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La criminalité est en baisse au Luxembourg


Les ministres de la Justice, Félix Braz, de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider, et de l'Intérieur, Dan Kersch (de d. à g.), ne se sont pas fait prier pour «remettre en place» le député Léon Gloden et sa fraction du CSV. (Photo : Isabella Finzi)

Députés et ministres ont discuté sécurité et délinquance, jeudi à la Chambre, sur la base d’une interpellation de l’opposition (CSV). L’occasion pour le gouvernement de marteler que la criminalité est en baisse.

L’instigateur du débat, à savoir le député-maire CSV de Grevenmacher, Léon Gloden, avait délibérément décidé de laisser de côté la question du terrorisme, dans l’optique de mettre le gouvernement face à ses responsabilités concernant les problématiques du trafic de drogue, des cambriolages, de la mendicité et des incivilités. Une démarche de pure politique politicienne?

Un débat de près de trois heures au sujet de «la situation sécuritaire au Luxembourg» sans que ne soit évoqué, ni de près ni de loin, la question du terrorisme : l’interpellation du CSV en a étonné plus d’un. À commencer par ministre de la Sécurité intérieure, Étienne Schneider. «Je suis surpris que la question du terrorisme n’entre pas dans le cadre d’un débat sur la sécurité de nos citoyens», a-t-il riposté, après avoir essuyé le feu des critiques du principal parti d’opposition sur des problématiques sécuritaires apparemment soigneusement choisies… car le CSV a le vent en poupe depuis les derniers sondages, qui le consacrent comme étant le grand vainqueur des prochaines élections législatives.

Opération discrédit sur fond de populisme ?

Les premières banderilles lancées par Léon Gloden n’avaient, en effet, rien d’anodin. Le député a joué à la perfection son rôle prédéfini de démagogue improvisé en attaquant le ministre Schneider sur la réforme de la police et le manque de moyens, notamment humains, dont elle dispose. «Je suis surpris que le CSV m’attaque sur ce point, étant donné que mon prédécesseur (NDLR : l’ancien ministre de l’Intérieur CSV Jean-Marie Halsdorf, qui avait la police grand-ducale sous sa tutelle jusqu’en 2013) n’a rien fait dans ce sens. D’ailleurs j’ai hérité d’une administration policière complètement désorganisée à mon arrivée au gouvernement, de sorte qu’il m’était impossible de tout changer d’un jour à l’autre», a rétorqué le ministre Étienne Schneider.

Avant de défendre sa réforme qui, selon ses termes, a permis de rationaliser le réseau des commissariats du pays et d’alléger l’appareil policier tout entier. «Cette réforme nous permettra d’augmenter massivement le nombre de patrouilles pour assurer la sécurité de nos citoyens», a-t-il déclaré, avant de rappeler que les forces de l’ordre seront équipées de nouveaux pistolets semi-automatiques, bien plus maniables que leurs revolvers actuels.

Loin de s’arrêter en si bon chemin, le ministre s’est attaché à mettre en pièces l’argumentaire accusatoire du député Gloden, point par point. Le trafic de drogue qui gangrène le quartier Gare? «Nous avons effectué de nombreuses razzias antidrogue dans des bars, dans la rue, dans les trains, sur les autoroutes, dans des écoles, et avons également annulé plusieurs autorisations de commerce. De plus, nous avons rouvert le centre d’intervention de la rue Glesener.» Les cambriolages? «Nous devons souvent faire face à des bandes organisées venues de l’étranger qui savent disparaître très rapidement; cela étant, le nombre des cambriolages est en baisse.» La mendicité? «Je suis contre la volonté du CSV de vouloir légiférer pour permettre des expulsions immédiates de mendiants, car cela ne servirait à rien : une fois déplacé (de force), le même mendiant sera retrouvé deux rues plus loin.» Le manque de présence policière? «Il est certain que nous ne pouvons envoyer un policier dans chaque train ou bus du pays!»

Mis sur le gril, le ministre de la Sécurité intérieure a eu, en clair, réponse à tout. Et si un sentiment d’insécurité général devait effectivement être ressenti par la population, il serait uniquement dû, selon lui, à la transparence dont fait preuve le gouvernement, en communiquant aux médias ce que ces derniers nomment communément «faits divers».

Le taux de criminalité a baissé en 2016

Quoi qu’il en soit, le ministre a également rappelé au député CSV que le taux de criminalité avait baissé, en passant de 4 650 à 3 865 infractions, entre 2015 et 2016. «Regardons objectivement les chiffres et prenons en compte le fait que la population augmente constamment. La tendance globale de la criminalité au Luxembourg est donc en baisse», a-t-il encore déclaré.

De son côté, le ministre de la Justice, Félix Braz, s’est essentiellement concentré sur le phénomène de la mendicité, en appelant le député Léon Gloden à distinguer les différentes formes qu’elle peut prendre et, le cas échéant, les infractions qu’elles constituent : la mendicité simple qui n’est pas condamnable, mais aussi les troubles à l’ordre public, la mendicité en réunion et la traite des êtres humains qui constituent, pour leur part, des infractions. Par ailleurs, le ministre a évoqué un projet de loi sur la mise en danger de la vie d’autrui, qu’il déposera prochainement à la Chambre. Enfin, le ministre de l’Intérieur, Dan Kersch, s’est, quant à lui, focalisé sur l’idée de conférer aux agents municipaux certains pouvoirs supplémentaires, en vue d’assister, et non de remplacer, les policiers face aux incivilités de type insulte, crachat, course de voitures sur des parkings…«Des concertations avec le Syvicol et le syndicat des agents municipaux ont déjà eu lieu. Je n’exclus aucune idée», a-t-il conclu.

Claude Damiani