Le scandale la hante toujours autant et pour longtemps. L’ex-présidente de la Fondation Caritas, Marie-Josée Jacobs, était entendue lundi par les députés de la commission spéciale.
Elle avait les yeux embués face aux caméras de RTL Télé, en septembre dernier, dans son dernier regard destiné aux salariés de Caritas. L’ex-présidente de l’ONG, Marie-Josée Jacobs, 75 ans, ne se remettra pas du scandale qui a causé la perte de la fondation et ses pensées se sont adressées avant tout aux plus de 350 salariés au service des plus démunis. Hier, elle a répondu présente à l’invitation des députés de la commission spéciale, «elle n’était pas obligée», comme le rappelle Taina Bofferding (LSAP), rapportrice.
Pendant 45 minutes, Marie-Josée Jacobs a fait de son mieux pour répondre aux questions des députés qui ont bien senti l’émotion qui la submergeait encore. «C’est une femme qui s’est engagée toute sa vie pour les plus pauvres et elle est encore très affectée par la situation», témoigne le président de la commission, Charles Weiler (CSV).
Devant les députés, elle a répété que le plus important était la reprise des salariés par la nouvelle structure, HUT. Marie-Josée Jacobs a décrit le choc qu’elle a subi après la découverte de la fraude, un détournement de 61 millions d’euros. Les membres de la commission ont reconnu la difficulté de la placer sous le feu des questions tant son émotion était palpable. «Nous avons trouvé plutôt respectueux de sa part de venir, elle n’a pas fui ses responsabilités», déclare Charles Weiler. L’ancienne présidente, qui avait démissionné en décembre de ses fonctions, a suggéré aux députés d’analyser, dans leurs conclusions, les possibilités d’adapter la loi pour éviter qu’un tel scandale puisse se reproduire.
Elle a mis l’accent sur l’énergie criminelle dont les auteurs ont fait preuve pour parvenir à leurs fins. «Elle nous a expliqué que le conseil d’administration n’était pas au fait de la gestion quotidienne de la fondation, contrairement à la direction», poursuit le président de la commission.
Toujours hantée par ce scandale, Marie-Josée Jacobs a tenu à dire aux députés qu’elle y pensait le soir en se couchant et le matin en se levant. Elle ne comprend toujours pas comment les banques ont pu débloquer les crédits sans la signature du conseil d’administration. «C’est encore un volet qu’il nous reste à analyser», reconnaît Charles Weiler, qui admet que le tri des informations récoltées ne sera pas une sinécure quand il s’agira de faire le bilan de toutes les auditions.
De son côté, Taina Bofferding témoigne également de la charge émotionnelle qui régnait lors de cette rencontre. «Nous avons eu confirmation au moment où la crise a éclaté, il n’y a eu aucune rencontre de tous les acteurs autour d’une table», déclare-t-elle. Marie-Josée Jacobs a pu s’entretenir avec eux séparément, c’est-à-dire avec le gouvernement, l’évêché sauf les banques. «On remarque que tout le monde a été en contact avec les uns et les autres, mais à aucun moment, il n’y a eu de rencontre avec tous les acteurs pour analyser ce qui s’était passé», ajoute Taina Bofferding.
Le directeur attendu mercredi
La présidente a fait surtout comprendre aux députés que, pour elle, la responsabilité des banques était énorme dans ce scandale. La commission devra fixer son calendrier pour déterminer à quel moment elle compte inviter les banques à venir s’expliquer. Aucune date n’est encore connue.
En revanche, l’ancien directeur, Marc Crochet, est attendu demain matin. Il sera accompagné de son avocat, précise Taina Bofferding. Les députés espèrent avoir des réponses plus concrètes sur le fonctionnement de la direction et peut-être aussi sur les relations de travail.
La directrice financière, seule inculpée dans cette affaire, a exécuté les ordres d’un faux Marc Crochet avec qui elle communiquait par courriels sans jamais évoquer avec lui, en direct, les virements qu’elle a réalisés, à hauteur de 61 millions d’euros.
L’autre volet, pour les députés, c’est de comprendre aussi comment toute l’affaire a abouti à la création d’une nouvelle structure, au lieu de trouver une solution interne. L’audition de Marc Crochet devrait également renseigner les députés sur ce point, du moins l’espèrent-ils. Mais avant, tout, ce sont les questions liées à la gouvernance qui demandent encore des réponses. La commission spéciale insistera sur ce volet qui leur paraît tout aussi capital que le comportement des banques dans cette affaire.