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Cambriolage : le prévenu jure avoir donné ses vêtements au cambrioleur


L’histoire racontée par le prévenu pour se disculper est abracadabrantesque.  (Photo : archives lq)

Par un jeu de hasards et de coïncidences, l’auteur d’un cambriolage portait les vêtements donnés par le prévenu avant les faits. Prévenu arrêté vêtu de ces mêmes habits juste après les faits.

Toutes les excuses sont parfois bonnes pour se disculper. Même les plus tirées par les cheveux. Anderson affirme ne pas avoir commis de cambriolage dans la nuit du 21 décembre dernier dans un salon de coiffure de la rue de Strasbourg, à Luxembourg. L’auteur portait certes ses vêtements, mais il les lui avait donnés quelques heures plus tôt. «Je lui ai donné une veste bleue et un pantalon avec plein de couleurs contre mon téléphone et une boule de cocaïne», a indiqué le jeune homme de 23 ans à la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier après-midi. Grâce à ce troc, il espérait pouvoir récupérer son smartphone que l’individu lui avait, dit-il, volé la veille.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Anderson se perd lui-même en voulant semer les juges. «La police a retrouvé des objets volés sur vous», lui répond la présidente. «Plus tard dans la nuit, j’ai vu quelqu’un cacher un sac à dos à la place de Paris. C’était mon sac. Dedans, il y avait mes habits et de l’or. Je l’avais donné à quelqu’un quelques jours plus tôt», explique le prévenu. «La police m’a arrêté et m’a emmené au commissariat. J’ai dû me déshabiller pour la fouille. Ensuite, les agents m’ont obligé à mettre mes anciens vêtements pour faire les photographies au dossier.»

Les policiers auraient essayé de lui «faire porter le chapeau», «pour se faciliter le travail». Le reste ne serait que le fruit du hasard. Le policier qui l’a interpelé a pourtant été formel à la barre. Anderson portait le blouson bleu et le pantalon bariolé quand la patrouille a croisé sa route dans la rue d’Anvers quelques minutes après les faits. «Nous ne l’avons pas forcé à se changer et à porter d’autres vêtements que ceux avec lesquels il était habillé quand nous l’avons interpellé», a insisté le policier.

Confondu grâce à ses chaussures

Un témoin se souvient très bien de la tenue que portait le cambrioleur. «Les vêtements m’ont marqué.» Ils apparaissent également sur les images de vidéosurveillance du salon de coiffure. En outre, le laps de temps très court écoulé entre la commission du vol avec effraction et l’arrestation du prévenu ne lui aurait pas permis de récupérer ses anciens vêtements, comme il le raconte, et d’en changer. Sa version paraît improbable.

Un autre élément jouant en sa défaveur est son casier judiciaire bien garni de divers vols avec effraction ou violences, a noté la présidente de la chambre correctionnelle. «C’est mon passé. J’ai un passé compliqué», a déclaré Anderson avant de s’engager dans une passe d’armes avec la juge qui ne s’est pas laissée déboulonner. «Quelles chaussures portiez-vous le soir des faits?», l’interroge la magistrate. «Mes chaussures», répond le prévenu. «Vous ne les aviez pas remises à l’individu?» «Non.» «De quelle couleur étaient-elles?» «Rouge et noir.» «C’est une coïncidence! Le voleur portait les mêmes chaussures que vous!» Anderson ne sait plus quoi répondre.

La représentante du parquet enchaîne en soulignant elle aussi «ce hasard» ainsi qu’en pointant les incohérences des déclarations du jeune homme qui «ne font aucun sens». Pour elle, le dossier est suffisamment probant. Anderson est l’auteur du vol qualifié et ce n’est pas l’œuvre d’un homme mystérieux. Elle a requis une peine de 18 mois de prison ferme et une amende appropriée à son encontre.

Son avocat a plaidé en faveur de l’acquittement de son client au bénéfice du doute. Il a, pour ce faire, laissé au placard la piste des vêtements et du sac à dos prêtés à un prétendu véritable voleur qui aurait pris le temps dans sa fuite de se déshabiller, de fourrer les vêtements dont les poches contenaient des bijoux dans un sac à dos qu’il aurait ensuite abandonné dans un recoin de la place de Paris. Me Stroesser a préféré jouer sur l’absence d’ADN du prévenu sur les lieux de son présumé forfait ainsi que sur la caisse enregistreuse qu’il aurait emportée avec lui avant de l’abandonner fracturée dans l’avenue de la Liberté.

Le prononcé est fixé au 11 juillet prochain.

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