Le gouvernement luxembourgeois, en annonçant la gratuité des transports publics, a fait le buzz. Pour la capitale, le tout gratuit dès 2020, doublé du tout électrique à l’horizon 2025, est un vaste chantier à 25 millions d’euros par an.
«Les bus de ville vont partout, ils circulent dans toutes les petites rues», indique Patrick Goldschmidt. Et l’échevin en charge de la circulation et des autobus de reprendre : «C’est grâce à ce maillage serré que 40 millions de voyageurs utilisent le bus chaque année à Luxembourg.» Mais qui dit circulation dense, que ce soit boulevard Royal, place de la Liberté ou bien dans les rues adjacentes, dit «pollution et nuisances sonores».
Déjà engagée sur la voie de l’hybride depuis 2017 avec 19 véhicules de ce type sur les 143 que totalise la flotte, la Ville de Luxembourg a fait savoir qu’elle irait encore plus loin et vise, à l’horizon 2025-2026, le tout électrique. «Nous nous sommes rendu compte que les véhicules hybrides posaient des problèmes de maintenance. L’idée est d’aller progressivement vers une harmonisation et nous avons fait le choix de l’électrique plutôt que du diesel.»
Politiquement engagé pour une mobilité verte, le Luxembourg et, dans son sillage, la Ville de Luxembourg, compte aller au bout de la démarche et tourner définitivement la page des énergies fossiles. Des soumissions à l’échelle européenne ont été lancées pour l’achat de 25 bus électriques, mais l’offre encore limitée, confrontée à une forte demande, rallonge considérablement les délais. «Nous espérions en obtenir 15 fin 2019. Raisonnablement, ce sera plutôt courant 2020», poursuit Patrick Goldschmidt.
Le tout gratuit plus cher que le tout électrique
Mais le passage au tout électrique pose aussi la question de l’autonomie. Le choix de l’électromobilité implique des modifications sur le réseau, et notamment l’installation de stations de recharge. La mutation vers l’électrique va coûter, durant le déploiement, soit cinq ans environ, 10 millions d’euros par an à la Ville de Luxembourg. «Le renouvellement des bus diesel nous coûte 4 millions d’euros par an, il y aura donc un surcoût de 6 millions», précise encore l’échevin.
À cela s’ajoutera la décision du gouvernement de passer au tout gratuit pour les transports publics le 1er mars 2020, laissant la Ville de Luxembourg bien seule face à ce cadeau fort onéreux. «La gratuité va nous coûter plus cher que les bus électriques, confirme Patrick Goldschmidt. Aujourd’hui, le service de bus de ville est déficitaire, il le sera plus encore. Ce sont 15 millions d’euros de recettes en moins en 2020 qu’il va falloir compenser.» Les négociations engagées avec le gouvernement, et qui n’ont pour l’heure débouché sur aucun accord, devraient reprendre en septembre.