Les bots, ces assistants conversationnels, font la une depuis l’apparition de ChatGPT dont raffoleraient les élèves et étudiants. Entre méthode didactique et triche.
Plus besoin de lui faire de la publicité, elle envahit déjà tous les canaux. Rien n’empêche d’en rajouter une couche. Voilà servie une nouvelle tranche de ChatGPT, présentée sous forme de question parlementaire à laquelle le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch vient de répondre.
L’intelligence artificielle (IA), qui partage nos vies, fait donc aussi partie du quotidien des élèves dès le début de leur scolarité. Le chatbot à la mode (dialogueur ou agent conversationnel) est vite devenu le meilleur copain qui fait les devoirs pour les autres, pas forcément le meilleur élève.
La députée Francine Closener (LSAP) s’inquiète de cette IA complètement bluffante, capable d’imiter les humains qui l’ont conçue. Elle rédige des lettres, des exposés et répond docilement aux questions qu’on lui pose en piochant dans sa banque de données. Élèves et étudiants ont appris à manipuler ce précieux outil librement accessible, mais comment évaluer, dès lors, leur production ? Faut-il considérer les réponses aux devoirs fournis par ChatGPT comme du plagiat ? Le ministre a-t-il informé et diffusé des recommandations auprès des milieux enseignants pour l’utilisation de ce dialogueur ?
Le début du phénomène
Pour Claude Meisch, le ministre de l’Éducation nationale, nous ne sommes qu’au début du phénomène. «Le programme ChatGPT est disponible depuis près de deux mois et les premières applications montrent, effectivement, qu’il s’agit d’une technologie qui nous affectera dans de nombreux domaines et entraînera des changements aussi inédits que le smartphone et les médias sociaux avant lui», exprime le ministre dans sa réponse.
Il s’agit d’une «technologie encore très jeune» qui se nourrit «de milliards de nouvelles données» que lui fournissent les utilisateurs à travers le monde, vu le «battage médiatique» qu’a suscité le lancement de l’application. «Cela conduit à une amélioration constante du logiciel», souligne le ministre.
Les chatbots peuvent être utilisés pour améliorer les processus d’apprentissage, conçoit le ministre, mais comme toute intelligence artificielle, ils peuvent raconter n’importe quoi quand ils sont alimentés par des informations erronées.
Des IA pour détecter les IA
«L’école a pour tâche de rendre les jeunes forts pour ce monde où le progrès technologique ne s’arrêtera pas, un monde dans lequel nous ne savons plus si les textes que nous lisons ont été écrits par des humains ou des bots», prévient Claude Meisch. Des cours seront dispensés pour aider les élèves à s’y reconnaître, comme les sciences du numérique, où le thème de l’IA est traité. Plus largement, ce sujet sera abordé dans toutes les matières, puisque l’IA s’infiltre partout.
Quant à savoir de quelle manière évaluer un devoir réalisé avec l’aide d’une intelligence artificielle, c’est difficile à dire. Ces chatbots sont un outil didactique qui, malheureusement, peuvent être utilisés pour tricher. Le ministre reconnaît qu’il s’agit là d’un nouveau défi en ce qui concerne le contrôle des performances de l’élève.
«Actuellement, il existe déjà des programmes, appelés détecteurs de contenu IA, qui deviendront encore plus efficaces à l’avenir», ajoute Claude Meisch, en précisant que des logiciels antiplagiat sont déjà utilisés dans les universités. Dans les salles d’examen, il faudra surveiller les éventuelles utilisations de ce type d’application, comme furent traqués à l’époque les petits papiers qui servaient de pompes. Aujourd’hui, il suffit de regarder sa montre pour avoir accès aux autoroutes de l’information.
Assimilé à une fraude
En attendant, l’université du Luxembourg modifie ses procédures internes pour qualifier de fraude l’utilisation de tout contenu créé ou modifié par un chatbot sans qu’il soit mentionné ou cité comme source. De plus, l’université prépare un document d’information pour les enseignants et les étudiants sur l’utilisation acceptable des chatbots dans l’apprentissage et l’enseignement.
Chacun peut se faire une idée des performances que l’application dernier cri est capable de fournir. Récemment, un expert reconnu de Pierre-Ernest Ier, comte de Mansfeld, a interrogé cet agent conversationnel au sujet de ce gouverneur du Luxembourg qui régna au XVIe siècle pendant près de soixante ans et au sujet du château Renaissance qu’il érigea à Clausen. «Le château a été construit au XIVe siècle et a été restauré au XIXe siècle pour devenir le siège du gouvernement luxembourgeois. Aujourd’hui, le château est ouvert au public pour des visites guidées et des expositions», explique l’intelligence artificielle. Malheureusement non, tel n’est pas le cas, et l’expert mansfeldien recommande vivement de ne pas répéter ces âneries.