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Chris Philipps : « comment j’ai pu en arriver là ? »


L'international luxembourgeois conserve la confiance de l'entraîneur, notamment pour l'amical contre Belfast jeudi soir. Mais en club, c'est compliqué. (Photo : Julien Garroy).

Déçu à un point qu’on n’imagine pas de ne pas avoir trouvé de nouveau club cet été, Chris Philipps, bloqué au Legia Varsovie, se pose des questions sur lui, sur le milieu, sur son entourage… Mais reste optimiste.

L’international luxembourgeois, toujours bloqué en réserve, n’est pas parvenu à se trouver un club cet été. Sa carrière est-elle désormais ouvertement en danger? Avant de décoller pour Belfast, il fait le point.

Comment allez-vous, tant physiquement que mentalement ?
Chris Philipps : Je suis content d’être là, en stage, même s’il ne va finalement pas durer très longtemps. Tout va aller très vite. Physiquement… je vais bien. Au Legia, je m’entraîne avec la réserve, pas avec les pros, mais ma situation, c’est aussi celle de plusieurs autres pros de l’effectif. Après, il y a bien quelques séances avec des oppositions internes, mais je viens de disputer 90 minutes en championnat ces trois dernières semaines. Cela fait du bien.

Donc mentalement…?
Le coach de la réserve m’aide et je l’aide en retour. On s’aide. Après, la plupart des gens ne cherchent pas à me faciliter la vie non plus. En fait, je ne comprends pas ma situation. Comment j’ai pu en arriver là? Cet été, j’espérais vraiment partir. On m’a rapporté que le sélectionneur avait dit en conférence de presse que mes valises étaient prêtes, que je n’attendais plus que le signal pour partir et c’était vraiment ça! Les valises étaient vraiment bouclées. Et rien ne s’est passé. C’est vraiment dur.

Une situation qui affecte la vie privée

Désespérant ?
Je n’étais pas préparé à ça. C’est une nouvelle étape durant laquelle je vais apprendre des choses. Ce que les gens ne savent pas, c’est que des situations comme celles-là affectent vraiment la vie privée. J’ai énormément de respect pour mes proches et pour ma copine, qui elle aussi a un travail et se demande où nous allons partir, et surtout quand. Non, vraiment trop peu de gens connaissent le monde professionnel et se permettent d’émettre des jugements.

Qu’avez-vous appris, ces dernières semaines, voire ces derniers mois, sur le monde professionnel ?
C’est un milieu qui va vraiment à 2 000 à l’heure et quand on rate le train, c’est dur, mais quand il ne passe même pas, c’est très dur. Bon, l’avantage, c’est que comme je suis dans mes six derniers mois de contrat avec le Legia, je n’ai pas besoin de l’accord du club pour pouvoir m’engager ailleurs cet hiver.
Vous aurez quand même une petite pression ces trois prochains mois, non? Ne serait-ce que celle d’avoir à vous montrer avec la sélection, dans les rares fenêtres de tir qui vous seront offertes…
(Il hésite) Est-ce que je suis sous pression? Ah, je sais que ce ne sera pas facile. Ni pour moi ni pour ma famille. La question sera de rester absolument dans la meilleure forme possible, de garder la tête haute et de se dire qu’heureusement, moi, contrairement à certains coéquipiers, je n’aurai pas uniquement les matches des réserves pour me montrer. La chose qui me fait mal, c’est que je n’avais plus envie de perdre de temps et que c’était pour ça que je voulais vraiment partir.

Les supporters du Légia Varsovie (Photo : Editpress).

Les supporters du Légia Varsovie (Photo : Editpress).

Avez-vous peur pour votre carrière ?
Les clubs qui se sont intéressés à moi cet été, se sont montrés dans une certaine reconnaissance de mes qualités sportives. Ces assurances-là, je les ai reçues mais il y avait forcément des doutes émis sur ma condition physique et les raisons qu’on m’a données pour ne pas me prendre n’étaient jamais liées à ma personne. Et plusieurs choses n’ont pas marché au tout dernier moment. Le foot pro, ça marche aux relations et certains joueurs me sont passés devant au tout dernier moment. Alors oui j’ai des inquiétudes, mais je n’ai pas peur pour ma carrière. Disons que c’est une alerte à prendre au sérieux. D’ailleurs, j’ai tout un entourage qui me conseille et il faudra que nous fassions un point parce que je ne suis pas satisfait de ce mercato d’été. Attention, je suis bien conseillé et cela ne veut pas dire que je ne suis pas satisfait, mais je suis à un tournant de ma carrière et il y a certaines choses à mettre au point avant le mercato hivernal.

