L’assemblée plénière de l’OGBL à propos de Caritas ce mercredi midi a résulté sur l’annonce d’un piquet de protestation ce vendredi, mais aussi sur l’apparition de divergences et de tensions au sein du personnel.
Un piquet de protestation est organisé par l’OGBL ce vendredi à 12 h devant le siège de Caritas, au 29, rue Michel Welter à Luxembourg. Voilà, peu ou prou, la seule annonce concrète des deux heures d’assemblée plénière des salariés de Caritas qui a eu lieu hier au Casino syndical de Bonnevoie. Convoquée en urgence la veille au soir par l’OGBL, cette réunion entre le personnel et les deux délégations OGBL du personnel devait «préparer les prochaines démarches syndicales».
Vendredi dernier, le syndicat avait alerté publiquement sur les méthodes employées par le comité de crise de Caritas afin de faire signer les contrats de travail pour la nouvelle structure Hëllef um Terrain (HUT). La résiliation des contrats Caritas, la pression sur les salariés, le flou sur le contenu du contrat et l’absence de dialogue avec la délégation du personnel avait été pointés du doigt.
Afin d’y remédier, près de 150 personnes ont pris place dans la salle des fêtes du Casino malgré une annonce faite la veille. Des chaises ont même été ajoutées jusqu’à la dernière minute, preuve que les interrogations pèsent de plus en plus lourd chez les salariés Caritas, à quatre jours ouvrés des débuts de HUT, le 1er octobre prochain. Pas certain que l’assemblée plénière ait allégée leurs craintes.
Pas de garanties du comité de crise
Tout a pourtant bien débuté avec le discours de Smail Suljic, secrétaire central adjoint de l’OGBL, annonçant l’organisation du piquet de protestation afin de «démontrer que tout le personnel est solidaire». Une initiative largement applaudie, suivie des mots de la présidente de l’OGBL Nora Back afin d’encourager les salariés à «rester debout, solidaires, déterminés et fâchés». «Ne vous laissez pas diviser, ne vous laissez pas scinder car c’est ce qu’ils essayent de faire» a-t-elle tenu à ajouter.
Puis, une ligne directrice a été proposée par Smail Suljic : «Attendre que l’on ait des garanties avant de signer.» Cette garantie concerne la demande de transfert des contrats de travail vers HUT au lieu d’une résiliation et des nouveaux contrats, comme actuellement proposé par le comité de crise. Ce dernier, dirigé par le conseiller économique Christian Billon assisté de Tiphaine Gruny, réviseur d’entreprise chez PwC, a d’ailleurs rencontré des représentants de l’OGBL lundi soir. Pas de quoi se réjouir selon le syndicaliste. «L’atmosphère était inacceptable. On s’est fait engueuler et nous n’avons pas reçu les informations demandées.»
C’est au moment des questions des salariés que l’ambiance a changé. Au micro, la mèche a été allumée innocemment par un salarié s’interrogeant sur la possibilité d’avoir «une transcription écourtée de l’entretien avec le comité de crise». Une demande appuyée par une salariée car «on voit des différences entre les deux délégations du personnel», celles de Caritas Accueil et Solidarité (CAS) et de la Fondation Caritas Luxembourg (FCL). L’intervenante a ensuite contredit l’OGBL en affirmant avoir, elle, reçu des «propositions claires et nettes» de la part de Tiphaine Gruny. Des propos qui ont hérissé les poils de certains, l’invectivant sur d’éventuelles preuves écrites des promesses d’embauches. «On ne pourra pas sauver tout le monde, il faut signer les contrats» a-t-elle lancé avant d’être coupée par des huées.
Divergence entre les délégations
La délégation du personnel de Caritas Accueil et Solidarité (CAS) a ensuite pris la parole en faveur de la signature des nouveaux contrats, ajoutant de l’huile sur le feu. Son président Didier Biver a présenté un document, non officiel, sur des promesses recueillies auprès de Tiphaine Gruny concernant le 13e mois, les congés et d’autres modalités du nouveau contrat. «On peut attaquer mais jusqu’à une certaine limite», a-t-il déclaré face à une salle confuse entre les discours des deux délégations du personnel.
Le document du CAS a même été enlevé presque manu militari de l’écran, puis le ton est monté, notamment entre Sven Fischer, président de la délégation FCL, et la salariée pro contrat. «Mais il n’y a pas de preuves écrites, nom de Dieu» a-t-il fini par lui répondre vivement. Comme autre désaccord, la réalisation d’une charte a été proposée par un autre salarié. «Vous pensez vraiment que cela va changer les choses ?», lui a répondu Smail Suljic.
Finalement, seul un bénéficiaire venu apporter un soutien émouvant «à la famille Caritas» a semblé mettre d’accord l’assemblée. «Vous vous êtes battus pour moi, je me battrai pour vous», a-t-il déclaré. Reste à savoir comment, puisque, malgré les avertissements en début de réunion, deux camps s’opposent : ceux qui comptent signer et ceux qui refusent.
« On ne connaît toujours pas notre avenir »
À une semaine du début de la nouvelle structure HUT, quelle est la situation actuelle de la coopération internationale ?
Salariée : On ne sait pas. On nous a dit que l’on n’allait pas être transféré dans HUT. Pourtant, au début on nous avait dit qu’il y aurait une nouvelle entité pour l’international. Cela n’a pas été fait et depuis nous sommes oubliés. On nous a dit il y a des semaines que l’on n’allait pas être gardé. On nous a parlé de plan social mais il n’a toujours pas été voté. L’ADEM et l’OGBL n’ont pas été contactés pour le négocier. Nous n’aurons plus de délégation du personnel donc nous n’aurons plus de pouvoir de négociation sans délégation.
On ne connaît toujours pas notre avenir, donc la semaine prochaine, nous irons au travail mardi, mercredi et tant que l’on ne nous dit pas de partir. Nous avons toujours des projets à faire, des comptes à rendre et des partenaires avec qui on doit encore collaborer et terminer notre travail. Mais au Soudan du Sud, il y a des hôpitaux qui vont fermera et plus de 50 000 personnes vont perdre accès aux soins de santé. Nous sommes présents pour les victimes du tremblement de terre en Turquie, les victimes des guerres au Soudan, les réfugiés au Soudan du Sud ou encore les personnes qui souffrent des sécheresses et des inondations dans le Sahel. Ces personnes vont souffrir aussi.
C’est une honte qu’un pays riche comme le Luxembourg refuse de poursuivrez ces projets internationaux qui sont si utiles