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Caritas Luxembourg : «On nous a volé plus que ce que nous possédions»


Marc Crochet accuse le coup : 61 millions d’euros ont été détournés, dont la majorité n’appartenait pas à Caritas Luxembourg.

Encore groggy, Marc Crochet a évoqué avec ses salariés, dans les limites du secret de l’instruction, le détournement de fonds dont Caritas a été victime ainsi que l’avenir de l’organisation.

Droit de réponse de Caritas

Madame, Monsieur,

Dans l’article « C’est gros, très gros », publié le mardi 23 juillet dans Le Quotidien, version digitale et imprimée, des allusions explicites sont faites à une certaine personne du Comité de direction de Caritas Luxembourg. Ces allusions n’ont jamais été mentionnées lors des deux interviews accordées à différents médias.

Il est faux de prétendre qu’une personne précise au sein de Caritas Luxembourg a été désignée comme responsable, bien que l’on ne puisse nier que le service financier de notre organisation se trouve au centre de l’enquête.

De plus, l’article crée une certaine confusion et détourne nos déclarations concernant l’état de l’affaire, insinuant que des informations pourraient être divulguées de notre part.

Conformément à la confidentialité nécessaire pour la résolution de ce cas et la protection des données personnelles, aucune information concernant l’affaire n’a été et ne sera communiquée tant que l’enquête des autorités judiciaires est en cours, surtout sachant que toute personne est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit légalement établie.

Il appartient donc à l’auteur de l’article de corriger la confusion engendrée par celui-ci.

Quiconque aurait voulu couler Caritas Luxembourg ne s’y serait sans doute pas pris autrement. Non seulement l’auteur du détournement de fonds, qui jouit encore de la présomption d’innocence, a siphonné les comptes de l’organisation caritative, mais il a en plus contracté des dettes de 33 millions d’euros en son nom en ouvrant deux lignes de crédit auprès de deux établissements bancaires.

L’affaire est à peine croyable. De la présidence au personnel, on est choqué, touché et blessé. Lundi matin, les instances dirigeantes ont tenté de rassurer les salariés sur l’avenir de Caritas Luxembourg et de restaurer leur confiance dans le cadre d’une réunion privée à laquelle Le Quotidien a pu assister.

Caritas Luxembourg a perdu 61 millions d’euros. La justice tente à présent, sous le couvert du secret de l’instruction, de comprendre le mode opératoire du ou des auteurs présumés. La somme est astronomique et le geste honteux. Car outre Caritas, ce sont ses bénéficiaires et ses donateurs qui ont été volés. «Nous allons tout faire pour pouvoir continuer nos activités», a assuré Marie-Josée Jacobs, sa présidente, avant d’exprimer «son soutien et sa confiance» au comité de direction et plus particulièrement à Marc Crochet, le directeur général de l’organisation depuis trois ans.

«Nous ne voyons pas les choses comme elles sont, nous les voyons comme nous sommes.» Marc Crochet a cité l’écrivaine Anaïs Nin pour inviter les salariés de Caritas Luxembourg à ne pas tirer de conclusions trop hâtives parce que la direction générale n’était pas au complet lundi matin lors de cette réunion.

«Les apparences sont parfois trompeuses», a-t-il enchaîné. «Ma réalité a changé plusieurs fois par jour» depuis que l’affaire a éclaté.

«Ce n’était pas personne»

Une plainte a été déposée au parquet le 16 juillet. Une enquête a été ouverte dans la foulée et le directeur général n’a pas souhaité partager ses soupçons et conjectures sur le ou les auteurs, sinon pour dire que «ce n’était pas personne», de même que sur la possibilité de détourner 28 millions d’euros au nez et à la barbe de tout un service financier.

Le ou les responsables pourraient cependant déjà avoir été identifiés, puisqu’il(s) aurai(en)t obtenu deux crédits de 16 et 10 millions d’euros en inventant des problèmes de liquidité concernant le paiement des salaires. Un troisième crédit de 5 millions d’euros leur aurait été finalement refusé.

