Comme chaque mercredi, l’ancien sélectionneur du Luxembourg Guy Hellers pose son regard sur le foot local et international. Ça pique, c’est passionné et ça vibre football ! Morceaux choisis…
Roud Léiwen : et l’amour du maillot ?
Sincèrement, je ne pige pas. «Kiki» Martins retourne dans son club à Troyes plutôt que de jouer contre la Moldavie avec l’équipe nationale luxembourgeoise. La FLF et le sélectionneur laissent faire. On en est là maintenant. Le joueur et son club décident de la sélection du Luxembourg, selon leurs propres besoins et envies. Grave, triste et incohérent. Incohérent, oui. Voyez l’histoire Jans et le FC Metz. Le match en Moldavie était bradé. Si les couleurs et le maillot luxembourgeois ne représentent pas plus que ça aux yeux des responsables de la FLF et du sélectionneur, alors, ils ne méritent pas de représenter notre football. En laissant s’en retourner un pion important comme Martins, le message que les responsables FLF et le sélectionneur délivrent est incompréhensible et ouvre la porte au fonctionnement d’une colonie de vacances. Je suis écœuré par cette histoire.
Huit-clos : «Un message contre-productif»
Le match entre le Luxembourg et le Belarus aurait dû être, avec les exploits du F91 Dudelange en Europa League, un autre moment historique du football luxembourgeois. Selon le sélectionneur Luc Holtz, c’était même le match le plus important de l’histoire du football grand-ducal. En préparant un match de cette importance, tout doit être entrepris pour que l’équipe se retrouve dans les meilleures dispositions et conditions. À mon avis, c’était loin d’être le cas. Il y a eu beaucoup trop d’erreurs de casting de la part du sélectionneur pour pouvoir prétendre à un résultat positif contre le Belarus. Le premier couac, l’exclusion et le «boycott» de la presse lors du stage de préparation à Lipperscheid. De la pression, il y en avait, normal. Au lieu de laisser les joueurs dans leurs habitudes, le sélectionneur, avec ce faux pas, remettait une couche concernant l’importance du match contre les Biélorusses. Je crois que la psychologue, qui s’occupe de temps en temps de l’ensemble FLF, si elle a été consultée, aurait bien fait de rappeler au sélectionneur que ce message était néfaste et contre-productif.
«La sélection est gérée comme un club fermé»
Je me demande comment le sélectionneur Holtz juge ses joueurs durant le stage de préparation. Plusieurs joueurs qui ont entamé la rencontre étaient à côté de leurs pompes. Il y avait ceux qui étaient fatigués de la charge des matches à répétition depuis la reprise de la saison, et ceux qui ne jouent que très rarement ou pas du tout dans leurs clubs respectifs, et ceux qui reviennent tout juste de blessures.
Dans tous les cas cités, ces joueurs étaient loin d’être aptes à jouer un match de cette envergure. Ce n’est certainement pas une critique envers les joueurs, mais un simple constat de la situation actuelle. J’ai l’impression que la sélection est gérée comme un club fermé. Il existe des joueurs dans notre championnat qui sont titulaires, qui ont un bon rendement, mais le sélectionneur préfère sélectionner des joueurs qui jouent à l’étranger en 3e, 4e division sans même être titulaire. Parfois, je me demande si le critère de sélection est toujours sportif. L’équipe nationale est sacrée, elle n’appartient à personne mais elle appartient à tout le monde. Certains joueurs sont sûrs d’être titularisés et ne sont pas capables de se faire violence quand il le faut, comme dans des moments difficiles contre l’équipe biélorusse. La saine concurrence, c’est un des secrets de la réussite. Je constate également que dans l’équipe il n’y a personne qui sait prendre la direction des combats. Parfois, sur un terrain il faut «bouger» un coéquipier pour qu’il se remette les idées en place pour le bien de l’équipe.
Guy Hellers