Alors que l’Union européenne peine à s’accorder sur un objectif concret de réduction des gaz à effet de serre, le Grand-Duché prévoit de lancer officiellement son initiative Rio Changemakers à Belém.
Le 18 septembre dernier, la réunion extraordinaire du Conseil Environnement de l’Union européenne a mis en évidence de profondes divergences entre États membres sur les ambitions climatiques de l’UE. Les ministres de l’Environnement n’ont en effet pas pu s’accorder sur un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 90 % à l’horizon 2040, ni finaliser la Contribution déterminée au niveau national (CDN) de l’UE pour 2035 dans le cadre de l’Accord de Paris. Seule une déclaration d’intention concernant la réduction des émissions pour 2035, approuvant une fourchette indicative comprise entre 66,25 % et 72,5 %, a pu être adoptée, bien qu’elle doive encore être précisée.
Ces désaccords ont particulièrement irrité le ministre de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, Serge Wilmes, qui a fustigé «une perte de temps et de crédibilité monumentale». Pour lui, le report de ces «décisions cruciales» ne peut que décevoir les citoyens, nuire aux entreprises européennes et faire perdre à l’UE la confiance que lui accordent ses partenaires. Un constat partagé par les députées écologistes Sam Tanson et Joëlle Welfring qui ont souhaité savoir, via une question parlementaire, quelles démarches diplomatiques et initiatives le Luxembourg compte prendre dans les semaines à venir. Le but étant d’obtenir un «résultat ambitieux» à ce sujet lors du prochain Conseil européen mais aussi de renforcer la position de l’Union européenne lors de la COP30.
Des alliances à construire
Dans sa réponse, Serge Wilmes a rappelé qu’il a réitéré l’attachement du Grand-Duché à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 90 % d’ici 2040. «Le sujet a également été abordé dans des échanges bilatéraux de Monsieur le Premier ministre avec plusieurs de ses homologues.» Le ministre affirme lui aussi être en contact régulier avec ses homologues, notamment ceux qui soutiennent cette initiative comme la Suède, l’Espagne, les Pays-Bas, la Slovénie ou l’Estonie, mais également avec la Commission européenne pour faire valider cet objectif dans la loi européenne sur le climat. Le ministère est «en contact direct avec la présidence danoise du Conseil de l’Union européenne et avec le commissaire chargé du Climat pour suivre l’évolution du dossier», ajoute Serge Wilmes.
Lors du Conseil européen, ce jeudi 23 octobre, Luc Frieden veillera à faire valoir la position du Luxembourg afin d’aider l’économie européenne à réussir sa transition verte pour rester compétitive. «Dans ce contexte, il cherchera bien évidemment à construire des alliances avec les États membres partageant des approches similaires», indique Serge Wilmes. En parallèle, le Grand-Duché prépare un nouveau programme d’investissement 2026-2030 pour le financement climatique international. Celui-ci verra une augmentation de 45 % de ses moyens par rapport à l’enveloppe actuelle.
Financer des projets à «l’impact réel»
Mais la COP30, qui attend les dirigeants du monde entier à Belém du 10 au 21 novembre, permettra elle aussi au pays de faire entendre sa voix. «Le Luxembourg est en train d’analyser bon nombre d’initiatives mises en avant dans le cadre de la COP30», explique Serge Wilmes, qui compte lancer officiellement sa propre initiative pour l’occasion : Rio Changemakers.
Annoncée plus tôt dans le mois au congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature d’Abou Dhabi, celle-ci vise à connecter idées, fonds et investisseurs afin de faciliter le financement et la mise en œuvre de projets ayant «un impact réel sur les communautés et la planète». Cette initiative «novatrice» regroupe déjà une trentaine d’acteurs du milieu financier, de gouvernements nationaux, de la société civile, d’organisations internationales et d’initiatives locales. Avec l’ambition de se réunir pour aider à changer la trajectoire alarmante que prend la planète.