Mondercange et le Fola, deux de ses ex-clubs, sont relégables. Mais pour l’ex-gardien de but Pit Theis, même ces situations-là, à l’époque, étaient joyeuses. Entre 1er mai maudit, jeu du crocodile au Camping et bouteille de champagne renversée.
Votre plus grosse fête ?
Pit Theis : Ouh là, il y en a eu beaucoup. Mais après le titre de champion avec le Fola, je dirais. Une soirée magique jusqu’à 6 heures du matin. Jo Kitenge, qui venait de partir au F91, nous avait rejoints au fil de la soirée, mais on était tellement bourrés qu’au moment où Jeff Strasser et Cyril Serredszum ont payé leur bouteille de champagne, lui l’a renversée et il n’en restait plus.
Quel est le joueur le plus fou que vous ayez rencontré ?
Ryan Klapp. Il arrive du RFCU et à sa toute première semaine au Fola, il se fritte avec le staff et décide de retirer ses chaussures et de les balancer dans la forêt qui entoure le terrain d’entraînement du Fola! Bon, il est allé les récupérer le jour même, mais avec les buissons, ça a piqué un peu.
Énervé, Ryan Klapp a balancé ses chaussures dans la forêt
Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous ayez joué ?
J’ai toujours beaucoup apprécié Ronny Souto, un gars qui voyait bien le jeu, qui avait du style. Il était complet.
Quel aura été votre meilleur match ?
C’est que là, par contre, il n’y en a pas eu beaucoup! (il rit) Un jour, avec Mondercange, on a joué Differdange. Eux gagnent tout? Nous, on lutte pour le maintien. On a fait nos trois changements et, après une action, Pierre Piskor me marche sur la jambe, un peu volontairement, en voyant que j’ai sauvé un but. Et lui, ce n’est pas un petit gabarit, hein! Il y va quand il met le pied! Mais je ne peux pas sortir. Alors je reste dans les buts et, à la dernière minute, je fais une parade décisive, en ne sachant encore même pas aujourd’hui comment j’ai fait.
Et votre pire match ?
Encore contre Differdange, en demi-finale de la Coupe. On joue bien. Mais à un moment, sur un coup franc frappé du milieu de terrain, je crois par Michel Kettenmeyer, je me troue. Je pense qu’il essaye de jouer un long ballon, mais ce ballon, il est… très long. Et je le juge mal. Je pense qu’il va passer au-dessus de la barre et, en fait, il me lobe. Ça m’a fait perdre le moral. C’était le 1er mai, il y avait beaucoup de monde au Thillenberg. Après, je ne pouvais plus.
Il y a une équipe que vous n’aimiez pas affronter ?
Je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais aimé jouer contre Pétange. Je n’y connaissais personne, je n’aimais pas le terrain parce qu’à chaque fois qu’on y jouait, c’était le début de l’hiver et le terrain était pourri, en béton.
Passé par Hamm, Mondercange et le Fola… avant de revenir à Hamm, Pit Theis aura participé à la montée du club benfiquiste en DN, mais aussi conquis un titre de champion avec le club eschois en 2013. Il aura participé à 95 matches de BGL Ligue avant de devenir entraîneur de gardiens, à Hamm bien sûr, mais aussi au Fola et à Mamer, avant de finir à Gasperich.
Quel aura été votre plus grand fou rire ?
Une fois, on a joué Rosport au Camping alors que contre eux, ça avait toujours été très délicat. Mais en face, il y a Laurent Mond, qui est un ami à moi. Au coup de sifflet final, je le retrouve et on commence à boire des schnaps en jouant au crocodile. Et là, les dirigeants du Victoria, les supporters aussi, me voient dans la buvette jusqu’à très tard. Depuis, c’est comme si je faisais partie du club. Il y a eu aussi une fois assez sympa, sur le terrain, avec le Fola, où j’étais sur le banc et où Alija Besic est dans les buts. Et sur une passe en retrait de 40 m, il n’est pas dedans et on se prend un but. Qu’est-ce qu’on a rigolé, Lucien Crapa et moi!
Il y a une consigne de coach que vous n’avez jamais comprise ?
En Coupe d’Europe, à Zagreb, on a perdu 4-0 alors qu’on avait déjà été battu 0-1 à l’aller. Le coach, Jeff Strasser, avait dit que tout le monde aurait du temps de jeu et moi, je m’étais entraîné très fort pour l’avoir, ce temps de jeu. Je ne l’ai pas eu. Alors que je voulais absolument jouer. Mais je n’ai pas eu une seule minute. Jeff m’a expliqué. J’ai compris. Mais ça m’a fait très mal. Après, sur place, on est sortis, mais il a fallu attendre longtemps à l’hôtel, parce que leurs ultras étaient aux portes de l’établissement. Il a fallu sortir sous escorte policière. On a eu un flic avec nous toute la nuit.
Gérard Lopez est arrivé dans sa Porsche rouge. On a entendu le moteur, au loin. On savait très bien que c’était lui
Quel aura été votre plus grand regret ?
Ne pas avoir compris dès le début de ma carrière que je devais me concentrer plus sur le foot. J’aurais pu faire plus, et à la place, j’ai trop profité de la vie, parfois. J’ai trop aimé ça.
Votre plus grosse engueulade de vestiaire ?
Avec le Fola, on perd un match contre Canach, qui avait alors zéro point. Dans le vestiaire, Jeff Strasser explose. Mais le lendemain, c’est Gérard Lopez qui est venu. Il est arrivé dans sa Porsche rouge. Nous, on était dans le vestiaire, on a entendu le moteur, au loin. On savait très bien que c’était lui. Oh, il a été très calme, il n’a jamais crié. Il nous a juste dit que c’était inadmissible. C’était très, très délicat pour nous.
Vous vous souvenez du jour où vous avez décidé d’arrêter ?
Justement après le match de Zagreb, quand je me suis dit « bon sang, tu as fait tous ces sacrifices pour ça? ». Ce jour-là, je me suis rendu compte que c’était aussi de plus en plus difficile au niveau du travail. Après ça, j’ai énormément joué pour dépanner alors même que j’étais devenu entraîneur des gardiens. En fait, à chaque fois que j’ai changé de club, j’ai dû dépanner. C’était vrai à Hamm aussi, où j’ai joué une demi-saison sous Dino Toppmöller parce que Chris Clément s’était blessé. Et c’était vrai aussi dans mon dernier club, à Gasperich. Là, j’ai joué presque toute une saison, à 42 ans! Et d’ailleurs, j’en ai profité pour marquer le seul but de ma carrière, contre Dalheim. C’était sur penalty et mes coéquipiers m’ont laissé frapper parce que des potes étaient là pour voir ça. Le gardien de Dalheim est parti tellement en avance que ça a été facile de le prendre à contrepied. Je suis allé m’excuser au coup de sifflet final.
Facteur, l’ex-gardien de 45 ans, régulièrement sollicité pour incorporer des staffs et prendre en charge des gardiens, refuse toutes les offres afin de se consacrer à sa famille.