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[C’était mieux avant] Cyril Serredszum : «J’ai fait l’armée avec Zidane»


Ah, son époque FC Metz… (Photo : Luis Mangorrinha)

Alors que le FC Metz joue la remontée en Ligue 1, ce week-end, l’ancien coach du Fola et du Progrès est sur les dents. Et tout en souvenirs.

Retrouvez tous les « c’était mieux avant » dans notre rubrique dédiée

Quelle est l’équipe la plus forte avec laquelle vous ayez joué?

Cyril Serredszum : Forcément le FC Metz 1998, qui finit vice-champion. Tout était réuni, avec des gars qui avaient l’habitude de jouer ensemble, une défense solide, des individualités marquantes comme Frédéric Meyrieu, Robert Pires, Danny Boffin, Vladan Lukic… On avait cette sensation de maîtriser les choses, cette force, une fois le score ouvert, de plier sans jamais rompre.

Et l’équipe la plus forte contre laquelle vous ayez joué?

L’Olympique Marseille du début des années 90. Quand ils ont gagné la Coupe d’Europe (NDLR : en 1993). Ils avaient une vraie qualité de jeu, une impressionnante densité physique avec des garçons comme Basile Boli, Carlos Mozer, Franck Sauzée… et ils étaient poussés par un de ces publics…

Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous ayez joué?

Robert Pires, et de loin! En plus d’être un grand joueur, c’était une très bonne personne, un coéquipier en or. On s’est quittés en 1998, quand il a rejoint l’OM et je l’ai retrouvé presque directement au stade Vélodrome, alors que moi, je venais de partir pour Montpellier, lors de ce fameux 5-4 alors qu’on menait 0-4 à la pause. C’est moi qui fais faute sur lui à la dernière minute et qui coûte le penalty du 5-4. Robert, il lui a longtemps manqué l’agressivité, cette volonté de faire mal. Il l’a trouvée. Sinon, il n’aurait pas fini à Arsenal.

Rigobert Song, il fallait lui courir après pour percevoir les amendes

Et le joueur le plus fort contre lequel vous ayez joué?

Oh il y a bien eu des joueurs comme Rai, ou Valdo, au PSG, mais je dirais Zinédine Zidane, avec qui j’ai d’ailleurs fait l’armée. Il y a donc une dimension sentimentale. Quand ils ont fait finale de Coupe d’Europe avec Bordeaux, en 1996, on les avait affrontés, avec Metz, juste avant la finale. J’étais à son marquage et on m’avait sorti au bout de 25 minutes; très dur à vivre : il avait marqué deux buts! Le premier, c’était sur coup franc, mais le second, je suis en retard et il m’élimine avant de marquer. Ça m’avait traumatisé.

Aujourd’hui

Parti du Titus pour raisons de santé, en 2020, Cyril Serredszum a intégré il y a deux ans et demi déjà la cellule recrutement du FC Metz, où il travaille particulièrement sur les Pays-Bas, la Belgique, la France… «et le Luxembourg bien sûr».

Quel est le joueur le plus fou que vous ayez côtoyé?

Un personnage très attachant : l’international camerounais Rigobert Song. Lui, il est dans ma short-list des gars sacrément fantasques. Sur le terrain, il avait un côté foufou qui faisait peur, à cause de son engagement physique. Hors des terrains, sa façon d’être, c’étaient sorties, musique et retards à l’entraînement. Disons qu’il avait beaucoup de mal à arriver à l’heure. Et comme c’est moi qui m’occupais de la caisse des amendes, j’ai dû le couvrir plus d’une fois auprès du coach, Joël Muller. Parce qu’il était en retard, mais en plus, il fallait lui courir après pour percevoir les amendes. Il fallait se fâcher pour qu’il sorte l’argent. C’était de la nonchalance. Mais si on ne l’avait pas fait, il ne s’entraînait pas, donc il ne jouait pas!

Quel est le joueur le plus méchant que vous ayez fréquenté?

Bon, aller en Corse, jouer à Bastia, faisait être content d’être milieu de terrain et pas attaquant. Mais après, il y a des gars, quand on les voit sur le terrain, ce sont de vraies teignes comme Meyrieu, que j’ai eu au marquage, et on ne peut pas s’imaginer qu’ils soient aussi sympas hors du terrain. Comme je l’ai découvert quand il est venu jouer chez nous.

Quelle est votre plus grosse engueulade de vestiaire?

Lors de mon tout premier match dans l’effectif pro, une défaite à Lille. J’avais 18 ans et là, je vois deux personnes emblématiques du club, le président Molinari et Carmelo Micciche, deux personnes qui ont le plus profond respect l’une pour l’autre, se hurler dessus. Dans les moments de tension, les paroles dépassent la pensée et je peux vous dire que ça a sensibilisé la jeune personne que j’étais!

La consigne de Depireux? D’une stupidité sans nom

Quel est le stade le plus fou que vous ayez visité?

Le Vélodrome de Marseille, une fois, on y a gagné alors qu’eux avaient eu deux expulsions. Il avait fallu nous exfiltrer du stade et nous escorter jusqu’à l’aéroport! Un gros bazar! Sinon… Lens. Le plus fou. Vraiment beau, sain, magnifique.

Ses faits d’armes

Formé au FC Metz, où il a joué une décennie complète au sein de l’équipe professionnelle, Cyril Serredszum compte plus de 300 matches professionnels avec les Grenats, mais aussi Montpellier et Martigues. Vice-champion de France 1998 avec le FC Metz, il a également remporté la Coupe de la Ligue en 1996 et la Coupe Intertoto en 1999.

Devenu entraîneur, l’ancien milieu de terrain désormais âgé de 51 ans a été adjoint à Metz, mais aussi à Strasbourg. Au Luxembourg, d’abord adjoint de Jeff Strasser au Fola, il en a pris les rênes lors de la saison 2017/2018, avant de s’occuper du Progrès la saison suivante et de reprendre brièvement Pétange en 2020.

Votre plus grosse blessure?

Une pubalgie en 1998, la plus belle année du club. Cela m’a fait rater énormément de matches et c’était dur (NDLR : cette année-là, il ne participe qu’à 16 rencontres alors qu’il en avait joué au moins 30 les quatre saisons précédentes).

Une consigne d’entraîneur que vous n’avez jamais comprise?

Celle du Belge Henri Depireux, qui nous demandait de faire des marquages individuels à l’entraînement. Et si ton joueur marquait, tu devais faire un tour de terrain, pour punition. C’était ridicule : quand une équipe est en infériorité numérique, elle compense. Mais si tu fais des individuelles, impossible. D’une stupidité sans nom.

Vous souvenez-vous du jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière?

Compliqué. J’étais avec les joueurs pros au chômage. Deux ans plus tôt, j’avais retrouvé du boulot comme ça, à Martigues. Mais la deuxième fois, rien. Tu as 32 ans, une famille, donc tu prends la décision de penser à passer tes diplômes d’entraîneur. Alors que physiquement, j’étais bien. J’étais persuadé que j’avais encore quelque chose à offrir à un club pro.