Le spécialiste des très longues distances, plusieurs fois vainqueur du trail Uewersauer qui s’élance dimanche, revient sur les moments marquants de sa carrière.
Votre plus belle victoire ?
C’était en Belgique, sur un trail de 41 km près de Bruxelles. Je pars sur une allure de 17 km/h, ce qui est déjà assez rapide pour un trail. Il y avait deux vélos devant moi et à un moment, il y en a un qui ne suivait plus. Et malheureusement, c’était celui qui connaissait le mieux le parcours. À un moment, celui qui était avec moi ne savait plus s’il fallait aller à droite ou à gauche. Il a dû prendre son téléphone pour demander. Résultat, je me suis retrouvé sixième au 30e kilomètre. J’ai recommencé à doubler des gars un par un, je me suis à nouveau retrouvé en tête. Mais le gars s’est de nouveau perdu. Du coup, le deuxième est revenu sur moi si bien qu’on était à deux pour se jouer la victoire. À 500 m de l’arrivée, pas de panneau, on s’est repérés à la musique. Il fallait passer par les champs, il y avait tellement de boue que j’ai perdu ma chaussure. Je l’ai ramassée, mon adversaire avait pris une vingtaine de mètres d’avance sur moi. J’ai sprinté et j’ai réussi à gagner avec une chaussure à la main. C’était ma plus belle victoire !
Votre plus grand exploit ?
Ma troisième place aux championnats du monde de trail longue distance, aux États-Unis en 2007, sur 80 km. Je suis arrivé au Texas avec l’équipe belge. Un copain m’avait dit que si on faisait un top 20, c’était déjà pas mal. Donc je suis parti avec cette idée. Mais finalement, j’ai compté ceux qui étaient devant moi, je me suis retrouvé aux alentours de la vingtième place puis j’ai doublé les autres un après l’autre et j’ai terminé troisième. J’étais très fier de cela.
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Votre course la plus longue ?
Une course de 100 km en Italie, en 2007. Un copain de Bruxelles m’avait dit que je devais essayer. En arrivant avec les Belges, les gars m’ont demandé combien de courses de 100 km j’avais déjà fait. Et je n’en avais jamais fait aucune. Ils ont tous rigolé. Et finalement, je termine 36e sur plus de 500 au départ et je termine devant tous les coureurs de l’équipe belge. Je suis passé au marathon en moins de 3 heures, j’avais une valeur de 7 h 20 mais finalement je fais 7 h 36’ car les 5 derniers kilomètres sont en montée. Je n’ai pas eu trop de plaisir. Je ne sentais plus ni mes jambes ni mon corps à l’arrivée. Je me suis dit : « Plus jamais!«
Après les 100 km, je me suis dit : « Plus jamais! »
Votre meilleur souvenir ?
Avoir terminé premier Luxembourgeois à la première édition de l’ING Marathon. J’ai fait quatrième et sur mon passage, un enfant a crié : « Regarde maman, c’est le premier Blanc qui arrive!« Ça m’a bien fait rire. À l’époque, il y avait une sacrée concurrence et terminer devant des coureurs professionnels, c’est toujours quelque chose qui fait plaisir! Et c’est juste sur cette course que je termine par une roulade. Un ami faisait cela dans une course, j’ai trouvé ça sympa. Je l’ai fait à la première édition et les gens ont dit que c’était super. Du coup, ils m’ont poussé à faire ça chaque année. Alors, je l’ai fait !
Votre plus belle course ?
L’urban trail de Lyon. Car il y a 6 000 escaliers au programme. J’ai habité dix ans à Bruxelles et on me surnommait « Le kamikaze« par rapport à ma façon de descendre les escaliers. J’ai toujours été très fort là-dedans. Lyon est une très belle ville, c’était un vrai plaisir de participer à cette épreuve.
La plus grande satisfaction, c’est quand les gens viennent me remercier pour l’organisation
L’épreuve la plus spectaculaire ?
Le 100e anniversaire du marathon de Boston en 1996. On était 40 000 personnes, c’était une immense fête populaire, on était encouragés pendant tout le parcours. Je voulais vraiment y aller. Et je me suis bien amusé.
Votre plus grande satisfaction ?
J’adore la course à pied et depuis que j’y ai goûté, l’organisation de trails me plaît énormément. La plus grande satisfaction, c’est quand des personnes viennent me voir à la fin pour me féliciter pour l’organisation et le parcours. On a démarré avec 1 500 participants à l’urban trail et maintenant on est à 5 000, c’est une très grosse satisfaction.
Votre plus grosse déception ?
Le marathon des Sables. Je l’ai fait deux fois. Et deux fois, j’étais malade. La première année, on m’a dit que je n’avais pas pris assez de sel. Normalement, tu dois prendre un sachet de sel tous les 1,5 l d’eau et je ne l’ai pas fait. Au bout de la quatrième étape, j’avais de l’eau dans les poumons et j’ai dû abandonner. La deuxième année, j’ai bien fait attention à respecter les consignes et malgré tout, j’ai encore eu de l’eau dans les poumons. J’ai demandé aux concurrents plus expérimentés s’ils avaient une explication. Ils m’ont demandé si je prenais des pastilles de sel. J’ai répondu que oui. Et ils m’ont expliqué que ça, c’était bon pour ceux qui couraient pendant de très longues heures dehors. Mais que pour les coureurs de bon niveau, les gels qu’on prenait étaient suffisants. C’est dommage car avant ces problèmes, j’étais bien. Dans les dix premiers.
La course la plus originale ?
Le Strongman à Differdange. Je l’ai fait deux ou trois fois. C’est à la fois dur et amusant. Tu passes dans de l’eau à moins de 10 °C, dans de la mousse de savon où tu ne voyais plus rien, tu dois éviter des câbles électriques sinon tu prends un coup de jus… C’était assez dingue.
La plus grave blessure ?
Je touche du bois. En général, je ne me suis jamais trop blessé dans ma carrière. Je sentais toujours la blessure arriver, car j’étais à l’écoute de mon corps. Je m’arrêtais pendant deux ou trois jours et c’était bon. Après, je suis souvent tombé, je me suis ouvert les genoux. Mais jamais rien de trop grave.
La course qui vous fait rêver ?
Il y a une course à laquelle je voulais participer, à savoir Marseille-Cassis. Mais je n’ai pas eu de dossard. Je m’y suis pris trop tard. Quand j’ai voulu m’inscrire, j’étais 6 000e sur liste d’attente. Je vais essayer l’année prochaine. Je pense qu’elle pourrait être sympa.
Ses faits d’armes
Spécialiste des longues distances, José Azevedo se met à courir très tard, à 29 ans. Mais depuis trente ans, il n’arrête pas. Il a à son actif une soixantaine de marathons, distance sur laquelle il est multiple champion national. Meilleur Luxembourgeois sur les premières éditions de l’ING Marathon, il remporte plusieurs fois le trail Uewersauer. Il a également décroché le bronze sur les championnats du monde de trail longue distance en 2007 et a participé à une épreuve de 100 km en Italie.
Aujourd’hui
À bientôt 59 ans – il les aura le 10 décembre – José Azevedo continue de courir et il n’a pas prévu de s’arrêter de sitôt. Dans le civil, après avoir longtemps été chauffeur de bus, il est désormais employé communal à la ville de Hesperange. Par ailleurs, il est le créateur de l’urban trail à Luxembourg et s’occupe également désormais de l’organisation de la Route du vin ainsi que de la Pride Run.