La rumeur inquiète les gérants du CIGL Esch : l’ancienne équipe du camping pourrait bien reprendre le pouvoir, à la faveur du changement politique des dernières communales.
Le vent de renouveau qui souffle sur le camping d’Esch va-t-il cesser? Une bataille d’influence couve au Galgenberg, entre
«anciens» du Caravaning Club et «jeunes» gérants du CIGL Esch. Les enjeux sont plus importants qu’il n’y paraît. Tout d’abord, le camping est une structure importante dans le tourisme de court séjour. Deuxièmement, c’est un dossier chaud à gérer pour le nouveau bourgmestre eschois. À tel point que les interlocuteurs contactés n’ont pas souhaité s’exprimer sur le sujet.
Que se passe-t-il au juste? Le camping eschois, niché sur les hauteurs du Galgenberg, a été fondé en 1961. Passé la période d’or du camping, les années 70 et 80, il a décliné, comme beaucoup d’infrastructures. Problème, le camping n’a pas su profiter du renouveau de tendance que l’on observe depuis quelques années : la jeunesse se réapproprie les virées en camping, avec les outils du web et l’envie de voyager librement, notamment dans des lieux insolites… sans compter la dimension écolo qui compte beaucoup!
Un changement qui ne passe pas…
Consciente du potentiel, notamment en vue d’Esch 2022, l’équipe de Vera Spautz avait choisi une transition en douceur dès 2016 avec les anciens du Caravaning Club : le CIGL Esch, plate-forme de réinsertion par l’emploi, avait obtenu la gérance de la buvette, du nouveau café dans les arbres, ainsi qu’un rôle de force de proposition pour changer l’image du camping. Car sous la gestion du Caravaning Club, les occupants à l’année se sont multipliés : des travailleurs précaires, des personnes âgées, des habitués… Il y a un an, quand nous visitions le camping, nous étions tombés sur un type qui bricolait des voitures, un terrain de jeux pour enfants à l’abandon, des occupants qui aménageaient leur parcelle comme s’ils venaient d’acheter un terrain!
Le CIGL Esch, malgré un travail parfois en dilettante (la réinsertion dans l’emploi peut être difficile), a accompli un beau travail depuis 2016 : la buvette revit totalement, ce qui compte pour les familles qui visitent le parc animalier le week-end. Les horaires ont été revus de façon flexible, la terrasse est chaleureuse, l’ambiance rajeunit (diffusion de films en plein air, évènements, cartes de consommation d’été…). Le camping a également bénéficié de la rénovation du parc animalier, dans un dynamisme réciproque.
Martin Cox serait partagé
Mais voilà : l’équipe communale de Georges Mischo, élue en octobre, souhaiterait remettre en place l’ancienne gouvernance du camping. « Une réunion doit se tenir , explique Carlos Breda, le directeur du CIGL. Nous sommes inquiets, forcément, mais nous ne voulons pas polémiquer .»
Selon nos informations, au sein même de la majorité, les élus ne sont pas tous d’accord. Martin Cox (déi gréng), qui avait lancé sa campagne victorieuse depuis le camping rénové, est attaché à la nouvelle équipe de jeunes. Arrivera-t-il à peser pour maintenir le CIGL en place? En off, des proches du dossier parlent librement. « Le président de l’ASBL du Caravaning Club va avoir 88 ans, nous explique-t-on. Une transition paraît évidente. Cela fait 30 ans que le camping est géré de la même façon, sans ambition, en cercle fermé avec les habitués .» Un autre connaisseur évoque des gestionnaires âgés dotés « d’une poigne de fer, hermétiques au changement. Ce n’est pas comme ça que l’on attire les clients. »
Les chiffres sont quoi qu’il en soit alarmants : en juillet 2016 (les derniers dont nous disposons), en pleine saison, 150 campeurs occupaient le Galgenberg pour une capacité totale de 450 personnes.
Hubert Gamelon