Les températures étouffantes du début de semaine forcent le secteur de la construction à prendre des mesures d’urgence et à inclure le risque de canicule dans l’organisation des chantiers à l’avenir. Les ouvriers, eux, prennent leur mal en patience.
Même si les températures record de 2019 – 39 degrés enregistrés au Findel le 25 juillet – n’ont pas été atteintes, c’est une véritable fournaise qui s’est abattue mardi sur l’ensemble du Luxembourg, le mercure grimpant jusqu’à 38 degrés durant la journée, avec des pointes à 40 selon les endroits. Une chaleur supportable au bureau, sous le souffle de la climatisation, mais suffocante sur les chantiers, en plein soleil.
Alors que les épisodes de canicule se multiplient ces dernières années, le secteur de la construction est particulièrement impacté, le réchauffement climatique faisant désormais partie des paramètres à prendre en compte dans le volet organisation : «Durant ces périodes, on travaille davantage par tranches horaires décalées, pour éviter les heures les plus chaudes de la journée», explique Lucio Wercollier, chef de projet et architecte au Fonds Belval.
En ce moment, il assure la maîtrise d’ouvrage sur le chantier du nouveau bâtiment des archives nationales à Esch-Belval, où s’affairent des dizaines d’ouvriers qu’il faut protéger : «Tous les moyens sont mis en œuvre pour garantir la sécurité des équipes. On s’appuie notamment sur un coordinateur chargé de faire appliquer les consignes de l’Inspection du travail en vigueur», poursuit-il, ajoutant que le travail a démarré plus tôt mardi pour pouvoir libérer tout le monde dès 14 h 30.
Même chose à l’autre bout de l’avenue, sur le chantier déjà bien avancé du bâtiment Icône, prévu pour accueillir des bureaux : «On a demandé que les postes soient avancés de 7 h à 6 h à partir de la semaine prochaine, de manière à finir plus tôt», indique Laurent, 61 ans, chargé de l’aménagement et du nettoyage.
Casque vissé sur la tête, il se retourne pour montrer un carré de tissu fixé à l’arrière de sa nuque : «Voilà, on mouille ça pour se rafraîchir un minimum», sourit-il, «et surtout, on fait attention à boire beaucoup d’eau. Moi, c’est au moins trois litres par jour en ce moment, dont un rien que sur la pause déjeuner.»
«La problématique devient récurrente»
Habitué des conditions extrêmes, ce vieux briscard reconnaît pourtant que le début de semaine a été rude : «Mardi, c’était une catastrophe. On travaillait dehors sur les terrasses, il faisait 38! On essaye au maximum de se mettre à l’ombre, mais ce n’est pas toujours possible.»
Son binôme, le jeune Maxime, 20 ans, ne semble pas particulièrement souffrir de la chaleur : «Disons que ça va, on fait avec», lâche-t-il timidement, en aidant son collègue à hisser un imposant morceau de gaine sur le câble de levage de la grue. Quant à alléger sa tenue en portant un short par exemple, même pas la peine d’y penser : «C’est absolument interdit sur les chantiers», tranche Laurent.
Le mieux est encore de pouvoir travailler à l’abri de la chaleur, comme Noël, Ricardo et Myrian, tous trois électriciens, qui ont la chance d’intervenir à l’intérieur du bâtiment, où la température est moins élevée, voire carrément fraîche : «Aujourd’hui, je travaille au niveau -3, donc c’est parfait», se réjouit Ricardo.
Eux, c’est plutôt la pluie et le froid à vous glacer le sang qu’ils redoutent : «L’hiver, c’est vraiment ça le pire», estime ainsi Noël.
D’ailleurs, jusqu’ici, au niveau météo, c’était la préoccupation principale des responsables de chantier : «Au Luxembourg, on a l’habitude de se questionner par rapport au gel et aux intempéries hivernales», confirme Lucio Wercollier, du Fonds Belval. «Mais on voit bien que la problématique de la canicule devient récurrente, donc on va devoir s’adapter.»
Ça baisse ces prochains jours
Après une journée en alerte orange lundi, puis carrément rouge mardi, MeteoLux annonce une baisse des températures sur le pays pour toute la fin de cette semaine, avec des maximales qui ne dépasseront pas les 28 degrés. Il faudra attendre le début de la semaine prochaine pour repasser au-dessus des 30 degrés.