Comme chaque mercredi, l’ancien sélectionneur du Luxembourg Guy Hellers pose son regard sur le foot local et international. Ça pique, c’est passionné et ça vibre football ! Morceaux choisis…
«À moins que Flavio Becca ne nous refasse un remake du côté de Hesperange…»
L’évènement Coupe d’Europe version F91 Dudelange m’a tenu en haleine durant six mois. Six mois durant lesquels, j’ai été fier et content que le club de ma ville, Dudelange, fasse la une des médias locaux et européens. La belle histoire, dont l’auteur n’est autre que Flavio Becca et avec le F91 dans le rôle principal, s’est terminée jeudi passé contre le Betis Séville. Quel scénario historique et complètement dingue : d’abord le tour de qualification contre le Legia Varsovie (et un certain Chris Philipps).
Ensuite les matches de barrages contre Cluj pour arriver à l’inoubliable et stressant tirage au sort pour finalement atterrir dans la phase de groupes avec l’AC Milan, le Betis Séville et l’Olympiakos. Il faut le faire passer tout doucement par ces méninges pour se rendre compte et savourer. C’est certainement une des plus belles pages que le football du Grand-Duché de Luxembourg a vécu là. Je ne crois pas que le petit monde du football luxembourgeois reverra de sitôt une telle campagne européenne. À moins que Flavio Becca ne nous refasse un remake du côté de Hesperange. Il en est capable et je n’en doute point.
Il serait utile et nécessaire que la FLF et son président, Paul Philipp, accompagnent et permettent à nos clubs européens de se hisser à un niveau plus huppé que celui qui est actuellement pratiqué en BGL Ligue. Il me semble que c’est quand même un objectif sportif exaltant et noble pour une fédération sportive et son président de voir évoluer les clubs européens dans ce sens. C’est même un devoir et une obligation morale envers les adeptes du ballon rond luxembourgeois. Exemple : un des problèmes qu’a connu le F91, c’est l’intensité lors des échanges européens. Après 60 minutes, la tâche des joueurs de Dino Toppmöller s’est compliquée considérablement sur le plan physique. Conséquence logique, la concentration a laissé à désirer et des fautes individuelles ont surgi. Il faut instaurer un championnat BGL Ligue à huit équipes.
Tous les matches seront beaucoup plus intenses parce qu’il n’y aura que les meilleurs qui vont s’affronter entre eux. Chaque sportif, indépendamment de la discipline sportive qu’il pratique, le sait. On progresse uniquement (et on devient meilleur) quand les meilleurs se retrouvent et s’affrontent entre eux au niveau d’un championnat ou d’une compétition. Le président Paul Philipp le sait aussi, mais… Mon impression : les clubs luxembourgeois n’ont pas la même valeur aux yeux de notre président que la sélection nationale. Du côté de Mondercange, il me semble qu’on procède de la sorte. Alors, pourquoi faire deux poids deux mesures? Allez, je me calme….
Betis : «Prendre ce point est une performance extraordinaire»
Dommage que le terrain ait été à la limite du praticable lors de la dernière rencontre contre le Betis Séville. La pelouse du Josy-Barthel n’était pas digne d’un match d’Europa League. Le spectacle en a pâti et n’était pas à la hauteur de l’évènement. À cause du sol verglacé, certaines glissades et cabrioles des joueurs étaient à même de figurer dans l’une des chorégraphies de Katarina Witt. Encore heureux qu’il n’y ait pas eu de blessures graves, à part le claquage de Clément Couturier.
De ce match je veux surtout retenir la performance cinq étoiles du régulateur Stelvio Cruz et les réflexes de Bonnefoi. Mais ce qui va rester accroché dans ma mémoire de cette dernière soirée de l’Europa League du F91 Dudelange, c’est avant tout le résultat de 0-0. Prendre un point contre un ténor du championnat espagnol, c’est une performance extraordinaire!
«Je me demande ce que l’avenir réserve à ce F91»
Maintenant, la caravane de l’Europa League est passée, le rêve s’arrête. Et Flavio Becca tire sa révérence, délaissant le F91 à son propre sort. Je me demande ce que l’avenir réserve au club de la Forge du Sud. Je peux m’imaginer que lors du mercato hivernal, l’un ou l’autre joueur aura une offre pour quitter le club. Landry Bonnefoi pourrait être le premier sur la liste et faire ses valises après un court intermezzo à Dudelange pour aller jouer sous d’autres cieux. Deux nouvelles recrues offensives, forcément étrangères, pourraient débarquer lors du mercato. Ce qui laisse présumer que l’un ou l’autre attaquant en place partira.
C’est un secret de Polichinelle : le président Schumacher suivra le projet et l’argent de Flavio Becca. C’est en tout cas ce qu’il a annoncé dans un journal, le 13 décembre dernier. J’espère que la belle toile ne va pas s’effilocher dans les prochaines semaines et que le gain du championnat ne passera pas au second plan. Le summum sportif, la pression, la concentration, l’excitation et l’intérêt médiatique de l’Europa League font dorénavant et définitivement partie du passé. Je suis curieux de voir comment les joueurs et le staff technique ont digéré les évènements de ces derniers mois. Redescendre sur terre, ne plus être dans la lumière des projecteurs, il faudra s’en accommoder. Le F91 Dudelange est attendu au tournant.
Maintenant que le comité du F91 est obligé de voler de ces propres ailes, j’espère qu’il va bientôt se positionner clairement et que les joueurs, entraîneurs et surtout les supporters vont voir plus clair. S’ils attendent trop longtemps, des incertitudes croissantes vont s’installer autour du club de la Forge du Sud, ce qui n’est sûrement pas dans l’intérêt du club. Avec les millions d’euros attribués par l’UEFA, le F91 aura le temps de se retourner, à moins que le Boss Becca ne veuille sa part du gâteau. D’une manière ou d’une autre, le visage du Dudelange changera pour la saison prochaine. À mon avis, Flavio Becca a fait une croix sur le chapitre F91 et son engagement au Swift va s’accroître de semaine en semaine. La montée en BGL Ligue du Swift Hesperange est un must.
Guy Heller