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Caritas : la fraude aurait pu être stoppée


Le courriel du réviseur d’entreprise envoyé le 3 mai dernier aurait pu tout faire stopper. Le service financier l’a contourné. Pour garder le secret. (Photo Fabrizio Pizzolante)

Les virements frauduleux auraient pu cesser dès le printemps dernier quand l’auditeur Grant Thornton a demandé des pièces justificatives concernant des sommes versées à une ONG turque.

De nouvelles informations sur l’affaire Caritas ont filtré dans la presse, lundi, qui mettent à mal la thèse de la fraude au président. Dès le départ, cette éventualité liée à des agissements de cybercriminels usurpant l’identité du directeur général, Marc Crochet, s’éloignait alors que des professionnels de la lutte dans ce domaine bien précis la jugeaient invraisemblable.

Lundi, le site Reporter.lu apportait de nouveaux éléments troublants dans cette affaire de détournement de fonds de l’ordre de 61 millions d’euros qui a ruiné la fondation en l’espace de quelques mois. Pour l’heure, seule la directrice financière a été inculpée dans cette affaire et elle se présente comme victime. Il semblerait que d’autres employées de Caritas aient agi de manière curieuse au cours de ces derniers mois.

Selon le site d’information en ligne, le réviseur d’entreprise Grant Thornton avait de sérieux doutes dès le mois de mai. Un employé de la firme d’audit, qui certifie les comptes de l’ONG, a cherché à savoir le 3 mai ce qui se cachait derrière les virements effectués en Espagne, en l’absence de pièces justificatives nécessaires pour ce type d’opérations. Les virements en question ont été réalisés en janvier et février, ce qui aurait pu mettre un terme aux agissements frauduleux et réduire la somme détournée.

Deux nouveaux témoins

Les fonds en question sont sortis du compte à la Banque et caisse d’épargne de l’État (BCEE) au bénéfice de l’ONG turque ASAM via plusieurs comptes improbables à la Banco Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA) en Espagne. «Il s’agit d’une anomalie, l’organisation partenaire de Caritas pour venir en aide aux sinistrés de tremblements de terre travaille avec des banques de son pays d’origine», écrit Reporter.lu.

Au lieu de s’intéresser de près à ces opérations après l’alerte de la firme d’audit, le service financier est pris de panique. Bien qu’environ cinq millions d’euros, répartis en onze paiements, aient été débités en quelques semaines, rien ne se passe.

L’auditeur adresse son courriel au service financier, mais également à une autre employée de la Fondation. C’est la panique à bord. Car depuis le début, la directrice financière explique aux enquêteurs avoir reçu des ordres de Marc Crochet pour une opération qui doit rester secrète. Il s’agit d’une acquisition dont aucun détail n’est connu pour l’heure. La chef de service doit garder le silence et obéir aux ordres que le directeur lui transmet par courriels en provenance d’un compte privé. Un faux Marc Crochet lui dicte la conduite à tenir et la directrice financière s’exécute, sans être autorisée à en parler de vive voix, à personne. Des informations qui étaient déjà connues et qui ont soutenu la thèse de la fraude au président.

Mais la directrice financière n’était pas seule dans la confidence visiblement. Le fait qu’une autre employée ait été alertée sème la panique dans le service financier. Cette employée ne sait rien des transactions qui s’élevaient à cinq millions d’euros en faveur de l’ONG turque alors que la participation financière de Caritas au budget de la véritable ASAM dépassait à peine les deux millions par an.

C’est bien une assistante de la directrice financière qui est chargée de rassurer l’employée mise en copie du courriel de Grant Thornton. L’opération n’est plus si secrète que ça. «L’employée est débordée de travail. Elle n’a pas eu le temps de vérifier le contenu explosif du fichier documentant les virements anormaux en Espagne», selon Reporter.lu.

Une fraude de 61 millions d’euros

La directrice financière informe le faux Marc Crochet avoir dû fournir à Grant Thornton la balance générale jusqu’à fin février et lui dit son inquiétude à propos des exigences de la firme auditrice. Elle propose alors de ne donner aucune suite aux requêtes de l’auditeur et vouloir s’en expliquer par téléphone sur son portable en abordant les transferts censés rester secrets. Le faux directeur s’en réjouit et promet des primes aux employés méritants ayant contribué au succès de la transaction, comme le relatent nos confrères de Reporter.

Ce n’est que deux mois plus tard, au retour de congés du vrai Marc Crochet, que l’ampleur de la fraude est découverte. Elle porte sur 61 millions d’euros. C’est en son absence que les virements se sont accélérés.

La police judiciaire va entendre deux autres témoins. Des employées du service financier, qui ont exécuté les ordres de virements litigieux sans rien trouver à y redire. L’une d’elles a déjà été convoquée par la police judiciaire, une autre devrait prochainement être entendue. Reporter.lu indique encore que la directrice financière a remis, à la demande des enquêteurs, son téléphone portable professionnel et son laptop.

Selon un article du Tageblatt, il n’est pas impossible qu’au moins une partie des 61 millions d’euros détournés sous la forme d’une centaine de virements individuels puisse être récupérée. Nos confrères indiquaient encore que les comptes espagnols sur lesquels les fonds de Caritas ont été transférés ont été soumis à des «restrictions» avant même que la banque ne soit informée des accusations.

Un commentaire

  1. Une organisation qui brasse des milions, avec une gestion absolument amatrice à tous points de vue

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