Un horizon bouché et jaunâtre, une fine couche de pellicule sableuse sur vos véhicules : l’Est de la France, mais aussi le Luxembourg, vont se retrouver, ce mercredi 16 mars, couverts par un épisode de poussière du Sahara. Explications.
Vous allez certainement vivre votre journée sous un filtre sepia aujourd’hui. Mais pas de panique, c’est normal et cela risque de durer jusqu’à demain. Depuis le début de la semaine, une bonne partie de l’Europe, dont la France, se sont confrontés à un phénomène météorologique provenant directement du désert du Sahara : le « sirocco ».
Un phénomène qui va toucher le Luxembourg toute cette journée et qui est capable de transporter les poussières sableuses du désert du Sahara sur des milliers de kilomètres à très haute altitude (entre 3 000 et 4 000 mètres).
Avec des concentrations dépassant 400 à 500 µg/m3 (masse de particule par volume d’air), cet épisode notable n’est pas sans risques pour la santé. On vous explique.
Le « sirocco » provient des tempêtes dans le désert du Sahara, qui créent des rafales de vent à la surface du sol, levant ainsi des particules de sable et de poussière. Les particules les plus petites restent dans l’air à la faveur d’une différence de température entre l’air chaud en hauteur et le sol qui se refroidit, tandis que les plus lourdes retombent.
Le vent emporte ensuite ces particules dans l’air et crée ce ciel jaunâtre-ocre, très brumeux, que la France a connu ce mardi et que le Luxembourg connaitra ce mercredi.
Un impact sur la santé ?
Justement, du côté du Grand-Duché, si quelques particules avaient déjà commencé à colorer le ciel mardi après-midi, une concentration plus élevée se « manifestera surtout ce mercredi au-dessus de nos régions, notamment dans des altitudes plus hautes (> 1 km) selon les modélisations actuelles », explique Luca Mathias, météorologiste à Météolux.
(1/x) Eng gréisser Konzentratioun un Saharastëbs wäert #Lëtzebuerg muer um Mëttwoch erreechen, an dat haaptsächlech a méi héije Couchen vun der Atmosphär. D’Animatioun weist d’Entwécklung vun der Konzentratioun a ronn 3 km Héicht. Source: https://t.co/ov5yjGap1G /LM pic.twitter.com/9exQG73qep
— MeteoLux (@Meteo_Lux) March 15, 2022
D’après les estimations de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), entre 1 milliard et 3 milliards de tonnes de poussières sont rejetées chaque année dans l’atmosphère à l’échelle de la planète. Une grande partie – entre 500 millions et 1 milliard de tonnes – provient du Sahara.
Mais est-ce que ces particules sont dangereuses pour la santé ? «Les études épidémiologiques ont mis en évidence un risque accru de mortalité cardiovasculaire due à des problèmes respiratoires, ainsi que d’asthme chez l’enfant. Mais ce risque a été identifié dans les effets à court terme et il y a un déficit d’études sur les effets à long terme», relève Pierpaolo Mudu, statisticien et spécialiste des questions de pollution de l’air à l’OMS, interrogé par nos confrères du Monde.
Ces phénomènes de brumes sableuses ne sont pas anodins et se comportent comme des pics de pollution atmosphérique. Lors de leur passage, on observe souvent une dégradation de la qualité de l’air. Ces poussières désertiques peuvent donc être nocives pour la santé et provoquer des irritations et des problèmes respiratoires chez les personnes fragiles.
Une étude, parue en novembre 2008 dans la revue Epidemiology, a révélé que ce sable transporté depuis le Sahara cache plusieurs particules néfastes pour la santé : du nitrate, du sulfate, du cadmium, du phosphore, de l’ammonium, du fer, de l’aluminium, du carbone ou encore du sodium.
Ne pas faire de sport en plein air
D’autres études, elles, montrent que ces particules de poussière peuvent entraîner avec elles tout un tas de polluants croisés en chemin. Des pollens, bactéries, virus, ainsi que des composés chimiques potentiellement dangereux comme des métaux lourds ou des pesticides peuvent ainsi être transportés dans ces poussières.
En conséquence, il est plutôt déconseillé de faire du sport en plein air lors de ces épisodes de poussières, notamment dans les grandes villes.
Selon le Centre de prévision de la poussière atmosphérique de Barcelone, qui supervise avec des supercalculateurs la survenue de tempêtes de sable et de poussière en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Europe, le réchauffement climatique pourrait encore augmenter la fréquence et l’intensité de ces phénomènes.
Mais tout n’est pas si noir : ces poussières sont tout de même jugées bénéfiques pour notre planète. Elles sont d’une importance vitale pour les plantes et les océans : les fragments minéraux présents dans le panache de poussière du Sahara sont riches en fer et en phosphore, essentiels aux plantes terrestres et aux phytoplanctons, comme le souligne National Geographic.
N’hésitez pas à nous laisser en commentaire vos photos du sirocco au Luxembourg aujourd’hui, en nous indiquant votre prénom et la ville où a été prise la photo !
Suivez-nous sur Facebook, Twitter et abonnez-vous à notre newsletter quotidienne.
??
Une saloperie, deja hier j’ai nettoyé toute la terrasse + meubles…