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[C’était mieux avant] Tun Mestre : «J’ai failli faire dans mon froc»


Tun Mestre, sans le sifflet. (photo Mélanie Maps)

L’ancien arbitre Tun Mestre, devenu membre du conseil d’administration de la FLF à l’automne dernier, ouvre son armoire à souvenirs et, fatalement, parle de quelques attaquants et menues erreurs de jugement.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée « C’était mieux avant »

Quel est le plus beau match que vous ayez arbitré ?

Tun Mestre : La finale de la Coupe de Luxembourg en 2007, entre Dudelange et Käerjeng (2-1). C’est LE match au sommet que tous les arbitres veulent siffler, celui que tu n’obtiens qu’une fois dans ta carrière et il m’avait plutôt bien réussi. Dès les toutes premières minutes, je suis juste derrière Thomas Gruszczynski qui pénètre dans la surface et tombe en demandant un penalty. Je lui mets un avertissement pour simulation. Il râle. Mais j’avais eu de très bons échos après ce match. Même la saison suivante, les dirigeants des deux clubs m’avaient félicité. Ce match-là, on s’était tous demandé si on allait le finir parce que de très gros nuages noirs s’accumulaient au-dessus du stade en fin de partie et je voyais bien que tout le monde se tournait vers moi pour savoir.

Et le pire ?

Ce devait être mon tout premier en Division 2. Je crois que c’était à Folschette. À la mi-temps, l’observateur me félicite en m’amenant un thé. Et en deuxième… je donne un penalty à une équipe alors qu’il n’y en avait pas et, peu de temps après, celle qui venait de prendre ce penalty part en contre-attaque et je lui en octroie un qui n’existait pas non plus, je crois. J’étais très jeune. En rentrant, je me suis arrêté en chemin pour boire un coup dans un café où les arbitres se retrouvaient et je suis tombé sur Franco Maraglino. Il m’a juste dit : « T’inquiète pas, ça arrive. »

Quelle est votre plus grosse faute d’arbitrage ?

Lors d’un match entre l’Union et Grevenmacher qui s’était soldé sur un résultat nul. J’avais donné un jaune à un joueur du CSG en première période, mais je l’avais mal noté. Et en deuxième mi-temps, j’avais expulsé un autre joueur pour un deuxième jaune qui était en fait le premier. Les journalistes m’avaient suivi aux vestiaires pour me demander ce qui m’était arrivé et moi, eh bien j’ai été honnête, j’ai avoué : « Je me suis trompé ». Je n’aurais pas dû : j’ai été sanctionné. Je l’ai senti passer dans les nominations, après coup. Je n’ai plus eu de match de DN pendant un bout de temps.

Quand je suis arrivé en DN, j’ai distribué neuf cartons rouges sur mes trois premiers matches

Vous rappelez-vous du premier carton rouge que vous avez distribué ?

Non, mais je peux vous dire que pour ma toute première saison en DN, j’ai distribué la bagatelle de neuf cartons rouges sur mes trois premiers matches. Je m’étais fait un nom, mais ce n’était pas forcément positif.

Quelle est la plus grosse ambiance que vous ayez connue ?

Un match de CFA, en France, entre Calais et la réserve du Paris Saint-Germain. C’était complètement plein et l’atmosphère était très bonne. Mais… Le PSG jouait dans un bleu très sombre et le match avait lieu en nocturne. Moi, j’avais choisi une tunique noire et les fans avaient commencé à crier qu’on me confondait avec l’adversaire, que le PSG jouait à douze. Donc à la pause, je voulais changer mais mon autre tenue aurait pu être confondue avec celle de Calais, qui jouait en rouge et jaune… Du coup, j’ai pris un simple tee-shirt blanc et j’ai collé l’écusson dessus.

Quel est votre déplacement le plus fou ?

Un match aux Îles Féroé avec Abby Toussaint et François Mangen. L’avion entre Londres et là-bas avait eu tellement de secousses que j’avais failli faire dans mon froc.

Quel est le joueur que vous détestiez arbitrer ?

Dan Huss (NDLR : ancien attaquant de Grevenmacher) qui rouspétait à chaque décision ! Un mec super en dehors du terrain, mais en jeu, une vraie machine. Et je pense que je devais pourtant avoir raison plus de 70 % du temps. Au niveau des entraîneurs, pratiquement tous se transforment le temps que dure le match. Marc Thomé, par exemple, c’est un explosif, mais après la rencontre, il vient poliment discuter des décisions, prend les informations et les accepte.

Quel est votre meilleur ami dans le football ?

Antoine Monteiro, un gars jamais méchant, jamais égoïste. Dans l’arbitrage, plus tu montes, plus il faut jouer des coudes. Lui n’a jamais été jaloux, n’a jamais critiqué qui que ce soit alors que dans ce milieu, fatalement…

Puisqu’un arbitre a presque nécessairement été un footballeur un jour, vous souvenez-vous de votre plus grand moment de gloire ?

Quand je jouais à Wiltz, à 18 ans – où j’ai d’ailleurs joué avec Théo Malget et l’ancien ministre des Sports Romain Schneider ! On jouait contre les juniors de Pfaffenthal. Leur gardien de but, un gars assez… massif, dégage au pied et moi, je suis sur la trajectoire à 35 mètres de son but et je reprends le ballon de la tête et je le lobe. Quand je pense qu’il n’y avait pratiquement personne pour voir ça…

Aujourd’hui
Résidant à Vianden, travaillant dans la construction métallique dans le secteur du bâtiment, Tun Mestre (59 ans) vient d’intégrer le conseil d’administration de la FLF et la commission futsal. En parallèle, il continue de parcourir le monde pour courir. Lui qui a participé au marathon des sables fait beaucoup de trails, notamment en montagne.

Ses faits d’armes
Sur dix-huit années consacrées à l’arbitrage, ce licencié du Titus Pétange en a passé treize à siffler en Division nationale. Il cumule un peu moins de 800 parties arbitrées dans sa carrière au sifflet.