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[C’était mieux avant] Christian Bock : «On voulait rouler avec la Porsche de Fabio Marochi sur le terrain»


L'ancien capitaine du HB Esch est aujourd'hui avocat. (Photo : Laurent Antonelli/Blitz Agency)

À la veille du choc contre les Red Boys, l’ancien capitaine du Handball Esch, devenu président du club depuis peu, revient sur les moments marquants de sa carrière.

Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?

Christian Bock : J’ai joué avec beaucoup de joueurs. En défense, c’est Romain Labonté sans aucune discussion. En attaque, j’ai tendance à dire que c’est Martin Muller, même si j’ai joué avec Omer Sehovic et Alexandros Vasilakis, qui ont également leurs mérites.

Martin a des capacités énormes ! Dans les années où j’étais encore bien sur les jambes, moi non plus, je n’étais pas si mal en défense, mais s’il y avait bien un joueur sur lequel j’avais toujours du mal à défendre, c’était Martin. Il faisait des mouvements tellement imprévus et il arrivait à tirer dans n’importe quelle situation. J’arrivais à défendre sur quasiment tout le monde, mais lui (il soupire)… c’était très difficile. J’ai toujours été content qu’il joue dans mon équipe (il rit).

Et le plus fort que vous ayez affronté ?

Je dirais que c’est Daniel Narcisse. J’ai essayé de défendre, mais c’était carrément un truc impossible (il rit). Il était tellement rapide! On a joué deux fois contre lui, lorsqu’on a joué contre la France (2008 et 2009), à l’époque vainqueur de la Coupe du monde, du championnat d’Europe et qui avait gagné le titre olympique. On a joué contre eux à l’époque où c’était le top du top. Je dirais que de cette équipe-là, les plus forts c’étaient Nikola Karabatic et Daniel Narcisse, mais il y a un match que Karabatic n’a pas joué.

Ses faits d’armes

Le demi-centre a un palmarès long comme le bras avec son club de cœur : huit titres de champion du Luxembourg et sept Coupes nationales. L’ex-international a également participé à la formidable épopée d’Esch lors de la saison 2012/2013 lorsque ses coéquipiers de l’époque et lui avaient atteint la finale de la Challenge Cup, perdue contre Minsk. Sans compter les très nombreux rassemblements auxquels il a pris part avec les Roud Léiwen.

Un joueur que vous avez perdu de vue et que vous aimeriez revoir ?

Wouter Sas ! C’était le pivot qui a joué avec nous lorsqu’on est allés en finale de la Challenge Cup (saison 2012/13). C’était un gars super sympa! Je m’entendais toujours très bien avec lui. Je crois que je l’ai encore croisé une fois après qu’il a quitté le club, j’aimerais le revoir.

Aussi Christian Bolalo. C’est un joueur avec lequel j’ai passé de bons moments à l’époque. Je ne l’ai plus revu depuis dix ans. C’était aussi un gars super sympa ! En un contre un contre lui, oh p*** !, ça faisait toujours mal (il rit). J’étais aussi content qu’il soit dans mon équipe.

Votre plus belle victoire ?

C’était en 2013 lors de la demi-finale de Challenge Cup à Esch contre les Roumains (CSU Suceava). C’était un moment tellement émouvant, c’était incroyable! Je crois qu’après ce match, on n’a plus jamais eu autant de monde dans la salle à Esch. Elle tremblait vraiment! C’était une ambiance incroyable!

En Roumanie, on avait perdu de deux buts et à la maison, on avait gagné de 3 buts à la dernière seconde et donc on s’était qualifiés pour la finale et là, c’était un truc phénoménal. C’était génial !

Le match perdu en Italie, il a vraiment fait mal

Et à l’inverse, votre plus grosse déception ?

Je crois que c’était avec l’équipe nationale en Italie (2017). On avait gagné contre les Italiens à la maison, finalement que d’un seul but alors qu’on menait de 2 buts. Il restait encore 15 secondes, on avait la balle et on l’avait perdue bêtement. On a gagné d’un but alors qu’on aurait pu gagner de 2 ou 3 buts et en fin de compte, en Italie, on a perdu de 2 buts.

Si on avait perdu d’un but avec le score qu’il y avait, on aurait été qualifiés pour la phase 2. C’était le match de barrage. On a perdu en Italie après un voyage pas si facile. La salle là-bas était vraiment incroyablement nulle. Le match perdu là-bas, il a vraiment fait mal.

Votre plus grand fou rire ?

(Il rit). Oh, il y en a plusieurs ! Je me souviens d’une situation où effectivement j’étais mort de rire. Deux semaines avant d’aller en équipe nationale, on avait joué contre les Red Boys. Avant, il n’y avait vraiment pas de cadeaux, ni d’un côté, ni de l’autre. Omer Sehovic avait changé de camp. Avant de venir chez nous, il était aux Red Boys.

Il y avait la situation où Martin (Muller) court en contre-attaque après avoir volé une balle, et Sehovic fait vraiment une faute dure sur lui. Il a tout de suite pris carton rouge. Tout le monde a couru sur le terrain. Martin était entouré par 5-6 joueurs des Red Boys. Lui se fâchait également contre Sehovic. Et on voit Alen Zekan qui est un gars super gentil, je veux le préciser, qui essaye de le frapper au-dessus de tout le monde.

