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Cambriolage qui tourne mal à Belair : un septuagénaire risque 22 ans de prison


Le prévenu, sexagénaire, ne souhaite pas finir ses jours en prison. Il est pourtant accusé, entre autres, de tentative de meurtre. (photo archives LQ)

Slobodan aurait mieux fait de se ranger des voitures plutôt que de commettre un cambriolage qui a mal tourné à Belair en avril 2023. Ce grand-père risque 22 ans de prison ferme.

À 69 ans, Slobodan est en détention préventive pour une tentative de meurtre qu’il aurait commise lors d’un cambriolage qui a mal tourné. Les faits ont eu lieu dans la matinée du 19 avril de l’année dernière dans un appartement de la rue Jean-Pierre-Brasseur à Luxembourg-Belair.

Le prévenu est accusé d’avoir poignardé le fils des propriétaires qui les poursuivait, lui et son complice, avec un tournevis. Le jeune homme est formel. Pourtant, deux voisins qui l’ont aidé à retenir les cambrioleurs, témoignent avoir vu le plus jeune des deux asséner les coups pour assurer leur fuite.

Un témoignage qui arrange la défense. Slobodan prétend avoir été mis K. O. après avoir reçu des coups de la part du jeune homme et ne pas avoir été en mesure de le blesser. Il voulait juste sortir de l’ascenseur où son complice et lui étaient retenus par les deux jeunes hommes et s’enfuir de l’immeuble. Quitte à abandonner leur butin derrière eux.

«J’ai esquivé un coup de tournevis dans le sternum»

Les deux hommes avaient dérobé des bijoux et de l’or pendant que le fils des propriétaires de l’appartement dormait dans sa chambre. En rentrant, sa maman s’est trouvée nez-à-nez avec les cambrioleurs. «Cela m’a pris quelques secondes pour réaliser qu’il ne s’agissait pas d’invités de mon fils ou de mon mari. L’un d’entre eux tenait un sac en tissus qui m’appartenait», a-t-elle expliqué. «Ils m’ont poussée pour sortir. Je les ai poursuivis dans la cage d’escalier en leur donnant des coups avec mon sac.»

Son fils, réveillé par ses cris, est également parti à leur poursuite avec un voisin. Ils se sont engouffrés dans la cage d’escalier puis dans l’ascenseur où les cambrioleurs ont été pris au piège. C’est à cet endroit que la majorité des violences ont eu lieu. «J’ai reçu un coup de poing, alors j’ai répliqué», raconte le jeune homme. «J’ai esquivé un coup de tournevis dans le sternum. Comme les portes de l’ascenseur se refermaient, j’ai passé mon genou gauche et mes mains pour le retenir. J’ai eu un coup de tournevis dans le genou et des coups dans les mains.» Le premier coup de tournevis lui vaudra une plaie de 15 centimètres et le témoin est formel, c’est bien Slobodan qui était à la manœuvre.

«Les risques du métier»

Le prévenu reconnaît le cambriolage, mais pas les violences, et a essayé de se poser en victime face à la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «J’ai reçu des coups et eu le nez cassé. Je ne voyais plus rien et j’étais sonné. Je ne voulais pas commettre de vol avec violences», s’est obstiné le prévenu.«Les risques du métier», selon le président.

«Votre carrière de voleur a débuté en 1983 avec un vol aggravé.» «Tous les deux ans, vous écopez d’une condamnation. Et vous venez nous dire qu’à votre âge, vous voulez reprendre votre vie en main et ne pas la finir en prison?», note le procureur qui a décidé de requérir une peine de 22 ans pour tentative de meurtre, cambriolage, association de malfaiteurs et blanchiment contre ce «professionnel» «rôdé».

Sasa Bibic, son complice présumé, court toujours avec une partie des bijoux volés. Le Serbe de 53 ans figure sur la liste des personnes les plus recherchées par Europol. Slobodan l’aurait croisé par hasard et aurait décidé de le suivre à l’intérieur de l’immeuble pour commettre le vol. «La porte était ouverte», a indiqué le prévenu aux policiers après son arrestation sur la route d’Arlon, quelques minutes après les faits.

Son avocate, Me Stoffel, a repoussé toutes les circonstances aggravantes et la plupart des accusations qui pèsent contre lui, sauf celle de cambriolage, et a plaidé en faveur de l’acquittement de son client sur ces points. «Il n’y a pas de preuve que la porte de l’appartement n’était pas ouverte», «son complice a porté les coups de tournevis», «la blessure est superficielle», «Slobodan n’avait pas de bijoux sur lui» et «rien n’était planifié ou organisé».

Pourquoi commettre ce genre de faits avec un homme âgé qui s’écroule au premier coup de poing, a interrogé l’avocate avant de demander au tribunal de réduire le quantum de la peine prononcée et de prendre l’âge de son client en considération. «Il a l’âge de la retraite et des problèmes de santé. Son risque de récidive est très faible.»

Le prononcé est fixé au 27 juin prochain.

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