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Célibataires : un gain fiscal de 2 500 euros à partir de 2028 ?


Le ministre des Finances, Gilles Roth (2e à g.), a présenté hier en commission parlementaire les pistes retenues pour introduire un barème d’imposition unique.

Un célibataire avec un revenu de 50 000 euros bruts figurerait parmi les gagnants de la réforme fiscale. Mais il ne sera pas seul : l’objectif est qu’aucun contribuable ne soit perdant.

L’équation n’a pas été simple à résoudre, mais le ministre des Finances, Gilles Roth, se dit confiant quant à la solution trouvée avec ses équipes, ouvrant la voie à une individualisation de l’imposition, au travers d’un barème unique. Avec, à la clé, une promesse majeure : personne ne doit être perdant avec le nouveau régime.

Le futur système d’imposition va être basé sur l’actuelle classe 1a. L’ensemble des classes existantes (1a, 1 et 2) doivent être supprimées pour faire place à une seule classe d’imposition, afin de tenir compte de l’évolution de la société.

«Avec l’individualisation, chaque modèle familial sera traité et imposé de la même manière. C’est avant tout une question d’équité», soulignait le Premier ministre, Luc Frieden, lors de sa déclaration sur l’état de la Nation. Le ministre Gilles Roth a répété ces propos, hier, lors d’une réunion de la commission des Finances. Selon le compte rendu, publié sur le site de la Chambre, la réforme «doit répondre à la réalité sociale actuelle en prenant en compte les modes de vie d’aujourd’hui, sans donner un avantage particulier aux personnes selon le fait qu’elles sont mariées ou pas».

Le barème unique va s’appliquer, au plus tôt à partir de 2028, aux contribuables des classes 1 et 1a, ainsi qu’aux nouveaux couples pacsés et mariés. Les couples déjà mariés ou pacsés (classe 2) ne vont pas devoir renoncer à leurs avantages fiscaux actuels. La phase de transition sera cependant limitée à 20 ans. Gilles Roth précise qu’«une grande majorité» des personnes mariées ou pacsées auraient, au vu de leurs revenus et situations de famille, intérêt à opter, dès son entrée en vigueur, pour le nouveau barème. Un retour en arrière ne sera pas possible.

Hier, le ministre des Finances a présenté un nombre limité d’exemples de calcul. Les célibataires (classe 1) pourraient figurer parmi les plus grands bénéficiaires de la réforme. Une personne vivant seule, touchant un revenu annuel de 50 000 euros bruts, verrait sa charge fiscale diminuer de quelque 3 070 à 5 570 euros, soit un gain de 2 500 euros par an. Plus globalement, les personnes aux revenus plus faibles devraient sortir gagnantes de la réforme.

Un coût d’au moins 800 millions d’euros

Selon Fred Keup (ADR), les couples mariés risquent, en revanche, d’être plus lourdement mis à contribution. Il a notamment confié à nos confrères du Tageblatt que, selon les chiffres présentés, les conjoints disposant tous les deux d’un revenu de 50 000 euros bruts par an paieraient 6 000 euros d’impôts. Or, si dans ce même couple, un conjoint touche 100 000 euros et l’autre ne travaille pas, le ménage devrait payer 21 000 euros. Une injustice aux yeux de l’élu, qui estime que les gens optant pour un modèle familial traditionnel, où un des conjoints décide de s’occuper des enfants, est pénalisé.

En commission, le ministre des Finances a renvoyé vers la longue période de transition. Il a également défendu le choix politique de mettre en place un système fiscal adapté à la réalité de vie de la majorité des contribuables. 

La réforme devrait avoir un coût situé entre 800 et 900 millions d’euros par an. Des pistes pour contrefinancer l’imposition individuelle sont encore à l’étude, mais, selon Gilles Roth, le gouvernement pourrait renoncer à adapter le barème aux dernières tranches indiciaires, ce qui pourrait permettre de réduire de moitié le déchet fiscal en 2028.

Après les députés, le ministre des Finances a présenté ses pistes de réforme aux syndicats et au patronat. Il espère ficeler un projet de loi pour 2026, avec l’objectif que la réforme puisse entrer en vigueur au 1er janvier 2028.

Les allocations familiales
pourraient augmenter

Afin que la réforme fiscale ne pénalise pas les contribuables avec enfants, le ministre des Finances envisage d’augmenter, le cas échéant, les allocations familiales. Une autre piste est l’introduction de crédits d’impôt spécifiques. Plusieurs élus de l’opposition ont demandé à Gilles Roth de tenir compte du coût que représente un enfant à charge.