C’est difficile à décrire, mais avec sa main droite, il essayait, au-dessus de quelques joueurs qui faisaient deux mètres, de taper Martin, mais il n’y arrivait pas parce qu’il y avait trop de monde devant lui. Ensuite, la situation s’est calmée. Deux semaines après, on était en équipe nationale. Martin attaquait et, en face, en défense, il y avait Alen. Et Martin gagnait ses duels en un contre un.

Sacha Pulli était également là, et il dit : « Mais Alen, qu’est-ce que tu fais là? Essaye de défendre comme ça ! », et il imite et saute comme Alen le faisait deux semaines auparavant lorsqu’il voulait taper Martin au-dessus de tout le monde. Et là, on était tous morts de rire ! C’était tellement rigolo comme situation (il rit).

On a fait la fête le soir, le matin et le lendemain

Votre plus grosse fête ?

C’était après avoir gagné la Coupe de Luxembourg. Je ne suis plus sûr de la date, c’était en 2010 ou 2011. Je suis presque sûr que c’était contre Bascharage, mais ça peut également être Berchem. Ils portaient un tricot vert (il rit). On a joué tellement de matches en finale contre ces équipes… On a gagné la Coupe après l’avoir perdue 3 ou 4 fois d’affilée en finale. On a vraiment fait la fête !

On était encore jeunes, je crois que j’avais 20 ou 21 ans avec tous les autres. On a fait la fête le soir, le matin et le lendemain. D’abord, on est allés au White avec toute l’équipe, où on faisait tout et n’importe quoi, ensuite on est partis chez quelqu’un, je ne sais plus qui, puis au Pirate.

Le lendemain après-midi, on était au match de la Jeunesse qui, je crois, jouait contre le Fola. Fabio Marochi nous avait prêté sa Porsche et nous, on voulait rouler avec sur le terrain, mais bon, ils nous en ont empêchés bien sûr (il rit). Après le match, on est allés avec la Jeunesse dans leur café. Ensuite, on est allés au Glamour, un bar karaoké où on a chanté toute la nuit.

Je crois que pendant ces 48 heures, j’ai peut-être dormi deux heures, un truc totalement fou (il rit). J’étais crevé pendant longtemps après, mais ça valait le coup.

Votre pire blessure ?

Il faut savoir que ça aussi, c’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles j’ai arrêté de jouer. Au cours de ma carrière, quand même 30 années de handball, je n’ai jamais été très gravement blessé. Je n’ai jamais dû arrêter plus de 2-3 semaines à cause d’une élongation ou autre. La pire des blessures, c’étaient les inflammations chroniques au niveau de mes tendons d’Achille. Parce que ça, ça traînait.

Ce n’étaient pas des blessures qui faisaient en sorte que je n’arrivais plus du tout à jouer, mais je jouais toujours avec des douleurs quand même assez importantes. C’est vraiment la pire que j’ai eue, parce que toutes les autres que j’ai eues, j’étais vraiment très chanceux.

Aujourd’hui

Après avoir évolué tout au long de sa carrière du côté d’Esch, d’abord à la Fraternelle puis au Handball Esch (né en 2001 de la fusion entre le HC La Fraternelle Esch et le HB Eschois Fola), l’un des enfants du club, aujourd’hui âgé de 34 ans, a récemment troqué sa tenue de joueur pour celle de président. Un poste que l’ex-joueur occupe depuis l’été dernier, en parallèle de son métier d’avocat spécialisé dans le contentieux et de son rôle de papa.

L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?

J’aimerais en dire deux. Otto Heel, l’entraîneur roumain qui était quand même pendant longtemps dans le club d’Esch, à qui on doit pas mal de mérite. Il a beaucoup et bien travaillé avec nous, avec les jeunes. Je l’ai eu en catégorie de jeunes et aussi en senior. C’était vraiment un entraîneur super bien!

Et puis, Maurizio Parisotto. C’est aussi une légende du handball luxembourgeois. Sur lui, je peux également raconter quelques anecdotes où j’étais mort de rire. On avait fait un match pas si bien à Pétange, mais on avait gagné de 13 ou 15 buts et là, après le match, il vient dans les vestiaires et il dit : « Les gars, aujourd’hui, vous étiez tellement nuls, maintenant je rentre, je vais vomir (il rit) ».

La semaine d’après, il nous a réunis avant l’entraînement, il aimait toujours les comparaisons tirées par les cheveux. Il y avait Jeff Decker qui jouait chez nous et aussi en équipe nationale, vraiment un bon joueur. Le coach le regarde et lui dit : « Je crois que je dois être méchant, oh eh non, je ne vais pas te le dire.

Finalement si ! Jeff, tu es comme une vache sur la prairie en train de brouter l’herbe, mais ça ne marche pas comme ça. Tu dois être comme un loup, pas comme une vache (il rit) ». Nous, on était en train de nous demander ce qu’il racontait.