L’ancien joueur de la Jeunesse, du RFCU et du Progrès nous raconte ses belles années. Entre jacuzzi, chirurgien de Ballack et porte-manteaux.
Quelle a été votre plus belle fête de football?
Levy Rougeaux : Le titre avec la Jeunesse! On était sorti des vestiaires à minuit et demi avant de faire la tournée des bars. Il y avait Kevin Martin, Adrien Portier, René Peters, Eric Hoffmann, Dan Collette… On était au jacuzzi, à fumer des cigares et à boire du Jack Daniel’s. Devinez qui avait apporté tout ça? Portier bien sûr!
C’est le joueur le plus fou avec lequel vous ayez joué, forcément, comme le disent tous ceux qui ont joué avec lui?
Il était hors catégorie, c’est vrai. Mais je peux vous citer Kevin Martin, à la Jeunesse. Dès que Loïc Cantonnet ou moi prenions un tampon, il passait à côté du gars et lui disait : « Viens me voir, la prochaine fois. Tu vas voir, c’est toi qui vas avoir mal.« On était comme ça à la Jeunesse, solidaires.
Et le meilleur joueur avec lequel vous ayez joué?
Alors là, sans hésitation, Johan Bellini! J’ai joué cinq ou six ans avec lui, au RFCU et à Weiler. Je n’ai jamais compris comment un mec qui s’en foutait à ce point du foot pouvait être aussi bon. Je l’ai déjà vu s’entraîner quinze minutes et être rincé, avoir envie de se barrer. Il ne regarde pas le foot à la télé, s’en fout des transferts, ne connaît même pas les joueurs.
Mais qu’est-ce qu’il était bon… Il était tellement élégant. Ce gars, s’il voulait ne pas perdre un ballon du match, il en était capable. Je suis persuadé qu’il aurait eu sa place dans n’importe quelle équipe de Ligue 2. Vous savez, on est encore en contacts réguliers, on fait des trails ensemble. Oui, Johan Bellini court! C’est fou, hein?!
Devinez qui avait apporté les cigares et le Jack Daniel’s?
Et le meilleur contre lequel vous ayez joué?
En défenseur, je dirais Guillaume Mura. Le même que Bellini : il joue quand il veut. Mais dur sur l’homme, intelligent, qui ne panique pas à la relance. Un Tom Schnell par exemple, était moins fort intrinsèquement, même s’il faisait plus peur.
Il y a une consigne de coach que vous n’avez jamais comprise?
Qu’on fasse jouer son équipe en bloc bas. Pas mon principe de foot. Je n’aime pas. Et on nous l’a demandé souvent. À Weiler, un coach que je ne nommerai pas nous demandait aussi tout le temps de défendre à onze dans la surface sur corner. Jamais compris : moi, dégager, je veux bien, mais à quoi ça sert si personne ne peut récupérer le ballon?
Vous vous rappelez de votre plus beau but?
Aaaah, contre Mondorf! Sur un long ballon de Thomas Gilgemann. Je fais contrôle porte-manteau enchaîné avec un lob sans que le ballon touche le sol. C’était Patrick Worré dans les buts. Je l’ai recroisé il y a peu, il m’a dit qu’il avait failli applaudir!
Votre plus grosse engueulade de vestiaire?
C’était à la mi-temps d’un de mes premiers matches avec la Jeunesse et Jacques Muller, qui était venu me chercher à Clémency sur les conseils de Patrick Morocutti m’avait fracassé! Il m’a demandé de quoi j’avais peur, m’a assuré que tout le monde m’aimait ici. C’était en 2008 je crois, j’avais quoi… 22-23 ans?
J’étais très timide, je n’ai pas répondu et j’ai rougi. Mais j’avais fait une bonne deuxième mi-temps et quand il m’a sorti, Jacques Muller m’a pris dans ses bras en me disant que c’est comme ça qu’il voulait me voir tout le temps.
Jacques Muller m’avait fracassé
Quelle est la meilleure équipe que vous ayez jamais affrontée?
Le F91 de Gruszczynski, Hug et… Bellini. Tu te sentais impuissant contre eux. Tout ce que tu pouvais espérer faire, c’est leur planter un but en contre ou sur corner. En tant qu’attaquant, on savait que ce serait casse-couilles avant même de monter sur le terrain, qu’on allait courir comme des chiens et toucher cinq ballons. À la 75e, tu n’avais qu’une envie : aller te doucher et rentrer chez toi.
Quelle aura été votre blessure la plus chiante?
Les croisés, contre Steinfort. Normalement, c’est pour six mois, moi, je n’ai rejoué qu’après onze. Je suis rentré quinze minutes dans le derby contre le Fola et j’avais l’impression de ne plus savoir jouer. Mais je remercie Jacques Muller de m’avoir conseillé ce chirurgien allemand, celui qui avait opéré Ballack. J’y suis allé les yeux fermés et après, je n’ai plus jamais eu de douleur.
Votre plus grand regret?
Ne pas avoir fait une ou deux années de plus en DN. Quand on remonte avec Hostert, en 2017, je ne veux plus m’entraîner plus de trois fois par semaine. Henri Bossi me dit qu’on passera à quatre. Alors je dis non et je pars à Weiler, mais je suis sûr que j’aurais eu moyen de tricher…