Le jeune Portugais a commis son forfait au nez et à la barbe des policiers, qui ne se sont rendu compte de rien. Une fois le tampon en poche, le courage lui a fait défaut pour le rendre.
Deux très jeunes hommes se sont récemment retrouvés face à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg pour de menus larcins : Barbar a pris le fond de caisse d’un restaurant et Fabio, un tampon encreur appartenant à la police.
«Ce n’était pas intentionnel. Je n’ai pas fait exprès de l’emporter. Je n’ai pas fait attention et après je n’ai pas eu le courage de le rendre», se justifie ce Portugais de 21 ans à l’allure de gamin. Il reconnaît avoir subtilisé l’objet lors d’une audition dans un poste de police de la capitale. «J’ai menti à la police. Je ne l’ai pas trouvé dans la rue.»
Sa logeuse a trouvé l’objet le 20 avril en faisant le ménage dans la chambre qu’il louait à côté d’un café de Walferdange. Elle prévient immédiatement la police locale. Son représentant connaît bien le jeune homme. «Trois jours avant, il avait volé des vêtements et nous avions déjà été appelés pour six ou sept faits de violence à l’encontre du propriétaire du café», explique le policier à la barre. Assis sur le banc des prévenus, Fabio semble amusé par ses faits d’armes et très peu impressionné par les représentants de la justice.
«Pourquoi avoir volé le tampon ? Vous vouliez faire un faux ou vous faire passer pour un policier ? Il s’agit d’un instrument officiel», l’interroge le président. Fabio ne répond pas à la question. «Vous êtes actuellement en détention préventive ? Pourquoi ? Vous avez volé une boîte entière de tampons ou quoi ?», s’amuse le juge. Son avocate explique que son client s’est emporté au guichet du parquet où il récupérait des affaires. «Il voulait récupérer un tampon et cela n’a pas fonctionné ?», commente le magistrat, goguenard.
Pour toute réponse, il obtiendra du jeune homme une histoire farfelue combinant du jardinage et le service militaire qu’il était censé faire au Portugal. «Que faisiez-vous au Luxembourg dans ce cas ?», l’interroge le président. «Vous attendiez que l’armée vienne vous chercher au café en hélicoptère ?» «Je ne vis pas au café, mais dans une annexe derrière», précise le prévenu dans ce jeu du chat et de la souris. S’il est resté au Grand-Duché, c’est, dit-il, par amour.
Le procureur requiert une peine de prison de 3 mois et une amende appropriée. L’avocate de Fabio souligne que son casier judiciaire était néant au moment des faits et plaide en faveur d’une amende et d’un travail d’intérêt général.
Éternel mineur
Barbar est également en détention préventive. Interrogé sur son âge, il répond être né en mai 2006 et donc avoir été mineur au moment des faits qui lui sont reprochés. Le jeune homme d’origine marocaine est accusé d’avoir, lui aussi, sévi à Walferdange. Dans la nuit du 22 au 23 avril 2022, il s’est introduit dans un restaurant en forçant une fenêtre pour y dérober 200 euros laissés dans la caisse. Son ADN a été retrouvé sur les lieux. Barbar ne se souvient plus des faits, mais ne nie pas la possibilité d’en être l’auteur.
«Il était jeune et avait besoin d’argent pour manger», note son avocate. «Parce qu’il est vieux aujourd’hui ?», s’étonne le président. Une expertise réalisée après les faits avait permis d’estimer son âge à 17 ans. Le jeune homme rondouillard à la barbe naissante qui se tient devant le tribunal serait donc bien majeur.
«Il est arrivé au Luxembourg en 2022 en tant que mineur isolé», poursuit son avocate. «Il espérait une meilleure vie que celle que lui offrait son Sahara natal.» Elle prie le tribunal d’accorder un sursis intégral à Barbar et de ne pas le condamner à une amende, étant donné son absence de ressources financières.
Le procureur ne s’est pas laissé émouvoir. Il requiert une peine de 24 mois de prison et une amende appropriée contre celui qu’il a qualifié «de prétendu mineur». «Il restera éternellement mineur», commente le magistrat avant de préciser que Barbar est connu de la justice «sous de multiples alias» et «poursuivi pour une tentative de meurtre commise en France à l’âge de 14 ans».
Les deux jeunes prévenus seront fixés sur leur sort le 1er février.