Personne ne veut encore évoquer un remaniement ministériel, mais la situation actuelle ne sera pas tenable bien longtemps. Les Verts, frappés de plein fouet, sont K-O debout.
S’il est un parti dans cette coalition visé par le mauvais œil c’est bien celui des écolos. Un an à peine après la perte tragique du secrétaire d’État Camille Gira, c’est Félix Braz, vice-Premier ministre et ministre de la Justice, qui se bat sur son lit d’hôpital, tentant de retrouver toutes ses capacités qu’un arrêt cardiaque a immanquablement endommagées.
Le ministre de 53 ans doit encore passer des examens médicaux avant qu’un diagnostic définitif ne puisse être établi. «Nous vous informerons dès que nous en saurons plus sur son état», indique sobrement le Premier ministre, Xavier Bettel. Il n’est pas encore question d’un remaniement ministériel. Les Verts doivent d’abord se remettre des chocs qu’ils encaissent à la chaîne. Deux membres du gouvernement frappés au cœur c’est dur, mais deux membres du même parti c’est un véritable cauchemar. «J’ai l’impression d’être dans un mauvais film», nous souffle François Bausch qui n’en revient pas de la malchance qui s’abat sur son parti. «Actuellement nous ne sommes pas épargnés», admet-il dans un sourire triste. Il avoue que les prochaines semaines seront très compliquées. «Nous sommes dans une période transitoire et nous ne savons pas comment cela va évoluer», reconnaît le ministre. Pour Sam Tanson, la situation ne sera pas gérable bien longtemps tant il est difficile de travailler quand on se retrouve temporairement aux affaires.
Celle qui a repris le ministère de la Justice en plus de la Culture et du Logement qu’elle détenait déjà, ne tiendra pas bien longtemps avec ces trois gros portefeuilles. Officiellement personne ne veut anticiper. «La tâche première c’est de relever le moral de nos troupes», rappelle François Bausch. Dans les coulisses pourtant, cela s’active car le temporaire ne peut pas durer et une décision devra intervenir dans les semaines à venir. «Nous ne pouvons pas continuer comme ça pendant des mois», observe le ministre de la Mobilité.
Traversini était pressenti au Logement
Quand François Bausch constatait amèrement que son parti n’était pas à la fête actuellement, il pensait aussi à l’affaire Roberto Traversini à Differdange. Accusé par l’opposition communale d’avoir réalisé des travaux sans autorisation préalable dans une zone protégée où il possède une maison, le député-maire du Sud met dans l’embarras tout son parti.
Roberto Traversini était fortement pressenti pour succéder à Sam Tanson au ministère du Logement au cas où cette dernière était appelée à s’établir plus durablement à la Justice. C’est dire si cette affaire differdangeoise fait désordre au sein de la coalition. Les Verts minimisent et jugent complètement «exagéré» et «démesuré» de réclamer la tête de Roberto Traversini pour «une petite erreur», comme ils qualifient les actes du député-maire.
Cela n’a en rien entamé la solidité de la coalition. D’ailleurs, selon nos informations, Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale, a fortement regretté que son frère François se joigne à la vindicte amorcée par déi Lénk. Il a déclaré devant ses pairs être très mécontent de la tournure que prend ce dossier, rejoignant ainsi la position des Verts.
Cela étant dit, au DP, ils ne peuvent pas s’empêcher d’enfoncer le clou. Quand les Verts estiment l’air de rien qu’il ne s’agit pas de gros travaux, juste «de petits trucs au niveau du jardin», les Bleus, eux, élèvent considérablement le degré de gravité. Ils voient déjà venir les agriculteurs à qui le ministère a refusé une autorisation de construire un abri à vaches dans une zone verte alors que Carole Dieschbourg a accordé une autorisation dont tout le monde ignore à quel moment elle a été sollicitée.
Selon l’opposition communale, les travaux ont déjà commencé avant même d’obtenir une autorisation. «C’est très grave», admet un libéral du gouvernement qui se demande si la ministre de l’Environnement a fait une faveur à l’un des siens. Au DP, on ironise sur la candidature de Roberto Traversini au poste de ministre du Logement. C’est mal emmanché. Un bourgmestre ne peut pas plaider l’ignorance de la loi dans un tel dossier si bien que les Bleus attendent avec impatience le prochain conseil communal de Differdange le 18 septembre pour savoir comment l’intéressé va se sortir d’une telle situation.
Personne ne s’attend à ce que Roberto Traversini démissionne de son poste de député. Mais cette affaire pourrait lui coûter son poste de bourgmestre. Et anéantir ses chances d’entrer au gouvernement en cas de remaniement ministériel.
Geneviève Montaigu