Deux maillots de champion pour une seule et même course, c’est plus qu’il n’en faut. Il faudra garder en tête que si deux hommes sont sacrés, un seul passera la ligne en tête…
Pas besoin de se gratter longuement la tête. La version est régie selon des règles nettes et précises qu’on ne peut feindre d’ignorer. Même si par esprit rebelle, oui, on l’avoue, on se plaît dans un simple moment d’égarement vite réprimé, à le remettre en cause. Deux titres dans une même course? C’est dur à suivre…
Bon, cela fait des années qu’on s’y fait. Et on s’y fera encore cette fois-ci. Et sans doute les années qui suivront. Car comment imaginer une course espoirs avec cinq ou six partants. Après, évidemment, tout peut se discuter, tout se discute.
Et puis on le sait, cela s’est toujours vérifié les dernières années, sans espoir, pas de départ tonitruant, puisque ce sont toujours eux qui sont montés sur leurs grands chevaux pour donner la première salve de batailles quelquefois épiques.
Comme ici même à Kayl, où on se souvient en 2012, oui, déjà six ans, des envolées sans suite de Pit Schlechter ou Lex Reichling, à chaque fois rattrapés par le revers des bretelles.
Depuis le succès de l’espoir Jempy Drucker sur ce même circuit de Kayl (2006) devant un certain Gusty Bausch, ça ne nous rajeunit pas, ce n’est plus arrivé.
À l’époque, Jempy Drucker ne se produisait que rarement sur le sol luxembourgeois et son succès au sprint devant Gusty Bausch avait un peu gâché la fête de ce premier, même si là encore, deux maillots étaient décernés.
Jeunes loups affamés
Alors au-delà de toutes les élucubrations d’usage, la question est toute bête. Felix Schreiber qui s’est révélé comme le plus fort tout au long de la saison, avec Vincent Dias Dos Santos, va-t-il, comme à Hesperange, pas plus tard que dimanche dernier, l’emporter devant tous?
«C’est ce que je veux, c’est mon objectif numéro un. Si je vois que c’est impossible, alors je viserai le titre espoirs», a-t-il la franchise, le courage et l’honnêteté de concéder.
Seulement voilà, à y regarder de plus près et sans faire injure aux grandes qualités du jeune homme de Bettborn (18 ans) et sans doute le plus grand talent depuis Jempy Drucker, il n’est pas impossible qu’il reparte bredouille, ce qu’on ne lui souhaite évidemment pas.
Car un certain Misch Leyder, même âge, partage les mêmes ambitions. Il aurait très bien pu l’emporter à Hesperange où il revenait à la compétition après un long break (il s’était arrêté sur une deuxième place derrière Vincent Dias Dos Santos ici même à Kayl pour l’épreuve régionale du 15 octobre) savamment orchestré.
Vu ce qu’on a vu il y a une semaine, il n’est pas impossible de le voir débouler en grand vainqueur tout à l’heure…
De multiples possibilités
Mais ce qui vaut pour Felix Schreiber et Misch Leyder vaut bien sûr pour leurs aînés de la série élite. Tout d’abord pour Lex Reichling, solide coursier, lauréat sans discussion de deux belles épreuves (Préizerdaul et Warken) où, comme ce sera le cas à Kayl, il fallait pouvoir tirer profit de sa puissance.
Pour Scott Thiltges ensuite. Le champion en titre, qui avait su tirer à merveille profit de son statut d’outsider l’an passé, est prêt à recommencer.
Son discours reste similaire à celui-ci où on ne l’avait pas vu venir, car l’intéressé répugne à faire trop de bruit. La peur de déranger sans doute…
Reste le cas de Vincent Dias Dos Santos, jusqu’ici réfractaire au championnat. Il n’est pas trop tard pour changer, nous dit le coureur de 27 ans, le plus régulier de sa catégorie élite cette saison.
