Accueil | A la Une | Cambriolages au Luxembourg : un taux d’élucidation pas si «modeste»

Cambriolages au Luxembourg : un taux d’élucidation pas si «modeste»


Une histoire peu courante pour la police grand-ducale.(Photo : Editpress/Fabrizio Pizzolante)

Via sa réponse à une question parlementaire sur le taux d’élucidation de cambriolages au Luxembourg, le ministre de la Sécurité Henri Kox a détaillé les méthodes d’enquête, tout expliquant les raisons d’un taux d’élucidation considéré comme «assez modeste» par les députés.

Moins d’une semaine après la publication des statistiques policières de la délinquance de 2022, les députés du LSAP Dan Biancalana et Lydia Mutsch ont adressé une question parlementaire au ministre de la Sécurité Henri Kox sur le taux d’élucidation de cambriolage dans le Grand-Duché. En prenant pour exemple les chiffres de 2021 et les 3 106 cambriolages ou tentatives signalés, les députés constatent que «seuls 493 cambriolages ont été élucidés cette année-là». Soit 15,87 % des affaires, un nombre «assez modeste» selon eux. En 2022, selon les statistiques policières toujours, le taux baisse à 10,34 %, avec 423 cas résolus sur les 4 090 commis. Le nombre de cambriolages signalés a lui augmenté de 31,68 % entre 2021 et 2022.

Dan Biancalana et Lydia Mutsch souhaitent donc savoir quelles mesures ont été prises afin de lutter contre les cambriolages et augmenter le taux d’élucidation. A partir des enseignements de la police grand-ducale, ils signalent notamment un point commun aux cambriolages perpétrés dans le pays : «une caractéristique géographique des cambriolages est la proximité aux grands axes routiers ». Alors, comme «de nombreux cambrioleurs fuient le lieu du crime en voiture», les représentants du LSAP interrogent aussi le ministre sur la mise en place du système de caméra LAPI. Un système qui permet de photographier en temps réel les plaques d’immatriculation afin de comparer avec les données policières.

Le taux d’élucidation : « un raccourci incorrect»

Dans sa réponse, Henri Kox tient d’abord à préciser que les cambriolages résolus en 2021 n’ont pas nécessairement été perpétrés la même année. «Le chiffre de 493 ne saurait donc renseigner sur le taux d’élucidation des cambriolages commis en 2021». Malgré ce «raccourci incorrect», le ministre affirme que ce taux d’élucidation de 15,82 % en 2021 «n’a rien à envier aux résultats obtenus dans nos pays voisins», évoquant des chiffres entre 10 et 16 %. En France par exemple, au bout de 18 mois, 10 % des cambriolages ou tentatives de cambriolage enregistrés en 2019 ont été élucidés selon l’Insee. «En la matière, les taux d’élucidation sont généralement faibles» tient à ajouter le ministre, en raison de cambriolages commis par des auteurs multirécidivistes, locaux et internationaux et en l’absence quasi systématique de lien entre les auteurs et leurs victimes.

Pas de caméra pour relever plaques d’immatriculation

Pour ce qui est de la méthode d’élucidation, la police technique intervient sur chaque cambriolage afin d’exploiter des traces laissées sur le lieu du méfait. Sans témoins et flagrant délit, leur analyse «reste souvent la piste la plus prometteuse» mais particulièrement longue, jusqu’à «quelques années en fonction des données disponibles». Afin d’augmenter les chances de flagrance, Henri Kox explique également que les forces de l’ordre concentrent leur recherche sur l’enquête de séries de vols en cours

En 2022, 126 cambrioleurs ont été arrêtés et 217 auteurs présumés identifiés, contre 109 arrestations et 141 identifications en 2021. Malgré la proposition des députés de s’équiper de caméras LAPI pour améliorer ces chiffres, le ministre de la Sécurité a déclaré qu’il n’est pas actuellement prévu de se doter de ce type d’équipements. La raison invoquée est la durée nécessaire pour la création d’une base légale concernant la protection des données, la formation pour la police grand-ducale, la réflexion autour de l’emplacement des caméras ainsi que l’identification du matériel adéquat. «Ce qui en somme ne peut se faire à court ou moyen terme, si toutefois l’on venait à décider d’implémenter un tel système» conclut Henri Kox.