Jeu vidéo le plus vendu de l’histoire, devenu phénomène culturel, Minecraft arrive au cinéma avec ses graphismes à base de cubes, dans une superproduction qui espère convaincre le grand public sans décevoir les fans.
Le long métrage A Minecraft Movie, avec Jack Black, Jason Momoa, Danielle Brooks et Emma Myers, sort aujourd’hui au Luxembourg et vendredi aux États-Unis. Mélange de décors numériques et de prises de vues réelles, le film suit les aventures de quatre personnages propulsés dans cet univers de briques et de blocs. Les éléments familiers des joueurs promettent d’être au rendez-vous, dont Steve (Jack Black), avatar principal du jeu, et les «creepers», ennemis au potentiel explosif. Destinée à tous les publics, cette production aurait coûté 150 millions de dollars, selon la presse américaine. C’est l’une des plus importantes sorties du premier semestre, avant le dernier volet de Mission : Impossible, en mai.
Minecraft, licence d’origine suédoise tombée dans l’escarcelle du géant de l’informatique Microsoft, espère marcher dans les pas de The Super Mario Bros. Movie, sorti il y a deux ans et devenu l’adaptation de jeu vidéo la plus rentable de l’histoire avec 1,3 milliard de dollars engrangés. C’est un enjeu aussi pour le producteur, Warner : il a cultivé le secret autour du film jusqu’à sa sortie, comme c’est désormais souvent le cas avec les grosses productions américaines, contrôlant ainsi la communication, à l’abri des critiques de cinéma.
Plus de 300 millions d’exemplaires de Minecraft ont été écoulés depuis son lancement en 2009
Sur le papier, le long métrage a de quoi séduire : Minecraft, lancé il y a seize ans, est le jeu vidéo le plus vendu de l’histoire avec plus de 300 millions d’exemplaires écoulés, et les silhouettes cubiques de ses personnages sont devenues des incontournables de la pop culture. Preuve que son univers a largement débordé celui des gamers, de nombreux utilisateurs l’ont utilisé pour des projets éducatifs ou d’architecture, pour former des communautés ou combattre la censure.
Restait la conquête du grand écran. Un défi sur lequel de nombreux jeux vidéo se sont déjà cassé les dents. Si, «avec Mario, un jeu très transgénérationnel, le plafond de verre semble avoir sauté pour les jeux vidéo au cinéma, (…) Minecraft n’a pas forcément la même capacité à devenir universel», prévient Éric Marti, directeur chez Comscore, société spécialiste du box-office – d’autant plus que, selon lui, «le marché (des salles de cinéma) est un peu en pause actuellement».
«Certaines adaptations de jeux vidéo au cinéma ont connu de sacrés bides, comme Street Fighter (Steven E. de Souza, 1994) ou Mortal Kombat (Simon McQuoid, 2021)», ajoute Julien Pillot, spécialiste des cultures numériques. «D’autres ont connu un succès commercial à défaut d’avoir un succès d’estime auprès des joueurs.» Mais Minecraft est différent : ni jeu de combat, ni jeu de plateforme, c’est un immense «bac à sable» sans scénario prédéterminé, dans lequel les joueurs peuvent créer leurs objets et leur univers. Le succès du film pourrait donc se jouer «sur sa capacité à raconter une bonne histoire», souligne Julien Pillot, qui compare plutôt l’enjeu à celui qui entourait les films Lego, une marque «très grand public, avec un positionnement graphique affirmé».
La réussite ou l’échec du film sera scruté, alors que ce type d’adaptations est en vogue, de Sonic au film en prises de vue réelles tiré de l’univers du jeu vidéo The Legend of Zelda, dont le géant du jeu vidéo Nintendo vient d’officialiser la sortie en mars 2027. Sans compter les séries comme The Last of Us, avec Pedro Pascal plongé dans un univers postapocalyptique, qui a connu un succès phénoménal et dont la nouvelle saison est attendue à la mi-avril.
A Minecraft Movie,
de Jared Hess.