Accueil | A la Une | Campagne europhobe : Bruxelles décidée à se battre contre Orban

Campagne europhobe : Bruxelles décidée à se battre contre Orban


L'offensive lancée par Viktor Orban a ouvert un débat au sein du PPE, où certains réclament son exclusion du parti. (photo AFP)

Bruxelles a décidé de se battre « point par point » contre la campagne europhobe lancée par la Hongrie à trois mois des élections européennes et a publié jeudi un argumentaire sur les réseaux sociaux réfutant les allégations du Premier ministre Viktor Orban.

« Nous regrettons de devoir le faire, mais nous estimons que le peuple hongrois mérite la vérité sur ce que fait la Commission », a expliqué la porte-parole adjointe de l’exécutif bruxellois, Mina Andreeva. La réponse est faite « au nom de la Commission européenne et Tibor Navracsics (commissaire hongrois à l’Éducation et à la Jeunesse) en fait partie ». Tibor Navracsics est membre du Fidesz-Union civique hongroise, la formation de Viktor Orban.

« La campagne du gouvernement hongrois déforme la vérité et cherche à peindre une sombre photo d’un complot visant à accroître la migration vers l’Europe. La vérité, c’est qu’il n’y a pas de complot. Les affirmations du gouvernement hongrois sont, au pire, carrément incorrectes sur le plan factuel ou, au mieux, très trompeuses », affirme la Commission dans son argumentaire en sept réponses aux sept accusations proférées par le gouvernement hongrois.

La Commission européenne a mis en ligne ce document et l’a diffusé via ses comptes sur Twitter.

Le gouvernement national conservateur du Premier ministre Viktor Orban, membre du Parti Populaire Européen (PPE), a lancé la semaine dernière une campagne sous le slogan « Vous aussi, avez le droit de savoir ce que Bruxelles prépare ». Les affiches sont illustrées par les visages ricanant de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, lui aussi membre du PPE, et du milliardaire américain d’origine hongroise Georges Soros, bouc émissaire d’Orban et des nationalistes. Les deux hommes sont accusés de vouloir obliger les pays de l’UE à accepter des réfugiés et de chercher à affaiblir les gardes-frontières nationaux.

Une exclusion du PPE ?

L’offensive lancée par Viktor Orban a ouvert un débat au sein du PPE entre partisans de son exclusion et ceux qui préfèrent qu’il reste à l’intérieur du parti pour l’encadrer et éviter qu’il ne rallie d’autres dirigeants anti-européens. Jean-Claude Juncker s’est prononcé à plusieurs reprises pour l’exclusion de Viktor Orban et de son parti du PPE, mais le chef de file du PPE pour les Européennes, l’Allemand Manfred Weber, est contre. Le PPE est dominé par la CDU et la CSU, les deux partis conservateurs allemands, et la chancelière Angela Merkel est la figure de la famille conservatrice dans le conseil européen.

Un premier débat interne au PPE est prévu mercredi prochain au sein de son groupe au Parlement européen. Deux possibilités sont prévues pour déclencher la procédure d’exclusion d’un parti du PPE : soit sept partis issus d’au moins cinq pays différents en font formellement la demande, soit la présidence du parti prend cette initiative. Selon une source proche du PPE, sept partis sont prêts à signer une demande d’exclusion. La décision doit être prise, à la majorité, lors de l’assemblée politique (composée de la présidence, de la direction du groupe parlementaire, ainsi que d’un représentant de chaque parti membre). Cette instance se réunira le 20 mars, à la veille du sommet des dirigeants des partis membres du PPE organisé avant chaque sommet européen.

LQ/AFP