En prévision de la tripartite, le gouvernement cherche à dégager des moyens financiers pour permettre, en priorité, aux citoyens de passer l’hiver au chaud. «L’index fait partie de la solution», clame le Premier ministre.
Après les réunions bipartites de mercredi, le Conseil de gouvernement s’est penché hier sur son plan de bataille afin de tacler, avec le patronat et les syndicats, l’inflation galopante. Un facteur décisif sera la marge de manœuvre dont dispose encore l’État pour débloquer de nouvelles aides financières. «L’inflation est dopée par la flambée des prix de l’énergie. Cela a un impact important et imminent sur les citoyens et les entreprises. Nous devons, donc, trouver au plus vite des solutions», souligne le Premier ministre, Xavier Bettel.
Les négociations tripartites vont être fortement influencées par les prévisions d’inflation actualisées du Statec. Il existe trois scénarios – haut, central et bas – qui misent sur une inflation pouvant atteindre, au pire, 6,8 % en 2022 et même 8,5 % en 2023. «Ce sont des chiffres que nous n’avons plus connus depuis 30 ou 40 ans», précise le chef du gouvernement. Pour limiter au mieux la casse, un nouveau paquet d’aides devra être ficelé.
Le mot d’ordre est le suivant : «Il importe de rassurer les gens et de ne laisser personne pour compte. L’intérêt premier du gouvernement est d’assurer le bien-être des citoyens et des entreprises.» Le Premier ministre ajoute que, au vu de la situation actuelle, les mesures à prendre «ne doivent pas servir en premier lieu à maintenir la qualité de vie de tout un chacun, mais bien de s’assurer que les gens pourront passer l’hiver au chaud».
On touche ici à la sauvegarde du pouvoir d’achat en dépit d’une inflation galopante. Pour Michel Reckinger, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises, la tripartite à venir ne doit cependant pas se limiter à une discussion sur ce point précis. «Le pouvoir d’achat n’est définitivement plus la thématique prioritaire. Aujourd’hui, il nous faut assurer que le pays réussira à faire front dans cette guerre énergétique et éviter ainsi que le Luxembourg se transforme en terre brûlée», martèle le patron des patrons.
«Les tranches ne seront pas reportées d’office»
La sécurisation des emplois est bien plus importante qu’une discussion sur l’index, ajoute-t-il. Mais la tripartite devra parler index. Les prévisions du Statec tablent, en effet, sur le déclenchement de trois, quatre, voire cinq tranches indiciaires entre fin 2022 et fin septembre 2023.
Xavier Bettel se dit conscient que le versement de toutes ces tranches ne sera pas supportable pour les entreprises. «Les prochaines tranches ne seront toutefois pas à reporter d’office. Il serait irresponsable, au vu de la flambée des prix, des factures d’énergie qui explosent ou encore des mensualités des prêts qui augmentent, de ne pas exploiter toutes les solutions envisageables», avance le Premier ministre.
Il a fait passer le message suivant à ses collègues ministres : «Si le sentiment gagne les citoyens que, dans cette situation tendue, ni le gouvernement ni les partenaires sociaux ne prennent au sérieux leurs inquiétudes, on commettrait une erreur fatale, sur les plans à la fois politique, social et économique.»
S’il semble pencher vers un versement de l’index en novembre ou décembre prochain, le chef du gouvernement tient toutefois à relativiser les choses. «L’index fait partie de la solution. Mais je ne sais pas si l’ensemble des tranches qui s’annoncent en feront partie. Je ne compte pas spéculer sur le fait de savoir si les index successifs seront, en fin de compte, reportés, annulés, compensés ou versés.»
Ouverture des tractations ce dimanche.
Les facteurs qui font galoper l’inflation
Au Luxembourg, l’inflation est restée stable en août 2022 (6,8 %), mais devrait atteindre un pic avec 8,7 % en janvier 2023. L’inflation annuelle variera, selon les scénarios, entre 6,4 % et 6,8 % en 2022, et entre 4,4 % et 8,5v% en 2023. En juin encore, les prévisions étaient de +5,8 % pour 2022 et +2,8 % en 2023.
Le Statec explique que «la montée des incertitudes autour de l’approvisionnement de gaz en Europe se transmet au prix de l’électricité et, plus généralement, aux prix d’un large éventail de biens et services».
GAZ Le prix par mégawattheure est passé de 45 euros en janvier à 240 euros fin août. La moyenne pointera toujours à 210 euros en 2023.
ÉLECTRICITÉ Le prix par mégawattheure est passé de 85 euros en janvier à plus de 660 euros fin août. La moyenne prévue pour 2023 tourne autour des 350 euros, au mieux.
BIENS En août, le Statec faisait état d’une hausse de 8,3 % des prix de l’alimentation par rapport au mois d’août 2021. Toujours en août, le fromage a coûté 2,3 % de plus qu’en juillet. La viande pointait à +0,6 %, les fruits à +2,7 % et les graisses et huiles à +2,9 %, sans oublier la bière, qui a connu une hausse de son prix de 3,1 %.