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Centrale thermique d’Esch : dans un mois, on ne la verra plus…


Pièce par pièce, les ouvriers démantèlent ce qu'il reste de la structure : un squelette lugubre et poétique quand le jour tombe sur la Métropole du fer. (photos Hubert Gamelon)

Le démantèlement de la centrale thermique a pris du retard, la commune refusant l’utilisation d’explosifs. En attendant, retour sur un chantier technique et plein de défis.

Jour après jour, la centrale thermique d’Esch-sur-Alzette fond comme neige au soleil. Pièce par pièce, les ouvriers démantèlent ce qu’il reste de la structure : un squelette lugubre et poétique quand le jour tombe sur la Métropole du fer. «On devait abattre le dernier bâtiment à l’explosif, explique Christophe Ory, responsable du chantier pour ArcelorMittal, propriétaire des lieux. Nous avons eu les autorisations du côté français, mais pas du côté luxembourgeois.»

Résultat, la fin du démantèlement a été repoussée en juin, contre décembre 2016 au départ. «Un démantèlement au sol aurait été plus simple», glisse Christophe Ory, qui ne comprend pas pourquoi la ville d’Esch-sur-Alzette a refusé le procédé à l’explosif. L’ancienne centrale avait pourtant été vidée de tous ses éléments polluants, l’amiante en premier lieu.

Amiante : 500 tonnes traitées et évacuées

«Nous avons sorti 500 tonnes d’amiante en tout», précise Valentin Zoller, responsable chez Depolux Works, une entreprise spécialisée. Pour chaque partie du bâtiment, un isolement strict des zones avait été mis en place. «Nous travaillons par espaces confinés et sas de sécurité, reprend Valentin Zoller. Aucune fibre d’amiante ne devait quitter le site à l’air libre.» Les agents de dépollution ont travaillé avec des combinaisons intégrales (du style cosmonaute…) et des douches de décontamination à la sortie. Les 500 tonnes d’amiante ont été envoyées dans une déchetterie spécialisée en Allemagne. Depolux Works en a profité pour répertorier le nombre d’applications (isolation, colle…) liées à l’amiante : une centaine ! Luxcontrol, organisme de certification indépendant, a supervisé toutes les opérations. «Ainsi que l’idée plus large du tri bien fait», souligne Élise Mathien, une responsable du dossier. Le béton avec le béton, les restes d’huile avec les restes d’huile, etc.

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En dehors de la dépollution, le démantèlement d’un tel site est un défi incroyable, «plus qu’une construction, compare Christophe Ory. Toutes les pièces sont liées, on n’a pas le droit à l’erreur. À ce titre, nous n’avons eu aucun blessé sur le chantier, c’est une fierté.» Trois entreprises (Bonaria, Depolux, Liesegang) ont été mandatées avec des pointes de 80 ouvriers par jour.

À la fin du mois d’avril, le site sera entièrement démonté. Début juin, le travail au sol sera achevé. On ne verra plus au loin l’ancienne centrale thermique qui jadis chauffait tout un quartier, grâce au gaz tiré des hauts-fourneaux de Belval. Des dizaines d’hectares de terrain libres vont être dégagés à la frontière avec Audun-le-Tiche, d’ici deux ans… quel potentiel !

Hubert Gamelon

[Vidéo : un paysage lunaire, avec vue sur Belval]

Des dizaines d’hectares libres

Beaucoup de place va être libérée à Esch-sur-Alzette, sur l’ensemble des Terres Rouges (frontière avec Audun), avec le démantèlement des anciennes installations sidérurgiques. Voici le potentiel :

Centrale thermique : un hectare libéré. Mais la centrale était construite sur un ancien crassier. Une entreprise va démanteler le crassier pendant deux ans avant de libérer les lieux. Le laitier dans le sol, une sorte de crassette d’acier, sert pour construire des routes.
Crassier Terres Rouges : 28 hectares du côté eschois, 60 hectares côté français ! Le Crassier Terres Rouges désigne le site des environs de la centrale thermique. Il reste de nombreuses installations à démanteler.
Lentille Terres Rouges : 11 hectares potentiels. Il s’agit du site derrière la voie ferrée du quartier Hiel. Il reste aussi des installations. Tous ces hectares appartiennent à ArcelorMittal. De coûteuses tractations pourraient avoir lieu avec l’État luxembourgeois d’ici deux ans, quand une bonne partie du site du Crassier Terres Rouges sera définitivement libre. Un potentiel énorme pour Esch-sur-Alzette, qui ne peut plus se développer vers Schifflange… À quel prix ?