Le Dr Martial Ledecq, chirurgien de guerre, revient d’une troisième mission en Ukraine pour MSF. Il témoigne.
Le Dr Martial Ledecq, chirurgien de guerre à temps plein pour Médecins sans frontières depuis près d’une quinzaine d’années, est revenu en mars dernier d’une troisième mission en Ukraine en l’espace d’un peu plus d’un an. Des missions relativement «atypiques», comme il les décrit, lui qui est habitué à travailler en zone de guerre. «Dans le conflit russo-ukrainien, les deux parties sont des États lourdement armés, avec un gouvernement fort, qui disposent de structures bien organisées dans tous les domaines, y compris celui de la santé. Cela change notre travail : ici, il n’a jamais été question de se substituer à des services défaillants, mais au contraire de travailler en étroite collaboration avec les autorités ukrainiennes», explique-t-il.
Contrairement à une mission au Sud-Soudan par exemple, au cours de laquelle un hôpital avait dû être monté sous une tente, en Ukraine, dans les grands centres urbains du moins, «on peut trouver des gens très compétents et des salles d’opération qui n’ont rien à envier aux nôtres. Il y a aussi des possibilités de référence, ce qui est un énorme avantage : par exemple, un blessé avec une fracture ouverte de la jambe due à une explosion doit rester trois mois à l’hôpital. Si vous en avez dix, ce sont dix lits en moins pendant plusieurs mois. Là, on peut référer le patient vers un autre centre de soin».
Mais dans la région Est, à proximité du front, de nombreux centres de santé ont été détruits. «Quatre-vingt-cinq dans la seule région de Kherson!», indique le Dr Ledecq. Entre ces destructions et le fait que dans cette zone, les hôpitaux sont le plus souvent petits, surchargés et mal outillés, il a d’abord fallu évacuer des milliers de blessés vers les hôpitaux situés à l’ouest du pays et implémenter des «plans catastrophe» pour leur permettre de faire face à l’afflux de patients.
Des civils blessés physiquement et psychologiquement
Lors de ses deux dernières missions, le Dr Martial Ledecq était basé à l’hôpital de Kostiantynivka, situé au nord de Donetsk et à 15 km à l’ouest de Bakhmout, où se déroulent des combats acharnés depuis plusieurs mois maintenant. «On a équipé aux normes européennes une salle d’urgence, avec une salle de soins intensifs et une salle d’opération attenante», fait-il savoir. Étonnamment, si près du front, l’hôpital ne reçoit «a priori» que des civils, de tout âge, blessés par des explosions ou des malades chroniques. «Beaucoup de civils sont partis et parmi ceux qui restent, il y a beaucoup de personnes âgées, qui ne savent pas où aller, n’ont pas les moyens de partir, ou attendent d’être libérés par les Russes pour certaines. Les dégâts psychologiques sont aussi absolument énormes», témoigne-t-il.
Les militaires, eux, «ont un circuit de soins différent», explique le chirurgien. «Un général ukrainien, visiblement impressionné par l’hôpital de Kostiantynivka, nous a dit qu’il ne nous enverrait pas de soldats, car il « sait qu’il y a des médecins pro-russes » ! Et puis, le nombre et le type de blessés restent un secret d’État. Nous avons été amenés à en soigner quelques-uns malgré tout, qui n’avaient pas pu suivre le circuit habituel tant c’était une boucherie…»
Sécurité assurée
Martial Ledecq a effectué environ 70 missions pour MSF dans des zones de conflit telles que l’Afghanistan, Haïti, l’Irak, la Libye, le Soudan, la Syrie, le Yémen… Des régions dangereuses. Pourtant, il assure ne pas craindre pour sa vie. «Je n’y pense pas. Quand on est occupés à organiser les soins, on n’a pas le temps d’y penser.»
Et puis, il y a tout de même certaines mesures de précaution qui sont prises pour limiter au maximum les risques et assurer la sécurité des humanitaires, internationaux et locaux, explique-t-il : «Il faut collecter les informations, avoir un réseau qui soit le plus large possible – et pour cela entrer en contact avec toutes les factions impliquées dans le conflit –, et être impartial, neutre et indépendant. Je pense aussi que paradoxalement notre sécurité repose sur le fait que nous sommes vulnérables : nous n’avons pas d’armes, pas d’escortes armées. Ce que nous faisons doit aussi faire sens pour les populations concernées. Enfin, nous avons à nos côtés des experts capables de sentir le danger, des anciens militaires par exemple, qui arrivent à comprendre la situation sur le terrain».
Rien qui l’empêche d’aller sur le terrain donc, pas même le découragement face à des situations qui se répètent, comme au Tigré, qui fut sa première grande mission pour MSF en 1985. «On doit agir chacun à son niveau. Rester à la maison et ne rien faire n’est pas la solution. Et MSF n’a pas vocation à apporter la paix, mais à soulager les souffrances.»
Spécificités de la chirurgie de guerre
Le Dr Martial Ledecq est à l’origine spécialisé en chirurgie vasculaire et thoracique, mais a acquis une formation et une grande expérience en chirurgie de guerre, dans laquelle «il y a deux types de lésions : les lésions balistiques (par balles) et celles par explosion. Toutes les deux ont des caractéristiques uniques, qui diffèrent des blessures du quotidien, comme les plaies dues à un couteau ou à un accident de voiture. Dans les conflits entre États, 70 % des blessés le sont par explosion, tandis que dans un conflit entre groupes ethniques ou entre gangs, la majorité des blessures sont des lésions balistiques», précise-t-il.
Le pire, dans cette guerre, c’est que l’OTAN, c’est à dire les USA envoient des jeunes ukrainiens se faire massacrer pour conforter l’hégémonie amérciiane sur le monde.
Comme les USA ont peur des chinois, ils se sont rabattus sur la Russie, qu’ils pensaient -à tort- être plus facile à abattre.
De jeunes hommes perdent la vie pour un vieux président un peu sénile.