Les fonctionnaires et employés de l’État ont analysé le projet de budget, certes transitoire, et mettent en garde le gouvernement qui, selon eux, sème un vent de panique.
Pas de mesures d’économie «déraisonnables», avertit la Chambre des fonctionnaires et employés publics (CHFEP), en passant en revue le projet de budget. Le gouvernement ne verse pas dans l’austérité, mais va faire attention à certaines dépenses, eu égard à la situation des finances publiques dans un contexte de polycrise.
La CHFEP ne veut pas voir le gouvernement semer un vent de panique «en essayant d’aggraver la situation réelle des finances publiques». Les prévisions «purement théoriques et hypothétiques» ou le «prétendu niveau élevé de l’endettement public» ne s’y prêtent pas, et le «Solidaritéitspak 3.0» n’est pas une surprise non plus. Elle propose d’ailleurs la mise en place d’un nouveau fonds spécial de réserve destiné à financer des mesures concrètes «dans des situations de crise économique ayant un impact négatif et conséquent sur les finances publiques».
La Chambre n’a rien contre des économies, mais pas n’importe comment ni de manière disproportionnée. C’est dans le personnel et le fonctionnement des administrations étatiques que le gouvernement veut mettre un frein.
Le ministre des Finances, Gilles Roth, avait prévenu, lors de sa présentation, que les recrutements allaient baisser de cadence. «Si une réduction sensée des coûts à des endroits pertinents est parfaitement justifiée, la Chambre se montre réticente devant une réduction irrationnelle des dépenses nécessaires», écrit-elle, sensible au «bon fonctionnement» des services publics.
Elle note que le recours au recrutement d’employés ne doit se faire que «dans des circonstances exceptionnelles et pour des emplois bien définis». Il se trouve que ces dernières années, c’est plutôt l’inverse qui se produit et prévient qu’elle s’opposera «à toute tentative de privatisation des services publics», via de nouveaux établissements publics où le personnel peut être soumis au régime de droit privé et dérogatoire au droit de la fonction publique.
Dans le même ordre d’idée, elle se montre «réticente» au recrutement de personnel enseignant et non enseignant dans les écoles internationales qui n’ont pas la connaissance des trois langues officielles du pays. Ils sont d’ailleurs bien souvent employés et non pas fonctionnaires, alors que ces établissements sont des institutions publiques.
Le dos des contribuables
Les belles déclarations du ministre sur le renforcement du pouvoir d’achat des ménages ne mentionnent pas la hausse de certains impôts indirects, les accises sur le tabac d’une part, et surtout la taxe carbone, d’autre part. Les hausses des prix des énergies fossiles (carburant, gaz, mazout) résultant de la taxe carbone ne seront, en effet, pas prises en compte dans le calcul de l’indice des prix qui sert de base à l’indexation des salaires.
D’une manière générale, la Chambre s’oppose à la réalisation des réformes annoncées «sur le seul dos de la masse salariale des contribuables, personnes physiques», qui assurent déjà les trois quarts de la totalité des recettes publiques, alors que les entreprises bénéficient d’une réduction de 1 % de leur taux d’imposition.
En abordant le logement, la CHFEP ne cache pas sa déception. Mis à part l’augmentation des plafonds de diverses subventions et aides au logement, les autres dispositifs visent principalement à soutenir les investisseurs. La Chambre doute de l’efficacité des mesures décidées pour le logement, surtout pour les personnes et ménages à revenu modeste et de la classe moyenne.
La Chambre appelle le gouvernement à prendre «des décisions politiques courageuses» pour lutter contre les causes fondamentales de la crise du logement, et soutient la simplification conséquente de toutes les démarches administratives en matière de construction.
Enfin, comme le débat sur l’avenir du système des retraites s’est invité après la campagne électorale, la CHFEP prévient qu’aucune réforme, à aucun moment, ne se fera en dehors du dialogue social. Elle en profite pour rappeler que tous les scénarios catastrophe qui ont à maintes reprises été annoncés dans le passé ne se sont encore jamais produits.