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[C’était mieux avant] Gusty Bausch : « J’avais mon club de supporters en Belgique ! »


(photo DR)

Dimanche, il sera forcément aux premières loges du cyclo-cross de Brouch, organisé par son club du Velosfrënn Gusty Bruch. L’enfant du pays est un sacré personnage du cyclo-cross luxembourgeois…

Votre plus belle victoire ?

Gusty Bausch : Je dirais que c’est le championnat national 2007 à Leudelange. J’avais passé un moment difficile, mon grand-père était décédé durant l’été 2006, il m’accompagnait partout. J’avais rompu avec mon ancienne copine et rencontré une nouvelle amie. Mais ma saison s’était bien passée, j’avais remporté tous les cross locaux. Pourtant, avec Jempy Drucker au départ, je n’étais pas le favori. Il y avait beaucoup de boue et beaucoup de courses à pied.

Votre plus grand rival ?

Je retiens Jempy Drucker et Pascal Triebel. Il y a eu également Christian Helmig, mais cela n’a pas duré si longtemps. Triebel était plus âgé que moi. Lorsque j’ai commencé en espoirs, il était difficile à suivre. Il était le meilleur, constant à cette époque. On a fait souvent de sacrés duels tous les deux. On attirait chacun beaucoup de public. Les championnats pouvaient se dérouler devant plus de 3 000 spectateurs…

Votre plus belle anecdote liée au cyclo-cross ?

Comme mon visage peut paraître exotique dans le milieu du cyclo-cross (sa mère, Katrine, est originaire du Groenland, où son père Gust est allé travailler dans sa jeunesse avant de s’installer en famille à Brouch), lorsque j’allais disputer les manches de Coupe du monde en Flandre, il y avait un groupe de jeunes supporters qui se moquaient un peu de moi. Mais je les saluais à chaque passage. Ils ont eu un avis positif et sont allés voir mon père pour lui dire que j’étais le coureur le plus sympathique de la Coupe du monde. Ils ont même créé un club de supporters pour moi. J’avais mon club de supporters en Belgique! Ils étaient près de 35… Et dans la tente où les supporters se retrouvent à chaque championnat du monde, j’étais toujours le seul coureur qui venait boire un coup après la course. Dans les Coupes du monde, j’emmenais quelques bières au camper pour eux! Sinon, je n’oublierai jamais non plus qu’au pays, j’avais près de 400 supporters. Il est arrivé que deux bus remplis viennent me soutenir dans les championnats du monde. Pour un coureur, c’est très motivant.

Le coureur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Je vois régulièrement Frank et Andy (Schleck), Jempy (Drucker) sur les épreuves locales du calendrier. Je revois aussi Pascal (Triebel). Mais, par exemple, Christian (Poos), oui, j’aimerais le revoir.

On avait même engagé l’artificier qui tire les feux pour la fête nationale. On m’avait installé dans un cabriolet et il y avait plein de monde dans le village

Un transfert qui aurait pu se faire ?

Pour la saison 2001, Frank Schleck, qui avait roulé en 2000 pour l’équipe italienne De Nardi (le Mondorfois avait ensuite opté pour l’UC Châteauroux), m’avait proposé d’y aller. De Nardi, cela aurait été le tremplin pour l’équipe Fassa Bortolo. Mais pour plusieurs raisons, j’ai refusé. Si j’avais pris ce chemin, j’aurais peut-être pris une autre direction, effectuer une autre carrière.

Votre plus grosse fête ?

En 2003, j’ai remporté le titre devant Pascal Triebel. J’avais une minute trente d’avance. On a fait une sacrée fête. On avait même engagé l’artificier qui tire les feux pour la fête nationale. On m’avait installé dans un cabriolet et il y avait plein de monde dans le village.

Le plus beau parcours de cyclo-cross ?

Je dirais celui de Brouch, encore et toujours. Le cadre n’est pas forcément beau, mais le circuit, comme il est tracé, si. C’est technique et ce n’est pas trop difficile.

J’aimerais revenir en masters, et gagner le championnat. Si j’y parviens, alors je voudrais faire une dernière saison en élite, juste pour dire adieu

Votre plus grosse dispute en course ?

Lors d’un championnat national sur route avec Frank Schleck. Ce devait être à Kopstal en 2002. Nous étions dans un groupe avec (Christian) Poos (NDLR : qui sera sacré champion) et (Marc) Vanacker. Le circuit était roulant, hormis la montée vers Kehlen. On s’est chamaillés. J’étais distancé dans la montée et je revenais sur le plat. J’étais espoir et ils roulaient contre moi. J’étais un peu dégoûté.

Une grosse déception ?

Une autre fois, à Mamer, où lors du championnat national sur route, on m’avait accusé d’avoir profité de l’abri d’une voiture suiveuse, alors que ce n’était pas le cas. On m’a déclassé, alors que je n’avais rien fait. Mais bon…

Votre meilleur vélo ?

Un vélo de cyclo-cross Scott qui pesait juste 6,8 kilos (NDLR : le poids minimal). Sur mon cadre noir, l’écriture, spéciale, était couleur or.

Votre perception du cyclo-cross depuis que vous êtes retiré ?

Je vais sur les cross encourager les coureurs du club, comme récemment à Kayl et à Mondorf. Mais je ne suis pas encore définitivement à la retraite! Je n’ai pas encore dit adieu au cyclisme. J’ai un plan optimiste. Si on me voit, on pensera que je ne roulerai plus jamais en course, car j’ai du poids en trop. Cette année, je ne vais pas rouler, mais j’aimerais revenir en masters, et gagner le championnat. Si j’y parviens, alors je voudrais faire une dernière saison en élite, juste pour dire adieu. J’aimerais arrêter en beauté. C’est un long chemin !

Aujourd’hui

Gusty Bausch, qui a 43 ans, a arrêté de s’entraîner et se consacre à son travail chez Creos. Il est membre du comité du club Velosfrënn Gusty Bruch, créé à l’époque pour lui et établi à Brouch. Il a arrêté sa carrière le 18 décembre 2022 lors du cyclo-cross d’Ettelbruck qu’il disputait en masters (17ᵉ place). Le temps passe. Il n’empêche qu’il ne résiste pas à l’envie de réaliser un come-back, comme il nous l’explique par ailleurs. Histoire d’effectuer à 45 ans une dernière saison en élites…

Ses faits d’armes

Sacré champion national à cinq reprises (2003, 2005, 2007, 2009 et 2012), Gusty Bausch (ici lors de son dernier titre en 2012) est monté à neuf reprises sur la deuxième marche du podium (la dernière fois en 2019), il a aussi récolté deux médailles de bronze. C’est dire si sa carrière fut régulière. Elle fut aussi très longue et il remporta bon nombre de cyclo-cross locaux. Ses clubs successifs : VS Dommeldange, VC Diekirch, LC Kayl, Velosfrënn Gusty Bruch.