Avouons-le, il mérite amplement de briser le sortilège, de trouver la sortie du labyrinthe. Il dit dans ces pages avoir tout entrepris pour réussir et on le croit sur parole.
Il veut prouver à tous, que non, son moral n’est pas aussi friable qu’on le suggère parfois. Il mérite d’être entendu par les dieux, s’ils existent, du cyclo-cross.
Bausch y croit encore
Car il en est un qui a été bien verni jusqu’à présent. À 37 ans, c’est devenu un maniaque de l’ordre établi. C’est évidemment le seul à avoir pris un soin infini à ranger bien en évidence dans son armoire à souvenirs ses cinq titres.
Il reste persuadé que d’autres vont faire grimper la pile. «Ma stratégie sera de ne pas me laisser impressionner par les jeunes. Ils peuvent faire un départ aussi rapide qu’ils veulent, je sais que le temps jouera pour moi (…) J’ai la chance d’avoir une bonne base de données», glissait-il dans un savoureux clin d’œil dans notre édition de vendredi.
Toute la saison, il s’est fait porter pâle. Sa blessure à la selle qui avait nécessité en début de saison hivernale une intervention chirurgicale mit beaucoup de temps pour guérir. Il mit un temps infini à se relancer. Gusty est enfin redevenu Bausch.
Le mythe résiste. Comme toujours avec lui, le championnat a le don de le relancer, pour ranimer la flamme. Comme en 2012 où ici même à Kayl il est revenu du néant en un éclair, il agitera la menace. Et ses plus jeunes adversaires auraient bien tort de ne pas s’en soucier.
C’est aussi pour ça que ce championnat s’annonce passionnant. Et il n’est même pas exclu qu’un Soren Nissen, assez fraîchement naturalisé, ou un Pit Schlechter, amateur de braquage à visage découvert et vice-champion national surprise encore l’an passé, ne s’invitent à la fête.
Au fait, si tu sais qui va gagner…
- L’an passé
1. Scott Thiltges (LG Alzingen) en 1 h 04’16 »;
2. Pit Schlechter (Leopard Pro Cycling) à 12″;
3. Gusty Bausch (Velosfrënn Gusty Bruch) à 16″;
4. Luc Turchi (Team Lotto Kern-Haus) 1er espoir à 26″;
5. Massimo Morabito (Leopard Pro Cycling) à 58″;
6. Felix Keiser (UC Dippach) 2e espoir à 1’16 »;
7. Lex Reichling (VV Tooltime Préizerdaul) à 2’45 »;
8. Pol Weisgerber (LG Bertrange) à 2’55 »;
9. Christian Helmig (FCS Cycling) à 3’10 »;
10. Pit Leyder (Leopard Pro Cycling) 3e espoir à 3’11 ».
Dames :
1. Christine Majerus (Boels-Dolmans) en 43’24 »;
2. Nathalie Lamborelle (LP 07 Schifflange) à 2’42 »;
3. Suzie Godart (CCI Differdange) à 4’10 ».
Juniors :
1. Tristan Parrotta (UC Dippach) en 44’31 »;
2. Nicolas Kess (LC Kayl) à 3″;
3. Félix Schreiber (VV Tooltime Préizerdaul) à 6″;
4. Misch Leyder (VC Diekirch) à 14″;
5. Ken Conter (LC Tétange) à 17″.
Masters :
1. Pol Bentner (Muselbikes ASBL) en 40’06 »;
2. Steve Moog (HIR Schuttrange) à 1’18 »;
3. Michel Kohnen (LC Kayl) à 2’33 ».
Débutants :
1. Jang Leyder (VC Diekirch) en 32’17 »;
2. Loïc Bettendorff (L.I. FSCL) à 1’03 »;
3. Pablo Blatt (VC Schengen) à 1’11 ».
Débutantes :
1. Laetitia Maus (LC Tetange);
2. Lis Nothum (UC Munnerefer).
Denis Bastien