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«C’est plus fort que moi» : pendant douze ans, il viole régulièrement son épouse


Ses besoins pas encore assouvis, il revenait à la charge, poursuit le policier. «Pendant l’acte, il lui demandait de se laisser faire.» (photo archives LQ)

Incapable de résister à son épouse, ou à ses propres envies, le prévenu lui réclamait des rapports sexuels quotidiens. Quand il ne les obtenait pas, il n’hésitait pas à se servir.

Sans vergogne, douze ans durant, Delmar aurait abusé sexuellement de son épouse, passant outre ses refus, en usant de violences légères ou en l’assaillant pendant son sommeil. Ce Portugais de 42 ans aux forts besoins sexuels, selon un expert neuropsychiatre, est également accusé d’attentat à la pudeur.

Dépressive et souffrant de maladies psychosomatiques depuis les faits, l’épouse craignait de les dénoncer de peur qu’on lui retire ses enfants. En 2019, elle a fini par demander le divorce, après un séjour en hôpital psychiatrique. Elle portera plainte le 15 avril 2021.

Delmar reconnaît ce dont il est accusé, sauf d’avoir été violent envers son épouse. «Je ne lui ai jamais fait de mal», a-t-il assuré hier après-midi, à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Le prévenu aurait été en demande de rapports sexuels quotidiens, selon un enquêteur. La victime présumée obtempérait parfois, pour être une «bonne épouse», mais souvent, ses besoins pas encore assouvis, l’homme revenait à la charge, poursuit le policier. «Pendant l’acte, il lui demandait de se laisser faire.» Même la demande de divorce ne l’aurait pas arrêté. Ni les promesses faites à son épouse et à ses enfants.

«C’est plus fort que moi», aurait confié le prévenu à son fils aîné lors d’une discussion en famille. «Il avait conscience qu’il ne devait pas agir de la sorte. Il nous a dit que l’envie d’elle était trop forte», a précisé le policier. «Sa femme est tout pour lui et il n’arrive pas à résister. Il a reconnu la violer plusieurs fois par mois. Le prévenu reconnait avoir fait une erreur impardonnable.»

«Rien ne vous arrête»

Face aux juges, le prévenu ne sait pas comment expliquer ses assauts répétés. «Je n’ai pas réfléchi.» «Nous ne sommes pas des animaux», lui rappelle la présidente, indiquant que ce qu’il avait fait était un viol.

«Même une fois, c’est interdit. Comment vous est venue l’idée d’avoir des relations sexuelles avec votre épouse pendant qu’elle dormait ?», s’étonne-t-elle. «Elle n’avait pas souvent envie, il fallait la pousser un peu», poursuit le prévenu. «Il faut la respecter», répond la juge.

Delmar se contredit. Il devait la pousser, mais il explique ensuite «qu’elle me provoquait quand je rentrais du travail, et après, elle n’avait plus envie. Elle m’embrassait ou me posait la main sur le sexe» et d’ajouter «elle avait des orgasmes.»

La juge lui reproche d’avoir continué, sans prendre en compte les signes de contestation de son épouse, et n’avoir pensé qu’à ses propres envies. «Vous voyez du consentement partout. Si elle n’a pas envie, peu importe qu’elle dorme, qu’elle pleure, se débatte, refuse.»

L’affaire est sordide. Le prévenu encaisse les constats de la juge sur la vie intime de son couple. «Rien ne vous arrête. Quand on aime son épouse, on la respecte.» L’épouse a confié jeudi se sentir «diminuée en tant que femme». Elle a souhaité se porter partie civile, mais est venue à l’audience sans avocat. Le tribunal lui a cependant conseillé «d’en consulter un pour faire valoir ses droits» au mieux. «J’étais tellement mal psychologiquement, que je n’ai pas songé à m’occuper de cela», a expliqué la victime.

Le tribunal et le procureur se sont chargés de lui trouver un avocat pour l’assister et l’aiguiller quant aux justes montants à réclamer. «Vous devez le contacter dès demain matin, pour qu’il prépare une constitution de partie civile», lui conseille la présidente de la 13e chambre criminelle.

«Nous reprendrons les débats en présence de votre avocat.» L’audience a donc été interrompue et l’affaire a été refixée pour continuation, le 10 janvier au matin.