Voilà qu’arrive la sélection, qui pourrait faire toute la différence si tant est que vous jouiez et qu’en plus vous y soyez bon. Avez-vous eu l’impression d’avoir raté le coche en juin, en vous blessant de nouveau au moment où la sélection affrontait la Lituanie et l’Ukraine ?
Déjà, je suis reconnaissant envers le coach parce que ce n’est pas facile pour lui de me sélectionner dans ces conditions. Effectivement, jouer en juin aurait pu m’aider mais je ne vais pas rester dans les regrets parce qu’il me reste plusieurs matches d’ici à la fin de l’année.

F91 ? J’ai pris plus que les autres

Finalement, plus rien ne va pour vous depuis l’élimination du Legia par le F91, à l’été 2018. Vous aviez déjà fait ce raccourci hautement symbolique, vous qui disiez vouloir absolument éviter une confrontation avec des clubs luxembourgeois au moment des tirages au sort et semblez en ce sens avoir été un peu visionnaire ?
Je ne vais pas dire que je l’avais senti à l’avance, mais je savais que, sportivement, quand vous jouez contre un club de votre pays moins bon, ce sera forcément un scandale si vous ne passez pas. Et pour moi, personnellement, oui, cela a été une très mauvaise chose. Après cette double confrontation, il y a eu énormément de critiques envers moi en interne, dirigées clairement sur ma personne. Est-ce que je méritais ça à un tel point ?

Est-ce que vous avez l’impression qu’il y a eu un raccourci presque trop facile lié à votre nationalité, attendu que c’est un club grand-ducal qui vous a sorti de l’Europa League ?
Bonne question. En tout cas, je sais qu’après ces matches, j’ai été beaucoup plus visé que d’autres qui n’avaient pas été bien meilleurs que moi. Non, je n’ai pas été bon contre le F91. Surtout ici, au stade Josy-Barthel. Mais ça arrive. On n’est pas parfait non plus. Mais j’ai pris plus que d’autres. Et ça fait quand même plus d’un an.

Que voulez-vous dire ? Que vous avez l’impression de payer encore pour ça ?
En début d’année, on m’a expliqué que je ne partais pas en Turquie pour le stage de reprise, parce que le coach ne voulait plus de moi dans le groupe. Puis le coach a rechangé et le nouvel entraîneur, que je connaissais, m’a dit « j’ai besoin de toi dans le groupe, dans le vestiaire, pour la course au titre », et là, c’est la direction qui a dit non. Donc en janvier, c’est le coach qui ne veut pas de moi, mais quelques semaines plus tard… ce sont mes dirigeants. J’ai été victime d’une décision de politique interne. Ce monde, on ne le connaît jamais assez et quand ça te frappe, tu veux faire quoi? C’est un sacré coup. Je n’avais jamais connu une période aussi difficile, pas même quand ça n’allait pas au FC Metz. J’ai beaucoup appris sur les gens et aussi sur ce que vaut une parole donnée. Mais j’ai confiance ! Je vais revenir !

Un club magnifique, avec des fans fabuleux. Mais…

Avez-vous compris, depuis, pourquoi vos dirigeants vous ont écarté de la sorte ? Pour faire des économies ?
Quand tu as façonné une équipe très chère pour atteindre l’Europe et que tu ne l’atteins pas, il faut faire partir des joueurs et moi, vu mon âge (NDLR : il avait alors 24 ans), ils pensaient sûrement me revendre facilement. J’ai posé la question. Je n’ai jamais obtenu de réponse. Mais je sais que ce genre de choses ne peut pas t’arriver en Allemagne ou en France, où j’ai déjà joué. À l’Est, tu es moins protégé.

Que vous restera-t-il de cette expérience au Legia, quand vous vous en serez extirpé ?
C’est un club magnifique, avec des fans fabuleux. Mais pas stable. Et moi, j’ai besoin de stabilité. Là, j’ai quand même connu quatre coaches en 18 mois. Mais c’est la vie. Désormais, je vais préparer le prochain mercato et mettre tous les atouts de mon côté !

Entretien avec Julien Mollereau

Un commentaire

  1. JACQUES DE CAE

    Salut à tous !
    Quand s’arrêtera cette envie luxembourgeoise de s’évader constamment à l’étranger pour cirer la banquette…