie, du 2 au 4 juin prochains.