Accueil | A la Une | CFL : la non-surveillance irrite les élus

CFL : la non-surveillance irrite les élus


«Il s’avère qu’en cas d’incident, le voyageur a plutôt intérêt à appeler directement la police ou les secours au lieu d’attendre que quelqu’un aux CFL s’active», est venu fustiger hier l’élu socialiste Yves Cruchten. (Photo : julien garroy)

La gestion des 1 456 caméras déployées dans et autour des gares ne contribuerait pas à renforcer la sécurité des voyageurs, estime l’opposition, mais aussi le CSV. Les CFL bottent encore en touche.

La ministre de la Mobilité, Yuriko Backes (DP), s’est montrée formelle, hier matin, à la sortie d’une réunion où la direction des CFL était amenée à s’expliquer devant les députés : «Les CFL n’ont pas une mission de police. La sûreté est du ressort des forces de l’ordre.» Elle reprend ainsi la ligne de défense de la direction des CFL, adoptée dans la foulée de la révélation par nos confrères du Tageblatt de graves dysfonctionnements à l’intérieur du service en charge de la gestion du système de vidéosurveillance déployé dans et autour des gares et quais du pays.

Pour rappel : il est avéré qu’une partie des agents affectés au service «Building Management System» (BMS) a préféré faire la sieste, joué au poker ou regardé des séries sur Netflix au lieu de garder à l’œil les écrans de vidéosurveillance. Selon les dires des députés interrogés, les responsables des CFL auraient une nouvelle fois affirmé ne pas avoir connaissance de tels faits. «Une partie de la réunion a été placée sous huis clos. Mais je peux dire que l’on a obtenu des explications par rapport aux problèmes évoqués dans la presse et les mesures disciplinaires qui en ont découlé», renseigne Meris Sehovic (déi gréng), interrogé par nos soins.

«Non-assistance à personne en danger»

Ces propos correspondent mieux à ce que le directeur général, Marc Wengler, a dû admettre à demi-mot, après les révélations du Tageblatt. Le 5 mars dernier, le dirigeant avait fini par avouer que les services compétents des CFL ont été saisis par une «victime présumée» dans le cadre de reproches de harcèlement. «Les éléments» repris dans l’article de nos confrères «étaient inclus dans ce dossier». Des procédures disciplinaires auraient été engagées, avec à la clé des sanctions «allant du rappel à l’ordre jusqu’au licenciement», avait encore précisé Marc Wengler.

Est-ce que ce rappel à l’ordre a été suffisant? Rien n’a filtré, hier, mais la ministre de tutelle des CFL a tenu à faire passer un message clair : «Si les agents observent un incident ou une infraction, ils sont dans l’obligation de le signaler, faute de quoi ils se rendent coupables de non-assistance à personne en danger.»

Mais plus que les dysfonctionnements, c’est le fonctionnement tout court du service BMS qui a irrité les députés. «En tant qu’usager, j’ai toujours pensé que quelqu’un regardait les images des caméras de surveillance, mais visiblement ce n’est pas le cas. Il s’avère ainsi qu’en cas d’incident, le citoyen a plutôt intérêt à appeler directement la police ou les secours au lieu d’attendre que quelqu’un aux CFL s’active», fustige Yves Cruchten.

Le député socialiste est secondé par Marc Lies (CSV), lui aussi des rangs de la majorité : «Il est important qu’un suivi soit assuré derrière les 1 456 caméras déployées.» Car, enchaîne Marc Goergen (Parti pirate), «sans observation sérieuse des images, par du personnel bien formé, il faut se poser la question du bien-fondé de ce système de vidéosurveillance. S’il ne permet pas de renforcer la sécurité, il s’agit de l’argent jeté par les fenêtres».

Meris Sehovic se veut un brin plus prudent, en affirmant que «la sécurité dans les transports publics ne peut pas se limiter aux caméras. Les infrastructures et l’illumination des quais doivent aussi être considérées». «Chacun doit prendre ses responsabilités», ajoute l’élu vert.

Une loi de Bausch à la rescousse?

Une réflexion à engager est d’intégrer une partie des caméras CFL dans le système de vidéosurveillance Visupol, exploité par la police. «Nous allons continuer à discuter des mesures à adopter dans le cadre du projet de loi encore déposé par mon prédécesseur François Bausch, visant à renforcer la sécurité dans les transports publics», met en perspective la ministre Yuriko Backes.

Le texte, déposé en octobre dernier, prévoit en outre d’un catalogue de sanctions renforcé, une option pour déployer des «caméras de surveillance sur des points stratégiques». «Ces caméras peuvent contribuer à prévenir des infractions, assurer la sécurité des personnes et la protection des biens, détecter et identifier les comportements potentiellement suspects ou dangereux et dissuader les malfaiteurs potentiels. La présence de caméras peut également rassurer les passagers», développe l’ancien ministre de la Mobilité dans l’exposé des motifs.

Au plus tard après réception de l’avis du Conseil d’État, le travail sur ce nouveau cadre légal renforcé va être entamé.