Depuis une décennie, le centre Altrimenti propose, grâce à de nombreuses activités, un lieu d’échange et de culture ouvert à tous.
«Au début, nous avions plus une acception italienne, mais très vite nous sommes allés vers les autres.» En quelques mots, Monica Renna, la chargée de communication d’Altrimenti, résume très bien son association. Ce centre culturel, en plein cœur de la capitale, a vu le jour il y a 10 ans et accueille, grâce à ses différentes activités, un public très divers.
Pour de nouveaux arrivants, il est parfois difficile de se faire une place, le centre permet donc à chacun de mieux s’intégrer. «Nous sommes un lieu très familial.» Pour créer un tel foyer, l’association accompagne des artistes et soutient leur création. «Nous travaillons avec de grands principes et des valeurs. Notre philosophie, c’est que nous sommes ouverts à tous.»
Tous types de spectacles peuvent voir le jour grâce à Altrimenti, même si l’association ne peut pas répondre à toutes les demandes. «Nous devons faire une sélection. Pour le public, il est intéressant de découvrir de nouvelles choses.» C’est de cette manière que la petite équipe de cinq personnes a choisi de mettre en lumière un spectacle de théâtre coréen, le genre d’initiative que le public n’a pas l’habitude de voir.
Mais le centre peut aussi aider des artistes amateurs à créer leurs spectacles, souvent difficiles à monter sans aucun accompagnement. «Nous avons aussi organisé beaucoup de conférences les années passées. Nous accueillons des débats avec des associations et des ONG. Ce ne sont pas des conférences horizontales mais des espaces de dialogues. Aujourd’hui, les gens n’ont plus forcément la possibilité de participer à des débats citoyens.»
De la zumba à la programmation
À côté de ces rendez-vous culturels, dont la programmation évolue au fil de l’année au gré des rencontres d’Altrimenti, le centre donne également de nombreux cours. Théâtre, zumba, swing, taï-chi, programmation informatique… la liste est longue et reflète la diversité culturelle si chère au site. L’équipe elle-même s’étonne de certaines des propositions.
«Je n’aurais jamais pensé voir un cours de danse « Bollywood »», reconnaît Monica Renna. «Récemment, nous avons reçu une demande pour des cours d’opéra, car ce n’est apparemment pas possible au conservatoire.» Mais la vocation sociale n’est jamais très loin. Des séances de français permettent ainsi d’aider des étrangers à mieux s’intégrer à leur arrivée au Grand-Duché.
Depuis la rentrée, des leçons de musique sont également proposées grâce à un partenariat avec Le Nid des talents. «Par la suite, nous aimerions proposer des cours de comédie musicale.»
Mais gérer au quotidien une association de la sorte n’est pas chose facile. Le centre se finance essentiellement grâce à ses propres activités, que ce soit les cours ou les entrées aux spectacles. Des rentrées d’argent nécessaires car les pouvoirs publics ne lui apportent que peu de soutien.
«On veut rester indépendants, il faut donc assumer, mais c’est plus compliqué. Notre travail est tout de même reconnu. Nous avons reçu 20 000 euros de la part du ministère de la Culture pour soutenir la création», précise Monica Renna. Mais là aussi, pour créer de véritables synergies, il faudrait dialoguer. «Il faut chercher comment nous pourrions jouer un rôle à côté des institutions.» Le tout en permettant à Altrimenti de rester libre de s’organiser comme le souhaitent ses membres.
Mais l’association, qui devra déménager dans quelques années (voir encadré), doit chercher de nouveaux financements si elle souhaite continuer son travail. «Nous souhaitons organiser des partenariats privés et trouver un modèle économique innovant et durable.» Le but étant évidemment de ne pas transiger avec les valeurs de l’association. Et aller vers des entreprises qui s’accordent avec cette fameuse philosophie que l’association cultive maintenant depuis 10 ans.
Un Nid pour faire éclore les talents
Depuis la rentrée, le centre social s’est associé au Nid des talents, une école qui enseigne la musique avec des méthodes moins conventionnelles que les autres. Ses débuts ont été pour le moins mouvementés. «Nous l’avons fondée en mars 2020, à la veille du covid», raconte Giusi Mazzella, l’une des cofondatrices.
Malgré la crise sanitaire, la petite école grandit peu à peu grâce aux cinq enseignants qui dispensent des cours de rythmique, de guitare, de harpe et de violon. «Pour la rythmique, nous utilisons la méthode Dalcroze. Celle-ci part du corps et des sens pour découvrir et comprendre la musique. Les enfants regardent le professeur et reproduisent, c’est une approche plus logique.»
Ce n’est que par la suite que la musique est retranscrite de manière plus traditionnelle. Par cette approche, la méthode Dalcroze est adaptée même aux plus jeunes. Les cours d’instruments suivent quant à eux les principes du violoniste Shin’ichi Suzuki. Là aussi, l’apprentissage passe par l’imitation.
L’école accueille uniquement les enfants, à partir de deux ans, mais aimerait s’ouvrir aux parents. «Dans la méthode Suzuki, ils sont impliqués et assistent aux leçons pour aider ensuite leurs enfants.» Un jour, Le Nid des talents aimerait donc apporter le même accompagnement aux parents. «C’est un système positif qui place l’enfant au centre et ne le met pas dans une case.»
Séduit par cette approche, qui rejoint sa propre philosophie, Altrimenti a choisi d’accompagner le Nid en récupérant la gestion de l’administratif pour permettre à l’équipe pédagogique de se consacrer uniquement aux cours. «Ils font aujourd’hui partie de notre projet», résume Monica Renna.
Un nouveau site à trouver
Situé sur l’avenue Marie-Thérèse, dans un ensemble de bâtiments accueillant plusieurs activités, le centre culturel devra déménager dans les années à venir. «Tout va être détruit dans 3 ou 4 ans», explique le directeur d’Altrimenti, Diego Lo Piccolo. «On ne sait pas encore où on va aller, ce n’est pas évident de trouver un endroit. C’est un projet important qui doit prévoir beaucoup de places.»
Le centre est déjà un peu à l’étroit sur son site actuel et manque de places de parking pour accueillir tous ses utilisateurs. Si Monica Renna a contacté la Ville pour tenter de trouver un nouvel endroit, celle-ci n’a pas donné suite. L’association est pourtant preneuse même d’un lieu désaffecté qui, une fois rénové, pourrait l’accueillir avec toutes ses activités et ses utilisateurs.