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[Cinéma] Peitruss, un bon thriller psychologique signé Max Jacoby


Avec Peitruss, Max Jacoby plonge dans la tête de Lara, tiraillée entre la crainte et l'amour. (Photo : Samsa Film)

Depuis dix ans et la sortie de Dust, les cinéphiles grand-ducaux attentaient le retour à l’écran du travail de Max Jacoby. C’est désormais chose faite. Peitruss, le deuxième long métrage du réalisateur de Butterflies, meilleur court métrage européen à la Mostra de Venise en 2005, arrive en salle aujourd’hui. Un thriller psychologique accrocheur, avec des personnages forts et une image extrêmement travaillée. Une coproduction entre le Luxembourg (80 %) et les Pays-Bas (20 %).

Deux femmes, une urne funéraire. «Ce n’est pas de votre faute», dit, en anglais, la plus jeune à son aînée. «Il a été accusé d’avoir tué cette femme», lui répond cette dernière. Ce à quoi la cadette s’empresse de répondre : «Ce n’était pas lui!» Générique. En moins de deux minutes, Max Jacoby a posé le cadre de son nouveau long métrage.

On ne sait encore rien de précis, même pas le nom des deux femmes, mais déjà on perçoit le thriller à venir : une histoire aussi sombre que le générique et aussi mystérieuse que ce que la musique de David Sinclair laisse immédiatement entendre.

La jeune femme s’appelle Lara (Peri Baumeister – The Last Kingdom). On la retrouve après le générique en compagnie de Joakim (Maarten Heijmans, Emmy Award du meilleur acteur pour son rôle dans Ramses).

Un gars mystérieux et sans attaches

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Leur relation est passionnelle, au lit elle devient même brutale. Joakim est mystérieux, sans attaches. Il vit en tant que chauffeur de taxi en attendant de pouvoir ouvrir son club d’arts martiaux. Lara, elle, travaille pour un orphelinat. Les enfants l’adorent et elle se donne à fond pour eux. D’ailleurs, si dernièrement elle est inquiète, c’est parce qu’une de ses anciennes pensionnaires, Sarah, a disparu.

Une disparition dont s’occupe Toni (Jules Werner), l’ex de Lara, qui a encore des sentiments pour elle et qui a beaucoup de mal à voir arriver un étranger dans sa vie. Le face-à-face entre les deux hommes est donc inévitable. S’il tourne, au départ, en faveur de Joakim, Toni trouve rapidement des raisons suffisantes pour interroger le nouveau petit ami de Lara. D’autant que Sarah a été retrouvée étranglée avec un bout d’ongle arraché. Un modus operandi semblable à celui d’un cas aux Pays-Bas pour lequel Joakim a longtemps été le principal suspect avant d’être relâché faute de preuves suffisantes. Du coup, le flic écrira à son ex «méfie-toi de lui!»

«Filmer le sexe comme on filmerait un combat de boxe»

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À partir de là, c’est une véritable tempête psychologique qui se déroule dans la tête de la jeune femme. Joakim est-il un serial killer? Toni invente-t-il tout ça pour essayer de la reconquérir? Qui ment? Qui croire? De qui doit-elle avoir peur? À tour de rôle on penche plus vers l’un, puis vers l’autre.

Et pour Lara, le choix est encore plus compliqué. Ses sentiments pour Joakim sont sincères et elle tient beaucoup à leurs parties de jambes en l’air où le plaisir semble aller de pair avec une certaine violence et une souffrance maîtrisée.

Des scènes de sexe explicites qui risquent de choquer certains spectateurs, mais à la fois magnifiquement filmées et primordiales pour bien saisir la psychologie des personnages. «C’est une envie de Max de filmer le sexe comme on filmerait un combat de boxe», note le producteur de Samsa Film, Jani Thiltges. «Ça peut déranger, oui, puisqu’on capte quelque chose d’intime, mais bon… pourquoi pas. On ne veut pas choquer mais pas non plus édulcorer cette sexualité brutale.»

Tourné en 35 mm, format fétiche de Max Jacoby, principalement dans le Pfaffenthal, dans des décors pour la plupart sombres, en anglais, allemand et luxembourgeois, Peitruss marche à merveille, sans jamais montrer la moindre image violente. Rien n’est montré, tout est suggéré! Une manière de mettre le spectateur à la place de Lara et ainsi de faire confiance à son ressenti. Une belle réussite!

Pablo Chimienti

Peitruss, de Max Jacoby. Sortie en salle le 23 octobre 2019.