Les cheffes et chefs de fraction des différents partis siégeant à la Chambre des députés réagissent au sortir de la toute première allocution du nouveau Premier ministre devant le Parlement.
Sven Clément (Piraten) : « La cohérence n’était pas réellement au rendez-vous aujourd’hui »
« C’est un discours succinct qui n’a pas vraiment surpris. La surprise vient peut-être du fait que certains chapitres ont été évoqués de façon très brève, comme, le sport ou la culture, entre autres. On a beaucoup parlé de procédures de digitalisation et pourtant on a nommé une ministre à la digitalisation qui n’a encore jamais dit un seul mot sur ce sujet. Cela m’étonne que le discours prenne cette tournure très digitale et procédurale alors que les nominations aux ministères ne sont pas cohérentes.
En même temps, cela ne m’étonne pas tant que ça puisque l’on parle beaucoup de changements dans l’éducation et l’on reconduit le précédent ministre. La cohérence n’était pas réellement au rendez-vous aujourd’hui. Quant au sujet du logement, le discours a été à la hauteur en termes de quantité et de contenu mais pas en termes de qualité.
Je pense qu’on aurait pu vraiment aller plus loin dans les détails, notamment évoquer la question de la demande, de la façon dont on aide les locataires et les primo acquérants. Maintenant, les aides se tournent plutôt vers les grands promoteurs. Sont ils ceux qui ont vraiment besoin d’aide ? »
Taina Bofferding (LSAP) : « Je ne suis pas sûr de leur vision sur la société »
« Je suis vraiment déçue. Le logement est la priorité numéro une au Luxembourg et on retrouve, au gouvernement, un ministre qui a d’autres ressorts en plus du logement. Quant aux mesures, il n’y a pas de nouveauté.
Bien au contraire, il parle d’amortissement accéléré, de mesures qui ont été supprimées car elles n’avaient pas d’effet sur les prix. Franchement, c’est une approche très conservatrice qu’on retrouve dans ces différentes mesures. Je ne suis pas sûre de leur vision sur la société et de leur capacité à résoudre les problèmes au Luxembourg. »
Sam Tanson (déi Gréng) : « Donner l’impression que la protection de la nature est un bagage trop lourd à porter »
« Je crains que la coalition CSV-DP ne devienne vraiment couteuse pour les citoyennes et les citoyens. Notamment pour les plus vulnérables dans notre société. Ce que nous constatons, c’est que le gouvernement fait un véritable pari sur l’avenir du pays et on ne sait pas si ce pari sera réussi.
On risque un manque de financements pour compenser toutes les baisses d’impôts qui sont décidées. D’autant plus que nous n’avons toujours pas tous les détails nécessaires. Beaucoup de principes sont énoncés comme l’amortissement accéléré, le Bëllegen Akt pour les personnes qui vont acheter des logements pour les louer… Mais nous n’avons aucune information quant à la durée de ces mesures, qui sont apparemment limitées dans le temps, ni sur la limitation des propriétés immobilières auxquelles ont fait référence.
Ce que je regrette aussi, c’est que ce discours mette le logement et la protection de la nature en opposition, ce qui est complétement dépassée. J’espère vraiment que le gouvernement passera en mode majorité pour mobiliser les citoyennes et les citoyens plutôt que de leur donner l’impression que la protection de la nature est un bagage trop lourd à porter. »
Fred Keup (ADR) : « Certains points dans le programme reviennent un peu au programme de l’ADR »
« Nous ne ferons pas l’évaluation du Premier ministre sur ce qu’il a pu dire aujourd’hui mais plutôt sur ce qu’il aura fait de bon sur les cinq années de la période législative.
Concernant le logement, nous trouvons les idées très intéressantes, même si l’on juge certaines choses encore très vagues. Aussi, certains points dans le programme, notamment sur la sécurité, reviennent un peu au programme de l’ADR. L’amortissement accéléré, la diminution des impôts sur les plus-value, nous conviennent également. Il faut surtout éviter une crise dans le bâtiment et dans la construction. J’aurais aussi aimé qu’on réduise la TVA. »
Marc Baum (déi Lénk) : « C’est de la dynamite sociale que ce gouvernement est en train de préparer »
« D’un côté, il y a un tas de mesures prononcées en faveur des grandes entreprises, des grandes fortunes. De l’autre côté, il n’y a rien concernant les questions des inégalités sociales. C’était un discours dont la vision fait qu’au bas de l’échelle rien ne va changer et qu’en haut, on fera que les riches deviendront plus riches. C’est de la dynamite sociale que ce gouvernement est en train de préparer avec cette politique néo libérale orientée vers les entreprises et les grands bénéfices. Côté travailleurs et salariés, il y a de la flexibilisation et cela va toujours, avec un gouvernement de droite, contre les intérêts des salariés. Des confrontations sociales se dessinent déjà.
Quant à l’index, pour moi, il n’est pas maintenu. C’est un index qui joue lorsqu’on n’en a pas besoin. S’il y a vraiment une grande inflation, l’index sera réduit à une tranche qui sera payée automatiquement, tout ce qui est au-dessus est à discuter, à négocier. Enfin les mesures proposées pour le logement, ce sont celles qui ont été appliquées dans les années 90-2000. On mise tout sur le marché privé. L’expérience des 20-30 années montre que le marché privé n’a pas réussi à résoudre le problème. Bien au contraire, il était la source du problème. »
L’opposition s’oppose.
Quelle surprise!