Pédiatrie d’urgence : «Ce n’est pas à l’ambulancier de faire le tri»

Pour quelques points de suture, le CGDIS conduit les enfants à la Kannerklinik plutôt qu’au service pédiatrique d’urgence à Ettelbruck. Pour les petits bobos, mieux vaut éviter l’ambulance.

L’ombudsman pour les droits de l’enfant avait mené une enquête auprès de parents et de professionnels de la santé et de la pédiatrie sociale entre mi-novembre 2023 et fin janvier 2024. Dans son dernier rapport, le Nord du pays était clairement identifié comme la zone géographique la plus déficitaire en termes d’accessibilité aux soins pédiatriques.

Le centre hospitalier du Nord (CHdN) avait été sensible à cette remarque, d’autant qu’il venait d’ouvrir le 1er février dernier, son service de pédiatrie de proximité, sept jours sur sept de 8 heures à 20 heures. L’ombudsman avait tout juste eu le temps de mentionner cette ouverture dans son rapport final.

Depuis, ce service accueille une quarantaine de patients chaque jour, soit quatre fois plus que les années précédentes, précisait l’hôpital du Nord en avril dernier. Et il soulève aussi de nombreuses questions de la part des députés. La dernière en date a été posée par les députées libérales Corinne Cahen et Carole Hartmann, interpellées par le fait que les enfants nécessitant des soins mineurs, comme quelques points de suture, sont systématiquement conduits vers la clinique pour enfants de Luxembourg (Kannerklinik).

«Le problème a fait l’objet de longues discussions et finalement, nous avons décidé que ce n’est pas à l’ambulancier de faire le tri et qu’un temps précieux peut être gagner en envoyant les ambulances directement à Luxembourg», nous explique le directeur médical du CHdN, Jean-Marc Cloos.

Cette précision apparaît d’ailleurs sur le site Internet de l’hôpital. Toutes les ambulances, ou presque, sont envoyées à la Kannerklinik «même avec des blessures mineures comme des plaies qui nécessitent quelques points de suture», comme le constatent les deux députées.

40 patients par jour

Cela étant, le service pédiatrique à Ettelbrück est capable de suturer une plaie. Si un parent arrive avec son enfant présentant une blessure mineure, il sera pris en charge par les équipes sur places.

La ministre de la Santé, Martine Deprez, informe d’ailleurs qu’au titre de cette année, 16 % des enfants transportés par le SAMU ont été pris en charge au service du CHdN alors que les autres patients ont dû être transportés à la Kannerklinik en raison de la gravité de leur état de santé. Il est vrai que certains cas auraient pu être pris en charge dans le Nord mais, dès que l’ambulance du CGDIS est appelée pour un enfant de moins de 16 ans, elle se dirigera vers Luxembourg, sauf rare exception.

Si seuls les cas légers et modérés sont pris en charge aux urgences, il n’est pas nécessaire, non plus, de faire systématiquement appel à une ambulance pour le moindre bobo. «Ne prenez pas une ambulance si ce n’est pas grave», conseille le Dr Jean-Marc Cloos. La ministre, rappelle que le site d’Ettelbrück «ne constitue pas un service d’urgences pédiatriques au sens de la loi du 8 mars 2018 relative aux établissements hospitaliers et à la planification hospitalière». Cette loi ne reconnaît qu’un seul service national de pédiatrie spécialisée qui est la Kannerklinik du CHL.

Quarante patients par jours, cela démontre combien la région avait besoin de cet appel d’air. «Le service des urgences pédiatriques est ouvert pendant douze heures, ce qui nous donne une moyenne d’environ trois patients par heure, et 20 minutes chacun. Les équipes restent plus longtemps, nous ne prenons plus de nouveaux patients après 20 heures, mais les soins se poursuivent en salles, tard le soir», témoigne le directeur médical de l’hôpital du Nord.

Il n’y a aucun temps mort dans le service qui travaille à flux tendu. Il ne faudrait pas qu’une épidémie, comme la bronchiolite, vienne s’abattre dans nos régions.

Quant aux députées qui désirent encore savoir si les horaires d’ouvertures du service peuvent être éventuellement revues, la ministre répond qu’un élargissement des heures d’ouvertures du service n’est pas envisagé. Le CHdN dispose d’un pédiatre de garde en pour les urgences néonatologiques internes 24h/24.