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CGDIS : «Répondre à nos obligations et garantir une bonne couverture»


Le 112 a traité 276 353 appels en 2023, ce qui représente un téléphone décroché toutes les sept secondes.

Le CGDIS a présenté son rapport annuel d’activité. Malgré un nombre d’interventions stable, la pression se fait ressentir sur les pompiers qui peuvent toutefois compter sur des effectifs renforcés.

Nouvelles casernes, effectif qui se professionnalise, Plan national d’organisation des secours (PNOS)… Au-delà des interventions quotidiennes, les pompiers n’ont pas chômé en 2023 et continuent la mutation entamée depuis la création du CGDIS en 2018.

La preuve avec la présentation, vendredi matin, du traditionnel rapport d’activité par Alain Becker, président du conseil d’administration du CGDIS, et Paul Schroeder, son directeur général. Au total, les pompiers sont sortis de leur caserne plus de 70 000 fois en 2023, en très grande majorité (plus de 57 000) pour du secours à personnes.

Un nombre stable par rapport à 2022 qui comptait un peu plus de 71 000 interventions. «Cela reste élevé, note Paul Schroeder. Il y a de plus en plus d’interventions en parallèle. Quand une ambulance a terminé, elle doit parfois repartir tout de suite. Cela peut être compliqué pour les pompiers volontaires quand ils doivent retourner travailler après leur garde.»

Le 112, de son côté, a traité plus de 276 000 appels (27 000 de plus qu’en 2022), soit 757 par jour. «Nous avons aussi eu 2 059 appels abusifs. Ce sont des gens qui appellent pour se moquer et dire n’importe quoi. Certains envoient aussi les secours sur place sans raison. Nous n’avons eu que deux appels de ce genre l’année dernière, mais nous déposons plainte à chaque fois.»

Si le nombre d’interventions est en ralentissement, il a tout de même largement augmenté en dix ans. Heureusement, le CGDIS peut compter sur des effectifs en hausse constante d’année en année. Si les pompiers luxembourgeois n’étaient que 6 781 en 2021, ils sont passés à 7 206 en 2023 avec en prime une professionnalisation et une féminisation (lire par ailleurs) croissantes.

«Chaque année, nous effectuons une campagne pour recruter environ une cinquantaine de pompiers professionnels», rappelle Paul Schroeder. Le CGDIS en compte aujourd’hui 649. «Nous devons nous doter d’un effectif suffisant afin de répondre à nos obligations et de garantir une bonne couverture, ajoute Alain Becker. Notre spécificité est d’être composé à 80 % de volontaires qui travaillent avec des professionnels.»

Un futur centre dans la Nordstad

Cette hausse des effectifs répond aussi au Plan national d’organisation des secours, planifié sur cinq ans. Celui-ci prévoit notamment une couverture opérationnelle en moins de 15 minutes dans plus de 90 % des interventions. Un objectif qui passe inévitablement par une modernisation des moyens du CGDIS.

Après la construction d’un tout nouveau Centre national d’incendie et de secours (CNIS) à Gasperich en 2018, les pompiers se sont dotés de deux nouveaux centres au Findel et à Remich. «Un troisième est prévu dans la Nordstad, le plan d’occupation des sols est en cours d’élaboration. C’est un projet de longue haleine qui devra permettre de répondre aux besoins du Nord. En tout, nous avons une cinquantaine de projets de construction ou de mise en conformité.»

Toutes ces évolutions ont évidemment un coût et le budget du CGDIS est lui aussi en augmentation continue. De 133,5 millions d’euros en 2021, les dépenses sont passées à 170,4 millions en 2023. Les frais de personnel y sont pour beaucoup (67,4 millions en 2021 contre 84,7 millions en 2023) au vu de la hausse des effectifs et de certains facteurs externes comme les différents index. Les frais de fonctionnement, qui ont atteint 64,7 millions en 2023 (49,6 millions en 2021), jouent eux aussi un rôle dans cette hausse, notamment avec la mise en service du CNIS.

La situation économique mondiale, entraînant une augmentation du prix des matières premières et des carburants, n’est pas étrangère non plus à cela. «L’avantage du CGDIS, c’est qu’il peut réaliser des économies d’échelle», affirme Alain Becker. Il peut aussi compter sur des dotations en hausse de la part des pouvoirs publics. Leur participation est passée de 42,1 millions d’euros en 2021 à 71,7 millions en 2023 répartis à parts égales entre les communes et l’État. Un effort nécessaire pour atteindre les objectifs du PNOS d’ici 2025 et préparer les futurs plans des secours du Grand-Duché.

Paul Schroeder et Alain Becker ont présenté l’ensemble des activités du CGDIS au cours de l’année dernière.

Le CGDIS en chiffres

7 206 membres dont 6 789 pompiers volontaires et 649 professionnels

70 660 interventions dont 57 507 secours à personnes

276 353 appels traités

1 000 véhicules motorisés

14 groupements et 95 centres d’incendie et de secours

170,4 millions d’euros de dépenses et 163 millions de recettes

De plus en plus de femmes

La hausse des effectifs s’accompagne d’une féminisation du CGDIS. Avec 1 569 représentantes en 2023, les femmes et les jeunes filles composent aujourd’hui 22 % du CGDIS. Mais en y regardant de plus près, de gros écarts sont à noter. Si elles sont de plus en plus présentes parmi les pompiers volontaires (1 034 femmes sur un effectif de 6 789) et dans le personnel administratif (108 sur un total de 279), elles restent sous-représentées chez les pompiers professionnels où elles ne sont que 46 sur 649, soit 7 % seulement de l’effectif. «À mon avis, ce n’est pas encore suffisant», reconnaît Alain Becker. Les choses changent néanmoins peu à peu. Lors des derniers recrutements, 52 % des nouveaux pompiers opérationnels étaient des femmes. «C’est un de nos défis. Nous devons aller vers une plus grande diversité au sein du CGDIS.»

Un rôle renforcé pour les officiers santé

Mis en place au moment de la pandémie, les officiers santé ont depuis été pleinement intégrés au CSU-112. «Un infirmier est présent 24 h/24 et a pour rôle d’assister les équipes», précise Paul Schroeder. Auparavant chargés d’assurer la répartition des patients selon les moyens des hôpitaux afin d’éviter les saturations, ils ont vu leur rôle évoluer et ont gagné en responsabilités.

Ils peuvent ainsi conseiller les équipes sur le terrain lors des interventions, mais aussi directement les personnes qui appellent le 112 dans le cadre des premiers secours. Ils s’occupent également de la procédure de réanimation par téléphone qui permet de guider quelqu’un faisant face à une victime en arrêt cardiaque. Enfin, ils jouent désormais un rôle primordial en cas d’AVC. Après avoir analysé la situation avec les secours envoyés sur place, ils contactent directement l’hôpital en cas de suspicion pour que les équipes prennent en charge la victime le plus rapidement possible. «Avant, la communication était plus faible avec les centres hospitaliers.» Lors d’un AVC, la vitesse de réaction est en effet essentielle pour éviter au maximum les séquelles.

Avec les nouvelles technologies, comme la télémédecine, le rôle des opérateurs santé pourrait encore évoluer pour améliorer toujours plus la prise en charge.