Depuis septembre dernier, l’École d’hôtellerie et de tourisme du Luxembourg (EHTL) s’installe progressivement dans son nouveau campus au sud du pays, au sein de GRIDX à Wickrange.

En longeant le complexe GRIDX depuis l’autoroute A4, difficile d’imaginer que cet immense bloc noir de 42 000 mètres carrés abrite une école entre des concessions automobiles, un business center, un hôtel, des musées, un food hall et de futurs grands magasins. Un environnement original pour une école qui ne l’est pas moins, puisqu’il s’agit de l’École d’hôtellerie et de tourisme du Luxembourg (EHTL).

Établi à Diekirch depuis 1949, le seul établissement de formation pour les métiers de l’Horeca du Grand-Duché n’a pas quitté son fief : il s’est dédoublé en ouvrant, à la rentrée de septembre, un nouveau campus dans le sud du pays.

«Quand j’ai été nommé il y a huit ans, j’ai tout de suite constaté qu’une offre scolaire unique dans le nord du pays, avec un accès difficile en transports en commun, ce n’était pas l’optimal», raconte son directeur, Michel Lanners.

À l’époque de la création de l’école, le choix s’était porté sur Diekirch en raison, notamment, des nombreux hôtels et restaurants environnants.

Depuis, leur nombre a chuté dans le nord du pays, ce qui aurait pu conduire à une délocalisation. «Le nouveau site a confirmé la position de celui du nord. Autrement, on aurait dû discuter où placer l’école pour ce qui est de l’axe géographique.»

Avec ce second campus, l’ETHL se rapproche de l’activité touristique de la capitale et des communes du Sud, mais aussi de ses élèves. «À la rentrée, j’ai demandé qui serait allé à Diekirch au lieu du campus Sud et ils ne sont que 20-30 % à avoir levé la main», affirme Michel Lanners, qui constate aussi une hausse du nombre d’inscrits frontaliers.

«Celui qui habite Thionville et qui ne souhaite pas aller au lycée hôtelier de Metz vient ici. Et cela va monter en cadence, parce que nous ne sommes pas encore très connus», annonce le directeur, qui souhaite promouvoir l’offre scolaire du campus Sud dans les secteurs limitrophes de la Grande Région.

Pour l’instant, le site loué par l’État est seulement occupé par une cinquantaine d’élèves en première année, répartis dans quatre classes, car les installations ne sont pas encore entièrement prêtes pour en accueillir davantage.

Le réfectoire situé au rez-de-chaussée sera prêt pour la rentrée prochaine. Le bistrot, lui, est déjà fonctionnel.

Pour l’instant, une cinquantaine d’élèves de première année, répartis dans quatre classes, sont présents sur le campus Sud.

Michel Lanners, le directeur de l’EHTL, veut attirer davantage de jeunes de la Grande Région.

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C’est principalement le cas de la surface de 2 500 mètres carrés située au rez-de-chaussée du bâtiment où seront aménagés les cuisines, le réfectoire et le restaurant d’application «pour la rentrée 2026/2027». D’ici là, la formation pratique se déroule à Diekirch, où «les jeunes doivent se déplacer le moins possible».

Le reste des cours ont bien lieu au 3^e étage de GRIDX. Là, sur 2 000 m², l’EHTL dispose d’une quinzaine de classes, de bureaux, d’une salle de conférences, d’un bistrot et bientôt d’un centre de documentation et d’un laboratoire sensoriel.

«La même qualité qu’à Diekirch»

À terme, entre 200 et 250 élèves seront présents sur le campus de Wickrange à partir de la classe de 4^e. «Ce sera une vraie ruche», se réjouit d’avance le directeur, qui doit néanmoins veiller à préserver l’harmonie de l’EHTL : «Il faut offrir la même qualité qu’à Diekirch, car ce sont deux sites, mais une seule école.»

Rien n’est d’ailleurs laissé au hasard afin de reproduire l’atmosphère du berceau de l’école. À l’entrée se trouve le même hall de réception digne d’un hôtel, les murs sont colorés d’un bleu nuit et l’odeur qu’exhale le diffuseur est identique.

Dans le volet éducatif, les enseignants et les intervenants externes sont aussi présents au nord qu’au sud et l’offre pédagogique promet d’être identique à l’avenir. Michel Lanners est attaché autant à l’équité entre les deux sites qu’à la transmission de l’ADN de l’école.

«Nos valeurs sont la passion, l’attitude et le respect, qui s’appliquent à toute activité, qu’elle soit professionnelle ou personnelle. Les élèves viennent à l’école non pas pour assister à des cours, mais pour travailler.»

Comme à Diekirch, l’objectif est autant de former de futurs chefs de restaurant étoilé que des citoyens et travailleurs modèles. «L’école est au service de la société, dit le directeur. Beaucoup de jeunes ne restent pas dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, mais sont demandés ailleurs, car ils sont formés autrement que dans n’importe quel autre lycée.»

Loué pour 9 ans et 105 000 euros par mois

Dans une question parlementaire, le député pirate Marc Goergen interrogeait la pertinence d’installer l’EHTL au GRIDX. Selon quels critères, ce choix a-t-il été réalisé? Et pour quel prix?

Dans sa réponse, Gilles Roth, le ministre des Finances, assure que les locaux de GRIDX «répondent directement aux besoins de l’EHTL, sans nécessiter de travaux de transformation importants et de longue durée». Il ajoute que «le prix et la conformité aux normes de sécurité (ITM) ont été des critères déterminants».

Pour le prix, le ministre précise que l’État loue «environ 5 000 m² pour l’école hôtelière pour un prix mensuel moyen de 21 euros par m²». Soit environ 105 000 euros mensuels.

Concernant le bail, il est fixé à 9 ans. En effet, l’installation à GRIDX est donc temporaire avant un déménagement au château de Sanem promis à l’école depuis 2021, mais les lieux sont encore en cours de rénovation.

Une participation aux JO de Los Angeles?

Après avoir mis à contribution 20 élèves dans le pavillon luxembourgeois de l’Exposition universelle d’Osaka, qui s’est achevée en octobre dernier, l’EHTL et son directeur ont déjà en tête le prochain rendez-vous international.

«Nous avons été sollicités pour les Jeux olympiques à Paris afin de faire de l’hospitalité et les prochains Jeux ont lieu en 2028 à Los Angeles. Si le gouvernement décide d’organiser une maison du Luxembourg là-bas, on serait très honoré de pouvoir y participer», glisse Michel Lanners.

Le chef d’établissement vise également la participation d’une délégation à la prochaine Exposition universelle prévue en 2030 à Riyad, en Arabie saoudite. D’ici là, l’EHTL se prépare à prendre part à l’Expogast, le salon international de la gastronomie, dont la prochaine édition se tiendra dans un an, en novembre 2026 à Luxexpo.