Opposé quatre fois au Portugal et trois fois à la Slovaquie, l’ex-international se souvient : le bateau de Budapest, le cauchemar Berbatov, la honte du Liechtenstein…
Quel aura été votre déplacement le plus fou ?
Éric Hoffmann : En Hongrie (NDLR : le 30 avril 2003, à l’occasion de la 9e de ses 88 sélections, défaite 5-1). Il faisait chaud et le lendemain du match, j’étais allé avec… je crois que c’était Ben (Federspiel) et Greg (Molitor), boire un verre en faisant un tour en bateau sur le fleuve. On pensait que le départ était à 16 h, mais en fait non, il était à 14 h. Quand on est rentrés, les autres étaient déjà tous dans le bus et nous, on n’avait pas encore fait nos valises. On ne trouvait plus nos passeports non plus. On était jeunes et on avait Allan Simonsen qui nous regardait, pas content du tout. Quand tu as 18-19 ans, ce n’est pas le plus agréable, comme situation…
Quelle est la plus grosse engueulade de vestiaire que vous ayez connue ?
Je ne m’en souviens plus très bien, en fait. Mais elle impliquait Dan Huss et Guy Hellers, encore en sélection. Le coach avait sorti Dan au bout de vingt minutes seulement lors d’un amical contre un club pro. Et je ne me rappelle plus si Dan était revenu chercher son sac dans le vestiaire, furieux, avant de repartir directement, ou si le coach l’avait jeté dehors, ce sac. En tout cas, il y avait une histoire de sac. Mais je me rappelle que quand le match tournait mal, cela arrivait aussi à Luc Holtz de changer un joueur après quinze minutes. Et quand c’était comme ça, le lendemain, à l’entraînement, c’était souvent tendu…
Quel est le coach avec lequel vous ne seriez jamais parti en vacances ?
Mes coaches? Tous! C’est mieux de ne pas les voir tout le temps. Mais j’ai conscience que je n’étais pas non plus le joueur le plus facile. Je râlais beaucoup, j’avais toujours mon mot à dire. Et particulièrement, je détestais quand, en semaine, mes coaches se prenaient pour des arbitres lors des oppositions.
Quel est le joueur le plus fou que vous ayez jamais connu ?
Adrien Portier (NDLR : à la Jeunesse), qui pouvait péter un câble à tout moment, sur ou en dehors du terrain. Il pouvait, d’un coup, avoir envie de casser un gars d’en face et moi, je me demandais toujours, « mais pourquoi tu nous fais ça là, maintenant?“ Et après, on ne savait jamais comment les soirées allaient se terminer : il mettait le feu partout…
Adrien Portier, il pouvait, d’un coup, avoir envie de casser un gars d’en face
Quel est le joueur le plus fort que vous ayez jamais affronté ?
Le Bulgare Berbatov, à l’époque où il jouait avec Manchester United. Il nous avait massacrés! On n’arrivait tout simplement pas à lui prendre le ballon. Il faisait toujours le bon mouvement. Il nous avait battus à lui tout seul.
Et celui avec lequel vous ayez joué ?
Il n’y en a pas énormément. Dieumerci N’Dongala, sur quelques matches. Mais sinon, Stefano Bensi, qui avait une vraie compréhension du jeu. Ses appels de balle étaient bons, ses prises de balle et ses contrôles aussi. Un vrai plaisir de jouer avec lui.
Quelle est l’équipe la plus forte contre laquelle vous ayez joué ?
Ah ben le Portugal. C’est simple, on ne voyait pas le ballon. On ne savait pas comment s’en sortir. En face, il y avait Nani, Figo, Deco, Ronaldo, Pauleta… Une équipe de fou. On a aussi affronté la France, mais ça n’avait rien à voir avec ça : eux, on voyait qu’ils voulaient nous marquer le plus de buts possibles.
Quel est votre meilleur souvenir footballistique ?
Gagner contre Differdange la Coupe avec la Jeunesse en infériorité numérique et en ne faisant que défendre les vingt dernières minutes. La finale de la Coupe, je l’avais déjà perdue deux fois (NDLR : avec Etzella, en 2003 et 2004) alors que j’avais le sentiment qu’on était meilleur que l’adversaire. Je commençais à croire que j’étais maudit.
Et le pire ?
Le jour où on a perdu 0-4 à la maison contre le Liechtenstein. On est sorti du stade et tous les supporters nous attendaient pour nous insulter. C’est très très très rare que ça arrive au Luxembourg. En général, on voit plutôt ça à la télé. C’était assez dur. Moi, je faisais partie des jeunes et les gens auprès desquels on est passés ce jour-là n’arrêtaient pas de nous dire que ce n’était pas après nous qu’ils en avaient, mais après les plus anciens. Les 40 mètres pour aller au bus ont été longs. Quelque part, ils avaient raison aussi…
Votre plus grand regret ?
Je n’en ai pas. Je n’ai jamais fait de choix de carrière dicté par l’argent ni par la course au titre. J’étais juste content de jouer au foot. Si j’avais choisi l’argent, j’aurais fait d’autres choix…