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Budget agricole européen : Hansen veut rassurer les fermiers


Christophe Hansen (à d.) a livré les conclusions de son échange avec les députés, avec à ses côtés Jeff Boonen, le président de la commission de l’Agriculture.

Le commissaire européen Christophe Hansen a livré hier des détails aux députés luxembourgeois sur la baisse prévue de l’enveloppe consacrée à la politique agricole commune (PAC).

Le projet de budget pluriannuel de l’UE, pour la période 2028-2035, a suscité l’émoi dans le monde agricole. L’enveloppe réservée à la politique agricole commune (PAC) doit baisser de 387 milliards d’euros (2021-2017) à 300 milliards d’euros.

Depuis le mois de juillet, le commissaire européen du Luxembourg, Christophe Hansen, s’efforce d’expliquer au secteur et aux responsables politiques des différents États membres que la coupe assez significative n’aura pas forcément d’impact négatif.

«Pour moi, il a été important de sécuriser les fonds destinés directement aux exploitations agricoles, qui ont besoin de prévisibilité. Les 300 milliards d’euros sont un strict minimum. Il existe d’autres programmes, qui offrent aux États membres la flexibilité nécessaire pour doter l’agriculture d’un soutien financier au moins équivalent au montant qui est consacré aujourd’hui au secteur», résume Christophe Hansen.

Jeff Boonen (CSV), le président de la commission parlementaire de l’Agriculture, est venu rappeler à son collègue de parti que «le secteur agricole fait face à de nombreuses pressions, notamment en lien avec le budget agricole européen».

Lui-même agriculteur de formation, l’élu s’est dit content que les députés aient eu l’occasion d’interroger le commissaire sur l’impact de la future enveloppe consacrée à la PAC, «qui a toujours été un pilier majeur de la politique de l’UE».

La ministre de l’Agriculture, Martine Hansen, avait estimé dans notre «Interview du lundi» du 4 août dernier que sur les quelque 1 700 exploitations agricoles encore en activité au Luxembourg, 400 risquaient de toucher moins de fonds européens.

«Sur le papier, on peut avoir l’impression que le budget alloué va diminuer de 20 %. Mais il existe encore de la marge dans l’enveloppe de 200 millions d’euros attribuée au Luxembourg. L’architecture financière va changer, en misant davantage sur des incitatifs en termes d’innovation, de technologie et de durabilité. Ces aides ne sont pas plafonnées et pourront permettre de compenser d’éventuelles pertes», répond Christophe Hansen.

Un accent mis sur les jeunes agriculteurs

La Commission européenne compte établir des recommandations pour les États membres afin qu’ils touchent les nouveaux fonds, non ancrés dans le budget de base de la PAC. «Des synergies sont notamment possibles avec les budgets alloués à la politique de cohésion. De plus, de nouveaux partenariats nationaux et régionaux pourront se créer», avance le commissaire luxembourgeois.

Il précise en outre que 453 milliards d’euros du prochain cadre financier pluriannuel de l’UE, d’un total de 2 000 milliards d’euros, ne sont pas encore alloués. «Si uniquement un quart de ces fonds peuvent profiter à l’agriculture, le budget global sera supérieur à celui en vigueur», estime Christophe Hansen.

En parallèle, la Commission mise sur une simplification administrative majeure, en priorité pour les petites exploitations agricoles, et une stratégie pour le renouvellement générationnel. À l’échelle de l’UE, seulement 12 % des paysans ont moins de 40 ans. La moyenne d’âge se situe à 57 ans. Plus de 50 % des bénéficiaires de la PAC ont plus de 65 ans.

«La stratégie sera adoptée ce mardi par le collège des commissaires. Elle prévoit davantage de moyens financiers pour les jeunes agriculteurs et des recommandations pour les États membres afin de rendre le métier plus attractif», met en perspective Christophe Hansen.

D’autres initiatives sont un appui plus poussé pour la création de coopératives afin d’assurer des prix de vente suffisamment élevés, mais aussi la recherche de nouveaux partenaires commerciaux, y compris dans les pays d’Amérique du Sud. Le commissaire luxembourgeois va se retrouver à la tête d’une mission de promotion économique au Brésil à laquelle participeront 80 exploitations agricoles de l’UE, dont deux luxembourgeoises.

Pour 2026, un budget de 226 millions d’euros

Le projet de budget de l’État pour 2026 prévoit une enveloppe globale de 226 millions d’euros pour le ministère de l’Agriculture, soit moins de 1 % de l’ensemble des dépenses prévues (32,6 milliards d’euros), mais 6,8 millions d’euros de plus par rapport au budget 2025.

«L’agriculture remplit un rôle essentiel dans notre société. Les activités des viticulteurs, agriculteurs et maraîchers font partie de l’identité de nos régions et villages», soulignait le ministre des Finances, Gilles Roth, lors du dépôt de son projet.

«Notre souveraineté alimentaire nécessite une plus importante production locale», ajoutait-il. Dans ce contexte, la construction de serres pour la culture de fruits et de légumes sera soutenue avec 20 millions d’euros. Une nouveauté pour 2026 sera la levée des accises sur certains vins sans alcool afin d’encourager l’innovation dans le secteur viticole.