Tout s’est passé très vite. Des virements expédiés vers une banque espagnole, dont certains atteignaient 500 000 euros, selon RTL Radio, sont passés comme une lettre à la poste. «C’est gros, très gros !», a constaté Marc Crochet. «On nous a volé plus que ce que nous possédions, plus que ce dont nous avons besoin pour une année de travail.»

En effet, Caritas Luxembourg n’a jamais disposé de 61 millions d’euros. Quand les détournements ont commencé, l’organisation avait 28 millions en banque, soit la moitié de ses besoins de fonctionnement pour une année.

«Vingt-cinq millions ne nous appartenaient pas. Il s’agissait d’argent confié par l’État luxembourgeois, des donateurs et des bailleurs de fonds pour financer nos projets. Chaque année, l’organisation récolte trois millions d’euros de dons. Cette somme est redistribuée le plus rapidement possible aux projets qui en ont besoin», a tenu à expliquer Marc Crochet.

Plus de 200 salariés de Caritas Luxembourg ont fait le déplacement à la réunion. Les autres y ont assisté en visioconférence.

Restaurer la confiance

Ce qui est fait est fait. Impossible de revenir en arrière. Marc Crochet invite les salariés à regarder vers l’avenir avec confiance. Il promet que les salaires continueront d’être payés aux quelque 1 000 collaborateurs (dont environ 400 employés au Luxembourg) et qu’il n’y aura pas de licenciements, même s’il y aura des changements.

«Caritas Luxembourg continuera d’exister, mais nous ne pourrons continuer à travailler comme avant», a-t-il voulu rassurer avant d’annoncer des changements au niveau des procédures et au sein du département financier dans les jours à venir grâce à l’«aide gracieuse d’une entreprise de conseil».

Caritas Luxembourg va devoir remettre en question sa manière de fonctionner. Le personnel sera notamment averti régulièrement de l’avancée de l’enquête lors de réunions. En attendant, un groupe de soutien psychologique et une adresse e-mail dédiée ont été déployés pour répondre aux angoisses éventuelles des uns et des autres face à la situation actuelle.

Marc Crochet a invité les membres du personnel à utiliser leur énergie à aider les bénéficiaires sur le terrain pour minimiser l’impact que cette affaire pourrait avoir sur eux plutôt que pour colporter des rumeurs.

«Je veux qu’on continue à nous soutenir et, pour cela, il faut de la transparence», a conclu le directeur général. «Sauf sur certains éléments pour protéger l’enquête en cours.»

Du soutien, Caritas Luxembourg en a reçu de donateurs privés et publics qui ont souhaité lui assurer leur confiance en effectuant un don, de ses entités internationales et européennes, d’autres ONG, du gouvernement, des communes luxembourgeoises et du Grand-Duc Henri, entre autres, qui, selon Marie-Josée Jacobs, se serait dit «très triste» de la situation.

La Fondation Caritas et Caritas Accueil et Solidarité ont été touchées par le détournement de fonds, contrairement à Caritas Jeunes et Familles et Caritas Enfants et Familles, qui ne sont pas concernées.

6 plusieurs commentaires

  1. le donneur d’ordre a bien ficelé la stratégie qu’il a mis en place avec des pions complices , pas possible autrement , le directeur de caritas en sais bien plus qu’il veut bien nous dire

  2. oui il est forcément complice et son alibi c’est son voyage à compostelle en espagne! c’est louche! les gens parlent pas bien de lui!

  3. c’est bien vrai, et comment la banque espagnole a pu accepter de recevoir des sommes pareilles sans explications ?

  4. Pour y avoir travaillé, en général les cadres supérieurs ne brillent pas par leurs compétences ! Mais ils reçoivent des salaires indécents pour des soi-disant « humanitaires »…

  5. Comment une banque a-t-elle pu autoriser des transferts pareil vers l’étranger sans aucune demande de confirmation ?

  6. Monsieur Crochet peut pleurer tant qu’il veut, en tant que DG il est soit complice, soit totalement incompétent,